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Revue archéologique — Ser. 5: 15.1922

DOI article:
Carcopino, Jérôme: Le tombeau de lambiridi et l'hermétisme africain
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.70328#0244
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234 REVUE ARCHÉOLOGIQUE
manifeste une autre dans l’épitaphe de Lectoure que j ai déjà
transcrite: Non fin, fin, memini, nonsum, non euro1 2 3. L’affirma-
tion memùn, incluse au milieu de cette phrase d’apparence
négatrice, a dérouté les commentateurs. Plus d’un a proposé de
rétablir non devant memini : « je n’étais pas, j’ai été, je ne me
souviens plus, cela m’est égal ». Mais M. Louis Havet a pensé
que, dans son état actuel, le texte permettait seulement de
remonter au vers dont il est sorti et qu’il a brisé : non fui,
fui, si memini, non desidero*. Or, avec la filiation qu’il a ainsi
établie, nous ne saurions plus nous contenter de la négation
banale dont une interprétation paresseuse, hypnotisée par des
analogies épigraphiques incontestables1, ne croyait pas pouvoir
s'affranchir. Nous n’avons plus le choix qu’entre deux traduc-
tions. Ou bien : « je n’étais pas, j’ai été. s’il me souvient », ce qui
est une affirmation dubitative ; ou bien : « je n’étais pas, j’ai été,
je me souviens », ce qui est une affirmation pure et simple.
Les deux rédactions rejettent, à la mode des Épicuriens, l’immor-
talité individuelle, puisqu’elles ajoutent : « non sum, — je ne suis
plus ». Pour le reste, la leçon primitive aide à comprendre
la leçon dérivée; dans l’intervalle de lune à l’autre, l’hésitation a
fait place à l’assurance. Toutes deux admettent un espoir spiri-
tualiste, la plus ancienne avec le doute, la plus récente avec la
certitude que, dans sa persistance au delà de la mort, l’âme
garde conscience de sa vie d’ici-bas. En sorte que, même si le
texte de Lectoure est fautif et trahit la version dont il est issu,
il recouvre toujours, sous le poncif épicurien qu’il a adapté aux
secrètes pensées de son auteur, la notion mystique d’une sur-
1. C. I. L., XIII, 530. Cf. supra, p. 230, n. 4.
2. Cf. les tentatives d’interprétation auxquelles ce texte a donné lieu dans
Espérandieu, Les inscriptions de Lectoure, ^uch, 1892, p. 72 et suiv,
\1. L. Havet a reconstitue le vers primitif dans un article de la Revue de Philo-
logie, 18'.*6, p. 102.
3. Cf. les formules : oùz oïoa ovx e’ip.1 et non sum nescio, citées plus haut ; et
la formule, restituée aussi par M. Havet, d’après C. I. L , V, 1939 = XI, 6545 :
Aon fatras, non es, nescis, non ptrtinel ad te [Revue de Philologie, 1896,
n. 10?)
 
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