A TRAVERS LA VOCALISATION ÉGYPTIENNE
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riïzces, passé en copte, y a deux variantes, l'une en en, uaape T. f£îî, l'autre en <m, itoipi M.
ru : l'a étant clans le grec, la forme en *a est nécessairement antérieure à celle en 01 et
uoipi a traversé probablement l'état intermédiaire *k*jj» 1. La combinaison diphtonguée
ou non, peut donc devenir 01 en copte, comme ailleurs, et si nous cherchons des exemples
de cette mutation, nous verrons qu'il y a quantité de ces formes en 01, qui ont réellement
ou qui supposent à côté d'elles des formes en en : goipe-goeipe T., gwipi-gwpi M., à côté de
gùape T. t, stercus, excrementum, fiinus; k^XIe T. t, kOI (= koii) M. <f, ager; ocik T. n,
coik M. ni, panis, suppose une vocalisation aîk, analogue au bashmourique «aa et
dérivée de a(^3)^ ^ âqou; la transcription ii/oïpiç du nom T ^\ <==>(][]
A mi
Pakhar[a]ï, le Syrien, suppose un intermédiaire Pkhairi. Je ne puis insister ici sur ce phé-
nomène : je me borne à signaler un fait qui permet de montrer qu'il remonte assez haut clans
l'histoire delà langue. On admet que le nom grec du Mœris est la transcription du terme
égyptien J^SL ( ( ZCZ , [ [ 3—t. L'orthographe Moïptç montre qu'à l'âge d'Hérodote,
les Égyptiens devaient prononcer Moïri, ce qui suppose un Maîri antérieur, comme
nyoTptç suppose un Pkhaïri; or, Maïri-Maïre est la vocalisation du groupe .smeape T. t,
fasciculus, identique de squelette et de forme grammaticale à [ ( De plus,
Mœris passait pour être le nom d'un roi, et, sans nous inquiéter de savoir qui était ce
roi, nous pouvons admettre qu'on songeait à l'un cle ceux dont le cartouche renferme
l'épithète /^jl ( Marirî, qu'on interprétait à tort don de Râ'2; or, l'orthographe
MoTptç indique qu'on songeait à une forme u 'n Moi-rï, où le verbe s__c a*.^ T., donner,
prenait la forme xioi M., parallèle à l MA^- Les deux faits nous ramènent clone,
, à une prononciation Moïri, pendant le Ve siècle, et celle-ci suppose
ci
/WVW\
/WWV\
pour
elle-même une prononciation Maïrï[e], peut-être conservée clans le Saîcl à la même
époque. Maïrï[e], se diphtonguant, a tourné à AiHpe T. Te, TrXv^upa, inundatio, œstuatio,
comme tg^ipi a tourné à ujupi-rijHpe. Les variantes nous prouvent que l'on avait, à côté
cle «j^ipt-irjHpi, une prononciation ujipe-ujipi pour le masculin ou le féminin, clans
^5eÂujipi-^epujipe T. ne, juuenis, et geAujipe T. Te, puella, une prononciation ug0.p1 au
pluriel dans ^SeAuj^pi M. g^n, puellœ : la prononciation en 1 est indiquée, dès le Ve siècle,
par la transcription grecque KaXactpiç du composé égyptien qui répond au terme copte.
L'évolution de 0,1 vers 1 en pareille position paraît avoir été fréquente et s'être opérée
par affaiblissement cle a en e : tandis qu'Ai passait à ai-ae-h, le faible eî devenait eî-i.
Le mot pour rue, quartier, était en égyptien ancien ^"^V ^__^ ^^^7^' °^ '° 1 KU a
pour voyelle inhérente a, tandis que la forme démotique a déjà le signe qui répond à i8,
et que les variantes coptes sont £ip M. m, gip, geip T. n, pV'i, viens, angiportus, corrt-
pitum : la série des formes est kharou-khara, khaîr, geip-gip. Je m'abstiens cle citer
d'autres exemples pour le moment, vu la difficulté qu'il y a à savoir quand eî des ortho-
1. Peut-être faut-il admettre entre *K.*api et itojpv l'intermédiaire *Keipi. qui contient la mutation fréquente
de ^ en e : Koipi serait alors tiré de *Keipi, par un procédé analogue à celui qui transforma, du Xe au
XII0 siècle, nos diphtongues ëi en ôi. d'abord dans les syllabes atones, puis dans les accentuées, si bien que
méi, léi, réi, devint moi, loi, roi.
2. Cf. à ce sujet le Recueil cle Travaux, t. XVII, p. 71.
3. Brugsch, Dictionnaire hiéroglyphique, p. 1036, et Supplément au Dictionnaire hiéroglyphique, p. 895,
Dictionnaire géographique, p. 556-557.
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riïzces, passé en copte, y a deux variantes, l'une en en, uaape T. f£îî, l'autre en <m, itoipi M.
ru : l'a étant clans le grec, la forme en *a est nécessairement antérieure à celle en 01 et
uoipi a traversé probablement l'état intermédiaire *k*jj» 1. La combinaison diphtonguée
ou non, peut donc devenir 01 en copte, comme ailleurs, et si nous cherchons des exemples
de cette mutation, nous verrons qu'il y a quantité de ces formes en 01, qui ont réellement
ou qui supposent à côté d'elles des formes en en : goipe-goeipe T., gwipi-gwpi M., à côté de
gùape T. t, stercus, excrementum, fiinus; k^XIe T. t, kOI (= koii) M. <f, ager; ocik T. n,
coik M. ni, panis, suppose une vocalisation aîk, analogue au bashmourique «aa et
dérivée de a(^3)^ ^ âqou; la transcription ii/oïpiç du nom T ^\ <==>(][]
A mi
Pakhar[a]ï, le Syrien, suppose un intermédiaire Pkhairi. Je ne puis insister ici sur ce phé-
nomène : je me borne à signaler un fait qui permet de montrer qu'il remonte assez haut clans
l'histoire delà langue. On admet que le nom grec du Mœris est la transcription du terme
égyptien J^SL ( ( ZCZ , [ [ 3—t. L'orthographe Moïptç montre qu'à l'âge d'Hérodote,
les Égyptiens devaient prononcer Moïri, ce qui suppose un Maîri antérieur, comme
nyoTptç suppose un Pkhaïri; or, Maïri-Maïre est la vocalisation du groupe .smeape T. t,
fasciculus, identique de squelette et de forme grammaticale à [ ( De plus,
Mœris passait pour être le nom d'un roi, et, sans nous inquiéter de savoir qui était ce
roi, nous pouvons admettre qu'on songeait à l'un cle ceux dont le cartouche renferme
l'épithète /^jl ( Marirî, qu'on interprétait à tort don de Râ'2; or, l'orthographe
MoTptç indique qu'on songeait à une forme u 'n Moi-rï, où le verbe s__c a*.^ T., donner,
prenait la forme xioi M., parallèle à l MA^- Les deux faits nous ramènent clone,
, à une prononciation Moïri, pendant le Ve siècle, et celle-ci suppose
ci
/WVW\
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pour
elle-même une prononciation Maïrï[e], peut-être conservée clans le Saîcl à la même
époque. Maïrï[e], se diphtonguant, a tourné à AiHpe T. Te, TrXv^upa, inundatio, œstuatio,
comme tg^ipi a tourné à ujupi-rijHpe. Les variantes nous prouvent que l'on avait, à côté
cle «j^ipt-irjHpi, une prononciation ujipe-ujipi pour le masculin ou le féminin, clans
^5eÂujipi-^epujipe T. ne, juuenis, et geAujipe T. Te, puella, une prononciation ug0.p1 au
pluriel dans ^SeAuj^pi M. g^n, puellœ : la prononciation en 1 est indiquée, dès le Ve siècle,
par la transcription grecque KaXactpiç du composé égyptien qui répond au terme copte.
L'évolution de 0,1 vers 1 en pareille position paraît avoir été fréquente et s'être opérée
par affaiblissement cle a en e : tandis qu'Ai passait à ai-ae-h, le faible eî devenait eî-i.
Le mot pour rue, quartier, était en égyptien ancien ^"^V ^__^ ^^^7^' °^ '° 1 KU a
pour voyelle inhérente a, tandis que la forme démotique a déjà le signe qui répond à i8,
et que les variantes coptes sont £ip M. m, gip, geip T. n, pV'i, viens, angiportus, corrt-
pitum : la série des formes est kharou-khara, khaîr, geip-gip. Je m'abstiens cle citer
d'autres exemples pour le moment, vu la difficulté qu'il y a à savoir quand eî des ortho-
1. Peut-être faut-il admettre entre *K.*api et itojpv l'intermédiaire *Keipi. qui contient la mutation fréquente
de ^ en e : Koipi serait alors tiré de *Keipi, par un procédé analogue à celui qui transforma, du Xe au
XII0 siècle, nos diphtongues ëi en ôi. d'abord dans les syllabes atones, puis dans les accentuées, si bien que
méi, léi, réi, devint moi, loi, roi.
2. Cf. à ce sujet le Recueil cle Travaux, t. XVII, p. 71.
3. Brugsch, Dictionnaire hiéroglyphique, p. 1036, et Supplément au Dictionnaire hiéroglyphique, p. 895,
Dictionnaire géographique, p. 556-557.