Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

lance assez éloignée, pour permettre à une population de
s'y établir et de s'y maintenir.

Un état de choses si anormal n'a pas toujours existé, et
il est intéressant de rechercher les circonstances qui l'ont
amené. Or, les investigations et les études que j'ai faites
sur les lieux, m'ont fourni des données positives sur l'affec-
tation des terrains qui entourent Gigeili, pendant les
siècles qui ont précédé et suivi l'occupation génoise.

Sous la domination romaine, Gigeili s'élfndait le long
de la mer, sur une partie des emplacements de la nou-
velle ville. Les pierres de taille, les nombreux tronçons
de colonnes, les vastes mosaïques et les ruines de toute
nature que les déblais, à un mètre du sol actuel, nous
révèlent aujourd'hui, constatent, à ne pas en douter, que
si les Romains occupaient la presqu'île, ils avaient aussi
des établissements fort importants dans la petite plaine,
surtout dans la partie qui avoisine la mer ; plus loin', et
en remontant vers le coteau des blockaus, c'étaient des
gradins et des maisons de plaisance. Au moment de la
décadence de la domination romaine, et pendant les
guerres des peuples berbères avec les troupes byzantines,
les Vandales et les Arabes, il est difficile de dire ce que
devinrent les environs de Gigeili; ils durent subir le sort
de toutes les terres conquises, et passer alternativement
des vaincus aux vainqueurs.

Pendant ce temps, où le torrent envahisseur avait à
lutter et contre les dominateurs, et contre le peuple in-
digène, qui tantôt servait et tantôt combattait ses anciens
maîtres dont le joug lui était odieux, nulle domination
ne s'établit d'une manière durable, et la propriété du
sol resta suspendue au sort des armes.