NOTE SUR LE TEMPLE DE JÉRUSALEM.
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tuaires de la Thébaïde. Or le style des monuments des xxe et xxie dy-
nasties est aujourd'hui bien connu; en l'appliquant aux détails
donnés par les livres saints, aux motifs de décoration propres au
génie judaïque ou aux prescriptions mosaïques, nous pouvons nous
faire une idée assez exacte de la physionomie du temple primitif. Or,
je le demande, ce que nous voyons à Jérusalem est-il conforme à
cette idée? Où trouvons-nous en Égypte, à cette époque, des appareils
à bossages ou à refends, des feuillages traités comme ceux du cha-
piteau de la double porte (ou ceux des palmettes du tombeau des
rois, qui sont identiques), des moulures composées de doucines,
talons, baguettes, etc., etc., des colonnes ou fractions de colonnes
engagées dans des pilastres ou des murs? Quant à ce dernier détail,
il est caractéristique, car il n'appartient à aucune architecture pri-
mitive; c'est par un raffinement relativement moderne que l'on a
fait servir à la décoration d'une surface et par voie de placage, un
membre qui, dans la conception première des architectes, est et n'a
pu être qu'un support isolé.
Ainsi, ce n'est pas en Egypte qu'il faut aller chercher des analogies
de style avec les substructions du Haram.
Où donc les trouverons-nous? En Grèce et dansious les pays qui
ont subi l'influence des arts helléniques. Gela nous suffit pour placer
leur date pendant la période grecque de l'histoire de Syrie. -A cela
on objecte que le style, jusqu'à présent considéré comme grec, au
lieu d'avoir été emprunté par les Juifs aux Grecs, peut aussi bien
avoir été emprunté aux Juifs par les Grecs. Quelque étrange au pre-
mier abord que paraisse cet emprunt, fait par le peuple le plus artiste
que l'humanité ait jamais produit au peuple le moins artiste de la
terre, j'accepterais cette proposition si elle était démontrée, mais il
faut qu'elle soit rigoureusement démontrée. L'art grec a, comme on
dit en jurisprudence, la possession de certaines formes parfaitement
définies : ce n'est pas à lui à se défendre, c'est à ceux qui l'atta-
quent de prouver qu'elles se rencontrent dans des monuments non
grecs, à date certaine, plus anciens que les plus anciens temples
de la Grèce ou de la Sicile. Jusqu'à ce que cette preuve ait été
fournie, et elle ne l'a pas encore été, partout où nous rencontrerons
ces formes, nous dirons et nous serons en droit de dire qu'elles dé-
notent une importation hellénique.
Est-ce à dire pour cela que je veuille placer en Grèce l'origine de
tous les arts? Loin de moi cette pensée.
L'art grec est le dernier venu des arts antiques : la Grèce était à
peine née quand l'Egypte terminait son rôle, et les puissantes écoles
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tuaires de la Thébaïde. Or le style des monuments des xxe et xxie dy-
nasties est aujourd'hui bien connu; en l'appliquant aux détails
donnés par les livres saints, aux motifs de décoration propres au
génie judaïque ou aux prescriptions mosaïques, nous pouvons nous
faire une idée assez exacte de la physionomie du temple primitif. Or,
je le demande, ce que nous voyons à Jérusalem est-il conforme à
cette idée? Où trouvons-nous en Égypte, à cette époque, des appareils
à bossages ou à refends, des feuillages traités comme ceux du cha-
piteau de la double porte (ou ceux des palmettes du tombeau des
rois, qui sont identiques), des moulures composées de doucines,
talons, baguettes, etc., etc., des colonnes ou fractions de colonnes
engagées dans des pilastres ou des murs? Quant à ce dernier détail,
il est caractéristique, car il n'appartient à aucune architecture pri-
mitive; c'est par un raffinement relativement moderne que l'on a
fait servir à la décoration d'une surface et par voie de placage, un
membre qui, dans la conception première des architectes, est et n'a
pu être qu'un support isolé.
Ainsi, ce n'est pas en Egypte qu'il faut aller chercher des analogies
de style avec les substructions du Haram.
Où donc les trouverons-nous? En Grèce et dansious les pays qui
ont subi l'influence des arts helléniques. Gela nous suffit pour placer
leur date pendant la période grecque de l'histoire de Syrie. -A cela
on objecte que le style, jusqu'à présent considéré comme grec, au
lieu d'avoir été emprunté par les Juifs aux Grecs, peut aussi bien
avoir été emprunté aux Juifs par les Grecs. Quelque étrange au pre-
mier abord que paraisse cet emprunt, fait par le peuple le plus artiste
que l'humanité ait jamais produit au peuple le moins artiste de la
terre, j'accepterais cette proposition si elle était démontrée, mais il
faut qu'elle soit rigoureusement démontrée. L'art grec a, comme on
dit en jurisprudence, la possession de certaines formes parfaitement
définies : ce n'est pas à lui à se défendre, c'est à ceux qui l'atta-
quent de prouver qu'elles se rencontrent dans des monuments non
grecs, à date certaine, plus anciens que les plus anciens temples
de la Grèce ou de la Sicile. Jusqu'à ce que cette preuve ait été
fournie, et elle ne l'a pas encore été, partout où nous rencontrerons
ces formes, nous dirons et nous serons en droit de dire qu'elles dé-
notent une importation hellénique.
Est-ce à dire pour cela que je veuille placer en Grèce l'origine de
tous les arts? Loin de moi cette pensée.
L'art grec est le dernier venu des arts antiques : la Grèce était à
peine née quand l'Egypte terminait son rôle, et les puissantes écoles