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https://doi.org/10.11588/diglit.944#0006
TEMPLE DE PRIENE. 3
pas mériter attention. Aujourd'hui plusieurs de ces marbres n'existent
plus.
Les fouilles de M. Pullan ont, en effet, comme cela est inévitable dans les
pays soumis à la domination ottomane, hâté la destruction de l'édifice
qu'elles avaient rendu au jour. Lors du départ de l'habile explorateur, les
parties basses du temple étaient entièrement à nu et dans un état presque
parfait de conservation. Mais à peine se fut-il éloigné que les maçons du
villag-e grec de Kélébech, situé à une demi-heure à l'est de Priène, s'instal-
lèrent au milieu des ruines et commencèrent à fendre en pierres tombales
et en marches d'escalier ces beaux marbres dont l'enfouissement avait
conservé la blancheur et le poli. La destruction n'eût toutefois marché
qu'avec lenteur si un événement des plus inattendus et des plus singuliers
ne fût venu la précipiter. Au mois d'avril 1870, M. A. Oakley Glarke, indus-
triel anglais établi à Sokhia, fit une visite à Priène, en compagnie de sa
femme et de sa nièce. En entrant dans le temple, il remarqua que le pié-
destal de la statue d'Athénè, trouvé en place par M. Pullan, et avec ses
assises inférieures intactes, avait été tout bouleversé. Il s'approcha pour
constater l'étendue du dégât, et, pendant qu'il considérait avec tristesse
les blocs brisés et dispersés, il aperçut tout à coupa ses pieds une monnaie
antique recouverte de terre. Il la prit, la nettoya, reconnut qu'elle était
d'argent, et y lut le nom du roi Orophernès. Il venait en effet de mettre la
main sur un tétradrachme fleur de coin, première pièce connue d'Oro-
phernèsll,fils adoptif d'Ariarathe IV et proclamé roi deCappadoce en 158(1).
L'idée lui vint alors qu'il pourrait se trouver d'autres monnaies semblables
sous les quatre derniers blocs du piédestal qui fussent encore en place.
Avec l'aide de deux maçons grecs qui travaillaient auprès de là, il souleva
ces blocs, et sous les deux premiers découvrit en effet deux nouveaux tétra-
drachmes du même type, sous le troisième un anneau d'or orné d'un
grenat, sous le quatrième une feuille d'olivier en or : ces divers objets étaient
placés dans de petits trous creusés pour les recevoir. M. Clarke continua
encore quelque temps ses recherches, avec l'assistance des deux dames qui
(1) A son avènement, Orophernès avait confié 400 talents en dépôt aux Priéniens.
Ariarathe V, l'ayant chassé de son royaume avec l'appui des Romains et d'Attale II,
réclama cette somme. Les Priéniens refusèrent de la lui remettre, soutinrent contre lui el
Attale une guerre très dure, et, finalement, rendirent l'argent intact à Orophernès, sans
demander aucune indemnité pour les pertes qu'ils avaient subies. C'est, soit au moment du
dépôt, soit lors de sa restitution, qu'Orophernès consacra la statue d'Athénè, et fit mettre
sous le piédestal quelques pièces à son nom.
pas mériter attention. Aujourd'hui plusieurs de ces marbres n'existent
plus.
Les fouilles de M. Pullan ont, en effet, comme cela est inévitable dans les
pays soumis à la domination ottomane, hâté la destruction de l'édifice
qu'elles avaient rendu au jour. Lors du départ de l'habile explorateur, les
parties basses du temple étaient entièrement à nu et dans un état presque
parfait de conservation. Mais à peine se fut-il éloigné que les maçons du
villag-e grec de Kélébech, situé à une demi-heure à l'est de Priène, s'instal-
lèrent au milieu des ruines et commencèrent à fendre en pierres tombales
et en marches d'escalier ces beaux marbres dont l'enfouissement avait
conservé la blancheur et le poli. La destruction n'eût toutefois marché
qu'avec lenteur si un événement des plus inattendus et des plus singuliers
ne fût venu la précipiter. Au mois d'avril 1870, M. A. Oakley Glarke, indus-
triel anglais établi à Sokhia, fit une visite à Priène, en compagnie de sa
femme et de sa nièce. En entrant dans le temple, il remarqua que le pié-
destal de la statue d'Athénè, trouvé en place par M. Pullan, et avec ses
assises inférieures intactes, avait été tout bouleversé. Il s'approcha pour
constater l'étendue du dégât, et, pendant qu'il considérait avec tristesse
les blocs brisés et dispersés, il aperçut tout à coupa ses pieds une monnaie
antique recouverte de terre. Il la prit, la nettoya, reconnut qu'elle était
d'argent, et y lut le nom du roi Orophernès. Il venait en effet de mettre la
main sur un tétradrachme fleur de coin, première pièce connue d'Oro-
phernèsll,fils adoptif d'Ariarathe IV et proclamé roi deCappadoce en 158(1).
L'idée lui vint alors qu'il pourrait se trouver d'autres monnaies semblables
sous les quatre derniers blocs du piédestal qui fussent encore en place.
Avec l'aide de deux maçons grecs qui travaillaient auprès de là, il souleva
ces blocs, et sous les deux premiers découvrit en effet deux nouveaux tétra-
drachmes du même type, sous le troisième un anneau d'or orné d'un
grenat, sous le quatrième une feuille d'olivier en or : ces divers objets étaient
placés dans de petits trous creusés pour les recevoir. M. Clarke continua
encore quelque temps ses recherches, avec l'assistance des deux dames qui
(1) A son avènement, Orophernès avait confié 400 talents en dépôt aux Priéniens.
Ariarathe V, l'ayant chassé de son royaume avec l'appui des Romains et d'Attale II,
réclama cette somme. Les Priéniens refusèrent de la lui remettre, soutinrent contre lui el
Attale une guerre très dure, et, finalement, rendirent l'argent intact à Orophernès, sans
demander aucune indemnité pour les pertes qu'ils avaient subies. C'est, soit au moment du
dépôt, soit lors de sa restitution, qu'Orophernès consacra la statue d'Athénè, et fit mettre
sous le piédestal quelques pièces à son nom.