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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Hrsg.]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Hrsg.]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — 1.1870

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Nr. 3
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Grébaut, Eugène: Des deux yeux du disque solaire, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.12056#0143

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Des deux yeux du disque solaire.

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ciel qui est ta mère », conservées, en mémoire d'un mythe ancien, par les hymnes solaires,
au lieu de donner à cette mère le nom de la compagne ordinaire du dieu dans sa triade,
rappellent Nu-t. De même les tableaux, qui représentent la déesse du ciel enfantant le Soleil,
et qui l'unissent aussi à Seb, couché, figurant la terre. On a étendu à tort aux déesses de
triades, dont on ne voyait pas le sens, celui de Nu-t, qui en diffère profondément. L'idée des
triades appartient à la symbolique solaire le dieu père y est toujours le Soleil qui s'engendre
lui-même chaque matin ; la déesse qui l'accompagne est à la fois son épouse et sa mère ;
plus exactement, sa forme féminine. C'est fécondée par le dieu de la terre, Seb, que la déesse
du ciel donne naissance au Soleil: Nu-t est la mère sans être l'épouse du Soleil; elle n'est
pas sa forme féminine ; ni celle de Seb, son époux, mais non son fils. La Terre, le Ciel,
le Soleil, restent trois divinités distinctes, quoique associées par le mythe d'Osiris fils de Seb
et de Nu-t, qui perpétua le souvenir de cette imagination primitive, étrangère et évidemment
antérieure aux triades du Soleil. La triade d'Osiris se complète avec Isis et Horus, trois
divinités solaires2. Seb, Nut, Osiris, des dieux désignant la Terre, le Ciel, le Soleil, ne
forment nulle part et ne pouvaient constituer une triade monothéiste. L'union féconde de
Seb et de Nut nous reporte aux époques où le père et la mère du Soleil étaient de véritables
divinités, le culte, un polythéisme.

Mais le mythe légendaire du Soleil enfant du ciel et de la terre disparaît presque
au milieu des mythes d'âge plus récent, où le Soleil s'engendre lui-même dans le sein de
son épouse. Au mythe d'Osiris, fils de Seb et de Nut, s'ajoute le mythe d'Osiris, enfant de

jj m _d vî' au(ïue^ se rattacne cellu' d'Osiris défunt fécondant Isis pour renaître en

Horus. Voilà le dieu des triades. Quant à la déesse, sa personnalité dut dès lors s'effacer.
Que signifie une mère ayant pour mari le fils qu'elle concevra? Le dieu qui s'engendre n'a
pas de mère. Il est dit du Soleil, fécondateur3 de sa mère, ^^'^^^ ? s'enfante,
aussi bien qu'il s'engendre lui-même: ^'^H ^^'L^' ^>1^e P0U1 Une ^ê'ure ^n Soleil,

qui s'enfantant lui-même est sa propre mère, de même que s'engendrant, il est son propre
père, la déesse fut identifiée avec le dieu père. Les triades présentent un symbole curieux
de l'astre qui renaît chaque jour de lui-même. Il est père, mère, enfant: son père, sa mère,
son enfant. Trois personnes, autant de symboles du dieu qui se renouvelle chaque matin.
La triade appartient à la période d'organisation monothéiste, de la prédominance du culte
solaire. Avant sa création, les déesses ont dû avoir l'existence propre et réelle. Quelques-
unes, comme Renen, Nut, etc., paraissent l'avoir conservée plus longtemps. Celles que la
triade absorbe, associées à un dieu solaire, ou nées de son dédoublement4, sont un aspect
du dieu. Elles le représentent s'enfantant lui-même, mais c'est lui qu'elles représentent. S'il
est le Soleil, elles sont le Soleil. Voilà pourquoi elles éclairent et portent partout les titres
de «Mère divine, maîtresse du ciel, qui illumine la double terre ».

1) Cf. Mélanges cVarchéologie, sixième fascicule, p. 253.

2) Malgré le jeu de mots auquel prête son nom, Isis ne personnifie pas l'espace. Le sens d'une
divinité résulte de ses actes, non d'étymologies prescpie toujours douteuses. Isis éclaire, darde la flamme,
règne sur les deux régions.

3) Pour fécondateur, et non mari, cf. Hymne à Ammon, p. 39 S.

4) Amen-t, Eâ-t, etc.
 
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