NOTE SUR LE TEMPLE DE JÉRUSALEM.
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taines décorations de Pompéi (1) ; en Grèce, les propylées d'Eleu-
sis (2), et enfin en Palestine, le château d'Araq-el-Emir, dont j'ai eu
l'honneur de vous soumettre les dessins. Ce dernier monument est
très-important, parce qu'il est à date certaine. En effet, ainsi que je
vous l'ai démontré, il a été construit par un juif nommé Hyrcan,
mort 176 avant Jésus-Christ. Il est grec, de ce style particulier qui
caractérise les tombeaux de Jérusalem, c'est-à-dire avec des colonnes
corinthiennes, des frises doriques et des corniches ioniques. Déplus,
il est construit avec de gros blocs de cinq et six mètres de long, à
bossage peu saillant mais irrégulier, formant à l'intérieur de grandes
voûtes dans le genre de celles de l'angle du temple. Je ne prétends
pas, comme me l'a fait dire à tort la Revue archéologique (3), que ce
monument ait servi de modèle au temple de Jérusalem ; mais pour
moi il prouve sans réplique que le mélange des ordres grecs, la di-
mension des pierres et le bossage, les trois bases du système que je
combats, ne sont pas nécessairement des caractères de haute anti-
quité, puisqu'on les retrouve réunis dans un monument du ne siècle.
Enfin, il prouve que sous lesSéleucides, les Juifs, ainsi que les autres
peuples de la Syrie, avaient adopté l'architecture grecque plus ou
moins influencée par leurs habitudes antérieures.
Quoique obligé par la nature même de cette communication de
passer rapidement sur des points qui demanderaient de plus longs
développements, j'espère en avoir di-t assez pour vous faire apprécier
les bases sur lesquelles repose mon opinion. J'ai étudié le monument
lui-même, j'ai tâché d'arracher aux pierres mêmes le secret de leur
origine. Complétant ainsi les savantes recherches de M. de Saulcy par
celles que,plus favorisé que lui, j'ai pu faire à mon tour; aidé par les
lumières de mes compagnons, je suis arrivé, j'espère, à apporter les
éléments d'une solution définitive. Je crois pouvoir démontrer aussi
rigoureusement que proposition archéologique peut l'être, que l'en-
ceinte connue sous le nom de Haram-ech-Cherif est identiquement
celle du temple de Jérusalem, commencée par Salomon du côté de
l'est, continuée par ses successeurs, définitivement achevée par Hé-
rode ; — qu'aux quatre angles et sur les faces méridionale et
occidentale il reste des portions considérables de la construction
hérodienne caractérisée par le grand appareil à refends.
Si j'ai combattu l'opinion généralement admise qui attribue à Salo-
(1) Tous ces monuments sont reproduits par M. Hittorf, Archit. polychrome,
pl. ii, vi, xvii, xvni.
(2) Fr. Lenormant, Recherches à Eleusis, p. 290.
(3) Numéro du mois dernier, p. 267.
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taines décorations de Pompéi (1) ; en Grèce, les propylées d'Eleu-
sis (2), et enfin en Palestine, le château d'Araq-el-Emir, dont j'ai eu
l'honneur de vous soumettre les dessins. Ce dernier monument est
très-important, parce qu'il est à date certaine. En effet, ainsi que je
vous l'ai démontré, il a été construit par un juif nommé Hyrcan,
mort 176 avant Jésus-Christ. Il est grec, de ce style particulier qui
caractérise les tombeaux de Jérusalem, c'est-à-dire avec des colonnes
corinthiennes, des frises doriques et des corniches ioniques. Déplus,
il est construit avec de gros blocs de cinq et six mètres de long, à
bossage peu saillant mais irrégulier, formant à l'intérieur de grandes
voûtes dans le genre de celles de l'angle du temple. Je ne prétends
pas, comme me l'a fait dire à tort la Revue archéologique (3), que ce
monument ait servi de modèle au temple de Jérusalem ; mais pour
moi il prouve sans réplique que le mélange des ordres grecs, la di-
mension des pierres et le bossage, les trois bases du système que je
combats, ne sont pas nécessairement des caractères de haute anti-
quité, puisqu'on les retrouve réunis dans un monument du ne siècle.
Enfin, il prouve que sous lesSéleucides, les Juifs, ainsi que les autres
peuples de la Syrie, avaient adopté l'architecture grecque plus ou
moins influencée par leurs habitudes antérieures.
Quoique obligé par la nature même de cette communication de
passer rapidement sur des points qui demanderaient de plus longs
développements, j'espère en avoir di-t assez pour vous faire apprécier
les bases sur lesquelles repose mon opinion. J'ai étudié le monument
lui-même, j'ai tâché d'arracher aux pierres mêmes le secret de leur
origine. Complétant ainsi les savantes recherches de M. de Saulcy par
celles que,plus favorisé que lui, j'ai pu faire à mon tour; aidé par les
lumières de mes compagnons, je suis arrivé, j'espère, à apporter les
éléments d'une solution définitive. Je crois pouvoir démontrer aussi
rigoureusement que proposition archéologique peut l'être, que l'en-
ceinte connue sous le nom de Haram-ech-Cherif est identiquement
celle du temple de Jérusalem, commencée par Salomon du côté de
l'est, continuée par ses successeurs, définitivement achevée par Hé-
rode ; — qu'aux quatre angles et sur les faces méridionale et
occidentale il reste des portions considérables de la construction
hérodienne caractérisée par le grand appareil à refends.
Si j'ai combattu l'opinion généralement admise qui attribue à Salo-
(1) Tous ces monuments sont reproduits par M. Hittorf, Archit. polychrome,
pl. ii, vi, xvii, xvni.
(2) Fr. Lenormant, Recherches à Eleusis, p. 290.
(3) Numéro du mois dernier, p. 267.