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— 182 —

ne reconnaissant aucun maître, les chemins étaient peu
sûrs et les Turcs n'exerçaient aucune espèce d'influence;
aussi ne faut-il pas s'étonner de voir le transport des
fonds de l'État confié à un marabout dont la réputation
de sainteté inspirait plus de respect qu'une escorte nom-
breuse et bien armée (1).

Par suite d'un privilège exceptionnel, dont l'origine
remonte à Kheïr-Eddin, qui voulait ainsi reconnaître et
récompenser la fidélité de ses premiers alliés barbaresques,
les habitants de Gigelli étaient exempts de tout impôt en
nature ou en numéraire. Quant aux tribus voisines, elles
ne payaient pas davantage; aussi le gouvernement turc
était-il obligé d'approvisionner la garnison de Gigelli, en
solde et en vivres, à l'aide de ravitaillements périodiques,
expédiés d'abord d'Alger sur des bâtiments, et, plus tard,
de Gonstantine à travers le pays Kabile (2).

Les marabouts Amokran étaient chargés de protéger
la marche régulière de ces convois en les faisant escorter,
d'étape en étape, par un certain nombre d'hommes armés,
fournis successivement par chaque tribu dont on traver-
serait le territoire, et auxquels on accordait quelques

(1) Les Beni-Amran, Beni-S'iar, Oulad-bel-Afou, Beni-Kaïd, Beni-Ahmed,
Beni-Mahammed et Oulad-Sâad, qui reconnaissaient l'autorité religieuse
des Oulad Amokran, payaient l'achour à cette famille. Cet impôt portait
sur le blé et l'huile, et n'était pas réglé d'une manière uniforme, parce
qu'il était nécessairement proportionné aux produits de la récolte.

(2) La famille des Oulad-Amokran devait faire transporter gratuitement
à Gigelli la quantité de bois à brûler nécessaire aux besoins de la gar-
nison turque. Nous avons entre les mains une lettre très-sévère du bey
de Constanline au commandant de cette garnison, lui disant que le mara-
bout se plaint, avec raison, qu'il exige plus de bois qu'il ne lui en faut,
et qu'il doit se contenter des trois convois périodiques de combustible
que la coutume alloue à ses janissaires.
 
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