- 51 -
ce qui s'était passé depuis sa sortie du Palais et
celui-ci lui fit part de sa consultation chez le Cadi ;
de son désespoir en sortant de chez ce docte magis-
trat, qui lui avait fait application de la règle coranique;
de sa rencontre du vieillard, comment cet homme de
bien avait arrangé son affaire; sa joie et son bonheur
de s'être affranchi de cette mauvaise situation créée,
il le reconnaissait, par son mauvais caractère et par
son serment néfaste.
« Le sultan El Naceur ayant prié le Cadi de s'expli-
quer sur ce cas, le magistrat lui donna les sourates et
le verset du Coran, qui traitait du serment; puis fai-
sant preuve d'érudition, il cita les passages de Sidi
Khellil, ayant trait au même point en litige; il allait
même invoquer d'autres auteurs, lorsqu'il fut arrêté
par le Sultan qui, se tournant vers les trois indigènes,
témoins silencieux de cet exposé, leur dit :
« Dieu soit glorifié de me donner, dans ma bonne
ville, des sages comme toi, Si Ahmed ! Sois plus
prudent, une autre fois, Amzian! Toi, Boubeker,
continue a exercer ton métier avec honnêteté et Dieu
augmentera tes biens! Toi, Cheikh-Cadi, retourne à
tes livres, mais vois aussi plus loin; sois plus homme
que savant, plus humain que lettré, et reste le plus
possible à tes méditations ! Toi, Si Ahmed, qui suis
le vrai chemin, fais toujours le bien autour de toi;
tu es dans le vrai, et mieux vaut un sage comme
toi que des magistrats uniquement préoccupés des
textes et qui voient la lettre bien plus que \'esprit des
écritures.
« Boubeker, tu avais raison; évitez les procès,
adressez-vous à vos sages, et allez en paix ! »
Cette histoire est un peu longue peut être, mais il nous
ce qui s'était passé depuis sa sortie du Palais et
celui-ci lui fit part de sa consultation chez le Cadi ;
de son désespoir en sortant de chez ce docte magis-
trat, qui lui avait fait application de la règle coranique;
de sa rencontre du vieillard, comment cet homme de
bien avait arrangé son affaire; sa joie et son bonheur
de s'être affranchi de cette mauvaise situation créée,
il le reconnaissait, par son mauvais caractère et par
son serment néfaste.
« Le sultan El Naceur ayant prié le Cadi de s'expli-
quer sur ce cas, le magistrat lui donna les sourates et
le verset du Coran, qui traitait du serment; puis fai-
sant preuve d'érudition, il cita les passages de Sidi
Khellil, ayant trait au même point en litige; il allait
même invoquer d'autres auteurs, lorsqu'il fut arrêté
par le Sultan qui, se tournant vers les trois indigènes,
témoins silencieux de cet exposé, leur dit :
« Dieu soit glorifié de me donner, dans ma bonne
ville, des sages comme toi, Si Ahmed ! Sois plus
prudent, une autre fois, Amzian! Toi, Boubeker,
continue a exercer ton métier avec honnêteté et Dieu
augmentera tes biens! Toi, Cheikh-Cadi, retourne à
tes livres, mais vois aussi plus loin; sois plus homme
que savant, plus humain que lettré, et reste le plus
possible à tes méditations ! Toi, Si Ahmed, qui suis
le vrai chemin, fais toujours le bien autour de toi;
tu es dans le vrai, et mieux vaut un sage comme
toi que des magistrats uniquement préoccupés des
textes et qui voient la lettre bien plus que \'esprit des
écritures.
« Boubeker, tu avais raison; évitez les procès,
adressez-vous à vos sages, et allez en paix ! »
Cette histoire est un peu longue peut être, mais il nous