Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

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pèrent avec des cailloux les doigts de madame de Bourk
pour avoir ses bagues, craignant de profaner leurs
couteaux s'ils les appliquaient sur les corps des chrétiens...
Le bey de Constantine fit réclamer les prisonniers, me-
naçant, si on ne les lui remettait pas, d'aller les chercher
avec son camp. A quoi les Maures kabiles répondirent
« qu'ils ne craignaient ni lui ni son camp, quand il serait
joint à celui d'Alger. » Ces Maures ne reconnaissaient pas
la puissance d'Alger; quoique enclavés dans le royaume
et, naturellement du nombre des sujets, ils vivent dans
l'indépendance sous le nom de Cabaïls.

» Mademoiselle de Bourk fit parvenir quatre lettres
successives à M. Dusault, consul de France a Alger. Le
dey donna des lettres de recommandation pour le mara-
bout de Bougie, qui furent portées par l'interprète du
consulat. Le marabout de Bougie et celui de Gigelli mon-
tèrent à cheval et prirent la route des montagnes, qui
étaient à cinq ou six journées de marche de Bougie.

s Le cheikh de Koucou, chez qui les Kabiles avaient,
conduit les prisonniers trois semaines après leur naufrage,
consentait bien à la liberté des quatre domestiques; mais
il voulait absolument retenir mademoiselle de Bourk,
qu'il destinait pour épouse à son fils âgé de quatorze ans,
— disant tjue son fils n'était pas indigne d'elle, et que
quand elle serait fille du roi de France, son fils la valait
bien, étant né du roi des montagnes 1). — Enfin, la re-

(I) La famille religieuse des Ben-el-Kadi, dont nous avons indiqué plus
haut le rôle important à l'époque de la conquête de l'Algérie par les
frères Barberousse, exerçait toujours un grande autorité dans la ville de
Koucou et dans le Jurjura. 11 est probable que les Habites lui firent, par
déférence, hommage des cinq prisonniers chrétiens.