LA FOUDRE ET LE FEU SAINT-ELME DANS L’ANTIQUITÉ. 125
par les Grecs (1), depuis Marseille, la Sicile et la Grande Grèce, non-seu-
lement jusqu’à Sinope sur le Pont-Euxin, jusqu’en Eygpte et jusque dans
l’empire des Séleucides, mais jusqu’en Bactriane; elle était représentée
aussi sur des médailles d’Albe dans le Latium, de Falérie en Etrurie, sur
des médailles romaines des deux derniers siècles de la république et sur
des médailles d’empereurs romains, sur des médailles desCatalauni dans les
Gaules et de Carteia en Espagne (2). A Séleucie de Syrie, la foudre était
même adorée comme une divinité, dont le culte avait été institué par le
fondateur de cette ville, Seleucus Nicator (3), et voilà pourquoi, parmi les
médailles de Séleucie sur lesquelles la foudre est représentée, quelques-
unes la montrent posée sur un autel (4). Certains prêtres de Séleucie se
nommaient porte-foudres (xepauvoçopoi) (5), parce que sans doute ils por-
taient dans des cérémonies une image de la foudre. Dans toutes les contrées
où la religion grecque avait pénétré, elle plaçait la foudre dans la main
du maître des dieux; mais elle la mettait quelquefois aussi dans les mains
de huit ou neuf autres divinités, comme des monuments de l’art le prou-
vent (6). Les Etrusques admettaient que neuf divinités pouvaient lalancer (7).
Suivant la religion romaine, les foudres de jour venaient de Jupiter;
celles de nuit venaient de Summanus, c’est-à-dire de Pluton (8). Les
Romains avaient appris des Etrusques que la foudre annonce l’avenir des
individus et des nations, et cette superstition avait beaucoup contribué à
amener une observation attentive des circonstances de sa chute (9).
D’un autre côté, la philosophie grecque osa tenter d’expliquer par des
(1) Par exemple, sur des médailles d’Olympie, d’Elis, de Thessalie, des rois de
Macédoine et d’Epire, des Ptolémées, des Séleucides et des rois grecs de la Bactriane,
de Syracuse et de Messine en Sicile, d’Héraclée et du Brutium dans la grande Grèce
et de la colonie phocéenne de Marseille. Voyez ci-après, Appendice, § 41-55.
(2) Voyez Appendice, § 41-55.
(3) Appien, Affaires de Syrie, ch. 58.
(4) Pellerin, Médailles de villes et de peuples, t. 2, pl. LXXX, nos 67, 68 et 69.
M. Schweigger (Einleitung in die Mythologie, p. 170 et 207) signale d'autres mé-
dailles de Séleucie où la foudre est représentée aussi sur un autel et qui ont été
publiées par Ezéchiel Spannhein, De usu et prœstantia numismatum antiquorum, et
par André Morell, Specimen universœ rei nummariæ antiquæ. Il reproduit (fig. 21)
une figure de la foudre sur un autel d’après une pierre gravée du Musée de Stosch.
Une contrée de l’Arcadie rendait aussi un culte aux éclairs et aux tonnerres. Voyez
Pausanias, VIII, 29, § 1.
(5) Voyez le Corpus inscripiionum grœcarum, n° 4458, t. 3, p. 215. Comparez
Borghesi, Œuvres numismaliques, Décade XIII, Obs. I, t. 2, p. 87-88.
(6) Winckelmann, Hist. de l'art chez les anciens, t. 1, ch. 3, lre section, § 2, n° 3,
p. 149-150 de la trad. fr. (Paris, 1766, in-8).
(7) Voyez ci-après, lre partie, § 12.
(8) Voyez ci-après, lrc partie, § 12. Comparez Burmann, De Jove fulgeratore, et
Bulengerus, lib. V, de terrœmotu et fulminibus, dans Grævius, Thés. ant. rom.,
t. V, p. 522-528.
(9) Voyez ci-après, 3e partie, § 40.
par les Grecs (1), depuis Marseille, la Sicile et la Grande Grèce, non-seu-
lement jusqu’à Sinope sur le Pont-Euxin, jusqu’en Eygpte et jusque dans
l’empire des Séleucides, mais jusqu’en Bactriane; elle était représentée
aussi sur des médailles d’Albe dans le Latium, de Falérie en Etrurie, sur
des médailles romaines des deux derniers siècles de la république et sur
des médailles d’empereurs romains, sur des médailles desCatalauni dans les
Gaules et de Carteia en Espagne (2). A Séleucie de Syrie, la foudre était
même adorée comme une divinité, dont le culte avait été institué par le
fondateur de cette ville, Seleucus Nicator (3), et voilà pourquoi, parmi les
médailles de Séleucie sur lesquelles la foudre est représentée, quelques-
unes la montrent posée sur un autel (4). Certains prêtres de Séleucie se
nommaient porte-foudres (xepauvoçopoi) (5), parce que sans doute ils por-
taient dans des cérémonies une image de la foudre. Dans toutes les contrées
où la religion grecque avait pénétré, elle plaçait la foudre dans la main
du maître des dieux; mais elle la mettait quelquefois aussi dans les mains
de huit ou neuf autres divinités, comme des monuments de l’art le prou-
vent (6). Les Etrusques admettaient que neuf divinités pouvaient lalancer (7).
Suivant la religion romaine, les foudres de jour venaient de Jupiter;
celles de nuit venaient de Summanus, c’est-à-dire de Pluton (8). Les
Romains avaient appris des Etrusques que la foudre annonce l’avenir des
individus et des nations, et cette superstition avait beaucoup contribué à
amener une observation attentive des circonstances de sa chute (9).
D’un autre côté, la philosophie grecque osa tenter d’expliquer par des
(1) Par exemple, sur des médailles d’Olympie, d’Elis, de Thessalie, des rois de
Macédoine et d’Epire, des Ptolémées, des Séleucides et des rois grecs de la Bactriane,
de Syracuse et de Messine en Sicile, d’Héraclée et du Brutium dans la grande Grèce
et de la colonie phocéenne de Marseille. Voyez ci-après, Appendice, § 41-55.
(2) Voyez Appendice, § 41-55.
(3) Appien, Affaires de Syrie, ch. 58.
(4) Pellerin, Médailles de villes et de peuples, t. 2, pl. LXXX, nos 67, 68 et 69.
M. Schweigger (Einleitung in die Mythologie, p. 170 et 207) signale d'autres mé-
dailles de Séleucie où la foudre est représentée aussi sur un autel et qui ont été
publiées par Ezéchiel Spannhein, De usu et prœstantia numismatum antiquorum, et
par André Morell, Specimen universœ rei nummariæ antiquæ. Il reproduit (fig. 21)
une figure de la foudre sur un autel d’après une pierre gravée du Musée de Stosch.
Une contrée de l’Arcadie rendait aussi un culte aux éclairs et aux tonnerres. Voyez
Pausanias, VIII, 29, § 1.
(5) Voyez le Corpus inscripiionum grœcarum, n° 4458, t. 3, p. 215. Comparez
Borghesi, Œuvres numismaliques, Décade XIII, Obs. I, t. 2, p. 87-88.
(6) Winckelmann, Hist. de l'art chez les anciens, t. 1, ch. 3, lre section, § 2, n° 3,
p. 149-150 de la trad. fr. (Paris, 1766, in-8).
(7) Voyez ci-après, lre partie, § 12.
(8) Voyez ci-après, lrc partie, § 12. Comparez Burmann, De Jove fulgeratore, et
Bulengerus, lib. V, de terrœmotu et fulminibus, dans Grævius, Thés. ant. rom.,
t. V, p. 522-528.
(9) Voyez ci-après, 3e partie, § 40.