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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 1.1870

DOI issue:
Nr. 3
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Grébaut, Eugène: Des deux yeux du disque solaire, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.12056#0144
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128

Des deux yeux du disque solaire.

J'ai déjà eu occasion 1 de dire que les déesses-mères me paraissaient appartenir à

savant E. De Kougé 2 et ceux qui ont partagé ses vues. La mère n'existe que dans les
mythes et les symboles qui mettent enjeu le Soleil. Arrivons au dogme. Dès qu'une compo-
sition s'élève à l'âme divine., la mère disparaît. Les passages qui parlent de l'âme unique
rappelée par un nom solaire, n'hésitent pas à dire le dieu «sans père ni mère»: il est
« devenu de lui-même » 3.

Ainsi la déesse épouse et mère du Soleil ne personnifie pas l'espace céleste, ce qui
est l'attribution de Xut, épouse du dieu-terre. Aspect du Soleil, qui s'enfante de même qu'il
s'engendre, là se borne sa signification mythologique, en tant qu'épouse et mère. Au point
de vue du dogme, franchement monothéiste par la conception de l'âme universelle, et dégagé
des idées de manifestations particulières, par exemple, par le Soleil, ou par le Nil, ou par
la Lune, ou par la Terre, plus de triades, plus de déesses représentant la Divinité.

Que signifient alors les déesses-mères dont la figure survit dans la mythologie?
Compagnes d'un disque qui n'est plus la Divinité, elles restaient le symbole de l'astre lumi-
neux quand l'âme s'en était détachée. Quel rôle la mère pouvait-elle jouer par rapport à
cette âme ? C'est précisément alors que les textes mythologiques — lorsqu'il veulent montrer
l'âme divine sous l'apparence solaire, comme c'est le cas le plus fréquent — font intervenir
la personne symbolique de la Lumière. La mère s'y assimile sans difficulté, Le rôle con-
venait à sa nature: déjà elle représentait le disque et éclairait; déjà, épouse et mère, elle
était privée d'une existence réelle. Et, au lieu de contredire le dogme nouveau, de quelle
ressource n'est-elle pas aux scribes pour faire ressortir la différence entre la divinité cachée
et l'astre par lequel celle-ci agit !

Le rôle de figure symbolique de la lumière ne résulte pas pour la mère du titre
(Yilluminati'ice qu'elle porte comme face féminine du Soleil. Mais celui d'oeil de Eà est
décisif4. Le dieu n'est jamais l'œil: il habite son œil. Les textes montrent la mère, quel
que soit son nom, assise sur la tête du dieu et éclairant pour lui. Enfin dans ce nouveau
rôle, elle s'identifie avec la fille du dieu5. Ces faits démontrent que la mère subit une
transformation. Aucune déesse de triade n'échappe à cette destinée.

Mais les déesses de triades ne sont pas les seules à perdre leur personnalité dans
celle de la déesse-lumière.

Chaque dieu avait sa forme féminine. De là autant de déesses associées au Soleil,
la mythologie assignant au dieu, leur compagnon, une place dans les mythes solaires.

Quelques déesses, encore peu étudiées, paraissent isolées primitivement, Elles prennent
leur rôle dans le drame solaire et s'assimilent à la mère et, par suite, à la lumière. Telle
Renen" déesse de l'abondance et des moissons, peut-être de la bonne fortune, prise pour la
nourrice du jeune Soleil et confondue avec la mère et la lumière.

1) Mélanges cVarchéologie, 1. 1.

2) Mémoire sur la statuette naopliore du Vatican, p. 31 (le l'extrait.

3) Et appelé quelquefois «l'être double devenu de lui-même», sans doute comme père et fils,

double aspect qui ne s'opposait pas à l'unité de l'être unique sans excepter son fils, _ ^

4) Voyez pourtant à la fin de ce paragraphe l'interprétation différente de M. Lefébure.

5) Voyez infra, p. 131.

la pure mythologie, au lieu de se rapporter à un dogme élevé, jugé inexplicable par le
 
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