Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

pour lui beaucoup de respect et croyaient fermement à
toutes ses prédictions-. Au lieu de se débarrasser immé-
diatement de ce fou dangereux, ce que n'auraient manqué
de faire les beys ses prédécesseurs, Osman, par trop de
mansuétude, se borna à lui retirer l'affranchissement
d'impôt dont il avait joui jusqu'alors, ainsi que tous les
privilèges que sa qualité de marabout lui avait valus. Il
pensait, sans doute, que cette punition suffirait et qu'elle
refroidirait l'imagination trop ardente du nouvel augure.

Zebouchi alla à Conslantine revendiquer ce qu'il appe-
lait un droit divin ; mais, à cause de son caractère fier et
indiscipliné, on ne tint aucun compte de ses sottes pré-
tentions, qui, pour la plupart de ces hommes, soi-disant
inspirés du ciel, consistent à faire servir la religion à
des intérêts particuliers. Le marabout, mécontent, s'éloi-
gna en proférant des imprécations, et se retira dans les
montagnes des 'Arrès, tribu kabile sur la rive gauche de
l'oued El-Kebir. Mais sa rancune ne s'arrêta pas là :
sachant bien que ses imprécations et ses anathèmes
seraient sans effet s'il restait inactif, il se livra à toutes
sortes d'intrigues, se posa en victime du pouvoir oppres-
seur; en un mot, il mit tout en œuvre pour venger
l'affront que son orgueil de marabout avait reçu : il ne
cessait de répéter qu'il voulait poser son pied sur l'œil
borgne du bey Osman.

Quelque impétueux que fut Zebouchi, il sentit néan-
moins la nécessité de n'agir que sourdement et par
degrés, afin de se créer des partisans sans trop éveiller
l'attention des Turcs, qui auraient pu le faire enlever
par leurs agents et l'assommer ensuite. N'oublions pas
de rappeler que Zebouchi était raokaddem de l'ordre

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