Recueil des notices et mémoires de la Société Archéologique de la Province de Constantine (Sér. 2,4=14.1870)

trées qu'entourait le prestige de l'inconnu, et ces journées
où il semble que le devoir s'oiïre à noire aimée sous les
traits du plaisir, c'est-à-dire les. journées de combats ; à
la seconde se rattachent des faits d'une autre espèce,
mais propres à remuer aussi l'âme d'un peuple qui com-
prend toutes les grandeurs. Ce n'est plus aux hommes,
c'est à la nature même que s'attaquent nos soldats. Des
populations qui ont compris l'impossibilité de lutter avec
la France, nous abandonnent leur pays : nous entrons
sans combat dans leurs montagnes; mais nu bout de dix
joui's, nous leur rendons ces montagnes transformées;
où des arbres séculaires, des quartiers de granit, des
buissons inextricables de ronces arrêtaient, à chaque ins-
tant, la marche des plus intrépides voyageurs, une roule
s'étend aujourd'hui qui peut supporter le pied des che-
vaux et presque la roue des voitures. Aussitôt qu'il ap-
prend que les Beni-Afer et les Beni-lder se soumettent,
le Gouverneur se décide à lancer, à travers ces tribus,
une roule qui marque à jamais leur territoire du sceau
de notre domination. Sur tous les points importants, il
établit de§ camps d'où, chaque matin s'échappe, un essaim
de travailleurs. Les soldats avaient quille le fus.il pour
prendre la pelle et la pioche; après avoir versé leur
sang, ils donnaient encore leurs sueurs pour la prospérité
du pays.

Le 27, on peut se rendre d'un campa un autre sur des
chemins déjà praticables; les Kabiles qui pouvaient encore
douter de notre puissance, virent là des signes incontes-
tables de notre force. Ils assistaient à la métamorphose
d'une contrée toule enlière par l'effort d'une volonté éner-
gique.