Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

un moment de danger, ont péri d'une manière tragi-
que.

Pour ne pas entrer dans tous les détails que les lolba
racontent avec un sérieux imperturbable, je me bornerai
à rapporter seulement l'origine du surnom de Bou-Maïat-
Naga, donné au marabout depuis un demi-siècle environ.
Tchaker, bey de Conslantine, ayant châtié; quelques tribus
de l'ouest, s'empara de nombreux troupeaux de chameaux,
qu'il dirigea sur Constantine, sous la conduite d'un nommé
Dernali, kaïd el-azaïb. Gela se passait à l'époque des fortes
chaleurs de l'été. Lorsque la caravane arriva aux environs
de Mila, son chef ordonna de faire une halle sous les
arbres qui environnent la petite ville. Tous les chameaux,
livrés à eux mêmes pendant que leurs gardiens dormaient
à l'ombre, entrèrent dans les jardins et y causèrent de
grands dégâts; les plantations qui entourent la zaouïa ne
furent pas plus ménagées que le reste de l'oasis. Toul-
à-coup, un bruit épouvantable, plus éclatant que la déto-
nation de cent canons, se fit entendre. C'était le mara-
bout, qui manifestait son mécontentement du peu de
respect qu'on avait pour son sépulcre. Les chameaux,
effrayés et voulant fuir, se heurtèrent les uns contre les
autres. Enfin, cent d'entre eux tombèrent comme fou-
droyés. Le kaïd el-azaïb était au désespoir, car il re-
doutait moins la colère du marabout que celle du bey,
qui n'aurait pas manqué de le punir de sa négligence.
Sollicité par les lolba de la zaouïa, qui lui offrirent d'in-
tervenir en sa faveur auprès do son maître, il promit
d'offrir une belle mule toute hanarchôe, si cette grâce
lui était accordée. Le bey pardonna, en effet; mais Der-
nali oublia sa promesse; aussi, rapporte la légende, ne