Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

jusqu'au cordon, ou en faisant une chemise de pierre en
dedans du côté des ennemis. Il me répondit que, quant au
canon, ils n'en avaient que de méchantes pièces, lesquelles
ne faisaient que blanchir, et que les expédients de la
fortifier éiaient trop longs, étant inutiles auprès dudit
sieur de Clairville. Je priai M. de Gadagne d'assembler
un conseil de guerre particulier pour faire résoudre la
chose, ce qu'il fil; et après l'avoir déclarée en la présence
de M. l'intendant, de MM. de la Guillolière et, de Meilli
qui s'y rencontrèrent, et de moi, M. de Clairville les paya
des mêmes raisons, attribua à faiblesse l'empressement
qu'on avait de travailler, et dit qu'il fallait ménager la
bourse de Votre Majesté, l'employer à des choses plus
utiles, et que c'était son affaire par la confiance qu'elle
avait en lui. Mais que son sentiment était de faire une
nouvelle redoute entre le marabout et Picardie, et
un petit travail pour favoriser la retraite de la cavale-
rie.

» Cependant, plusieurs officiers de l'armée, qui se plai-
gnaient hautement de ses discours et de sa négligence,
ayant su le résultat du conseil et les raisons de M. de
Clairville, s'offrirent de faire travailler les soldats pour
rien, et M. de Pierre fit, entre autres, fortifier sa ligne,
et moi je voulus, avec les volontaires et quelques soldats,
entreprendre la traverse à mes dépens. Mais M. de Clair-
ville dit que c'était inspirer la peur aux soldais, qui croi-
raient être trop exposés dans leurs retranchements si on
les Taisait travailler de nouveau; en outre, qu'ils étaient
trop fatigués; que, pour la traverse, il en aurait soin;
enfin, son opiniâtreté fut si grande, quoique je le pressasse
au dernier point, qu'il ne fut pas possible de faire tra-