BIBLIOGRAPHIE
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chambre inférieure presque entièrement remplie de débris de maçonnerie. Il y
a un peu plus de trois siècles, lors de la construction de la basilique actuelle,
un éboulement laissa entrevoir dans cette chambre un escalier y accédant et
même, à ce que l’on assure, la croix d’or placée par Constantin sur le sarco-
phage de Saint-Pierre. Clément VIII se rendit sur les lieux en compagnie du
cardinal Bellarmin. Craignant, après tant de siècles, de ne trouver qu’un cer-
cueil vide, il fit combler l’orifice en y jetant des matériaux. Cet escalier aurait
abouti d’autre part dans une petite chapelle dite du Salvatorino, tout à fait à
l’ouest du fer a cheval. Au cours de ces dernières années, il a été plus d’une
fois question de déblayer cet escalier, dont l’entrée aurait été murée en 846,
lors d’une attaque de pirates normands.
Tant que le tombeau lui-même n’aura pu être examiné, il est oiseux d’en
discuter l’âge; s’il est certain que le corps du saint fut transporté, vers l’an
300, de la Platonia au \7atican, un certain nombre de critiques, y compris
M. Guignebert, se demandent s’il fut jamais, vers 260, transféré du Vatican à
la Platonia et si cette dernière n’aurait pas été la tombe originelle de l’Apôtre.
Les textes sont peu clairs, ils sont même contradictoires ; il nous paraît cepen-
dant bien manifeste qu’ils placent en 258 la déposition du corps à la Platonia.
Où se serait-il trouvé auparavant, sinon au Vatican ?
Du lieu de sépulture des premiers papes il y a peu de chose à tirer : nous
savons par leurs épitaphes que les papes du 111e siècle furent enterrés sur la
Voie Appienne. De ce que nous ignorons où l’on ensevelit ceux du Ier et du ne,
il serait téméraire de conclure qu’ils furent enterrés ailleurs. Il existe, à vrai
dire, une indication curieuse sur le tombeau de Linus, successeur de saint
Pierre. M. Guignebert cite, d’après M. Marucchi, «une inscription avec le nom
de LINVS qui devait être, au jugement de M. De Rossi, celle du pape Saint-
Lin » M. Guignebert ajoute pour tout commentaire : « Les jugements de M. De
Rossi ont souvent besoin d’être révisés. » Si M. Guignebert s’était reporté
aux Inscriptiones Christlanaei de l’illustre explorateur des Catacombes, il aurait
vu qu’en l’espèce son jugement n’avait besoin d’aucune révision. De Rossi a
retrouvé, en effet, dans le livre manuscrit de Turrigius sur la Basilique Vati-
cane, le récit exact d’un témoin oculaire, racontant comment, en 1615, on
découvrit au pied de la confession une plaque de marbre, recouvrant un sarco-
phage et portant, outre le nom LINVS, des mots illisibles. Comme le fait juste-
ment observer De Rossi, avec une prudence à laquelle M. Guignebert rendra
certainement hommage, il ne s'agissait peut-être que d’une inscription païenne
où figurait un anul LINVS, un catul LINVS ou un aqui LINVS; mais il est
aussi possible que ce fût l’épitaphe de saint Lin. Parmi tant de Papes ense-
velis au Vatican, saint Lin et saint Xyste, en effet, sont les deux seuls dont
on ait distribué au Moyen-âge des reliques; le fait est attesté, pour l’année
822, par Raban Maur. C’est précisémeùt l’époque où Pascal I élevait un autel
à Xyste II, à l’endroit même où, huit sièclesplus tard, Turrigius crut retrouver
le sarcophage de Linus. N’y a-t-il pas là autre chose qu’une simple coïncidence?
1. Inscr. Christ. Vrbis Romae, t. Il, p. 237.
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chambre inférieure presque entièrement remplie de débris de maçonnerie. Il y
a un peu plus de trois siècles, lors de la construction de la basilique actuelle,
un éboulement laissa entrevoir dans cette chambre un escalier y accédant et
même, à ce que l’on assure, la croix d’or placée par Constantin sur le sarco-
phage de Saint-Pierre. Clément VIII se rendit sur les lieux en compagnie du
cardinal Bellarmin. Craignant, après tant de siècles, de ne trouver qu’un cer-
cueil vide, il fit combler l’orifice en y jetant des matériaux. Cet escalier aurait
abouti d’autre part dans une petite chapelle dite du Salvatorino, tout à fait à
l’ouest du fer a cheval. Au cours de ces dernières années, il a été plus d’une
fois question de déblayer cet escalier, dont l’entrée aurait été murée en 846,
lors d’une attaque de pirates normands.
Tant que le tombeau lui-même n’aura pu être examiné, il est oiseux d’en
discuter l’âge; s’il est certain que le corps du saint fut transporté, vers l’an
300, de la Platonia au \7atican, un certain nombre de critiques, y compris
M. Guignebert, se demandent s’il fut jamais, vers 260, transféré du Vatican à
la Platonia et si cette dernière n’aurait pas été la tombe originelle de l’Apôtre.
Les textes sont peu clairs, ils sont même contradictoires ; il nous paraît cepen-
dant bien manifeste qu’ils placent en 258 la déposition du corps à la Platonia.
Où se serait-il trouvé auparavant, sinon au Vatican ?
Du lieu de sépulture des premiers papes il y a peu de chose à tirer : nous
savons par leurs épitaphes que les papes du 111e siècle furent enterrés sur la
Voie Appienne. De ce que nous ignorons où l’on ensevelit ceux du Ier et du ne,
il serait téméraire de conclure qu’ils furent enterrés ailleurs. Il existe, à vrai
dire, une indication curieuse sur le tombeau de Linus, successeur de saint
Pierre. M. Guignebert cite, d’après M. Marucchi, «une inscription avec le nom
de LINVS qui devait être, au jugement de M. De Rossi, celle du pape Saint-
Lin » M. Guignebert ajoute pour tout commentaire : « Les jugements de M. De
Rossi ont souvent besoin d’être révisés. » Si M. Guignebert s’était reporté
aux Inscriptiones Christlanaei de l’illustre explorateur des Catacombes, il aurait
vu qu’en l’espèce son jugement n’avait besoin d’aucune révision. De Rossi a
retrouvé, en effet, dans le livre manuscrit de Turrigius sur la Basilique Vati-
cane, le récit exact d’un témoin oculaire, racontant comment, en 1615, on
découvrit au pied de la confession une plaque de marbre, recouvrant un sarco-
phage et portant, outre le nom LINVS, des mots illisibles. Comme le fait juste-
ment observer De Rossi, avec une prudence à laquelle M. Guignebert rendra
certainement hommage, il ne s'agissait peut-être que d’une inscription païenne
où figurait un anul LINVS, un catul LINVS ou un aqui LINVS; mais il est
aussi possible que ce fût l’épitaphe de saint Lin. Parmi tant de Papes ense-
velis au Vatican, saint Lin et saint Xyste, en effet, sont les deux seuls dont
on ait distribué au Moyen-âge des reliques; le fait est attesté, pour l’année
822, par Raban Maur. C’est précisémeùt l’époque où Pascal I élevait un autel
à Xyste II, à l’endroit même où, huit sièclesplus tard, Turrigius crut retrouver
le sarcophage de Linus. N’y a-t-il pas là autre chose qu’une simple coïncidence?
1. Inscr. Christ. Vrbis Romae, t. Il, p. 237.