Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Revue archéologique — 7.1863

DOI article:
Vogüé, Melchior de: Note sur le temple de Jérusalem
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.22427#0298

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
290 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

de l'Asie ont devancé de plusieurs siècles celles de l'Attique. Personne
aujourd'hui ne conteste les larges emprunts faits par les Grecs aux
grandes individualités qui les ont précédés, mais on ne saurait nier
aussi qu'ils aient su fondre les éléments d'emprunt et les inspirations
de leur propre génie dans un tout harmonieux et profondément
original. L'art grec ainsi constitué et parfaitement distinct de ses
devanciers, est devenu à son tour créateur; plus fécond qu'eux, il a
conquis tout le monde ancien. Mais les peuples qui l'acceptaient
n'abdiquaient ni leurs traditions, ni leur religion, ni leur langue?
tout en adoptant les ordres grecs, les moulures grecques, ils les
appliquaient suivant leurs propres tendances, leurs habitudes, leurs
prescriptions hiératiques, introduisant des éléments particuliers,
modifiant le style ou les procédés d'exécution. Ainsi se sont formées
des écoles secondaires et locales, quoique procédant de types com-
muns. C'est dans ce sens qu'il y a un art judaïque, comme il y a un
art étrusque et un art romain.

En Judée, les premières importations helléniques se sont trouvées
en face d'un art local profondément imprégné d'égyptien (1), en
présence de lois qui interdisaient la reproduction des êtres animés,
de traditions qui recommandaient l'ornementation végétale et qui
donnaient sans doute à la nature des formes particulièrement con-
ventionnelles. La lutte ou plutôt l'union de ces éléments divers a
produit les compositions hybrides et le style tout particulier des tom-
beaux de Jérusalem, des substructions du temple, que nous ne
pouvons plus séparer des tombeaux. Toute cette série de monuments
se place donc pour nous dans les trois siècles qui ont précédé l'ère
chrétienne. Que si on nous objecte le mélange d'ordres qui se ren-
contre dans ces monuments, où la frise dorique se superpose aux
colonnes ioniques, où la corniche corinthienne se mêle aux triglyphes,
nous répondrons que cette confusion systématique, loin d'être pour
nous une difficulté, est au contraire une preuve à l'appui de notre
opinion; — qu'elle paraît caractériser les monuments élevés pendant
la période qui sépare les belles époques hélléniques de l'invasion du
romain officiel. De nombreux exemples ont déjà été signalés dans
des contrées fort diverses, et cbaque jour on en découvre de nou-
veaux ; il me suffira de citer en Sicile le tombeau de Théron et le
temple de Sélinonte, en Italie, le petit temple de Poestum et cer-

(1) Il en reste un intéressant exemple : c'est le petit temple égyptien de Siloam,
qui est sans contredit un des plus anciens monuments de Jérusalem.
 
Annotationen