LE PASSAGE DE CLÉMENT D'ALEXANDRIE
2° Écriture hiératique (écriture « sacrée ») ;
!' a) écriture cyriologique ;
f a) cyriologique par imitation;
b) — symbolique : l b) tropique : anaglyphes ;
( c) énigmatique.
Clément a su nettement distinguer les différentes espèces d'écriture, puisqu'il n'est
guère difficile d'attribuer à chacune d'elles un rôle distinct, confirmé d'ailleurs par
l'archéologie.
Entrons dans quelques détails :
L'assimilation de l'épistolographique avec le démotique n'a jamais été contestée1, et
demeure certaine : pour l'appuyer, nous avons aujourd'hui des arguments et des docu-
ments qui manquaient, il y a cent cinquante ans, et même aux temps de Dulaurier et
de Letronne. Le démotique, dernière phase que nous offre l'évolution de l'écriture
égyptienne, pouvait être connu de Clément, même s'il n'était pas, à son époque, d'un
usage journalier. — De plus, le mot sTticrcoXoYpaçixôç, dont la traduction exacte serait
« écriture courante », correspond fort bien à l'emploi que l'on en faisait. Il était usité
pour les actes de la vie journalière : actes de vente, de donation ; actes de l'état
civil, etc. 11 servait à transcrire, je ne dirai pas une sorte de patois, mais un idiome
fort éloigné, malgré certains rapprochements, de la langue hiéroglyphique « officielle ».
— Le terme BïjjAôTixèç n'a donc rien qui s'oppose à celui d'sTcicrcoXoYpacptxôç, et réciproque-
ment : ils sont synonymes, ainsi que l'ont compris tous les commentateurs2.
Clément est un des rares gréco-romains qui nous ont parlé du hiératique. A ce
propos, nous rappellerons qu'Hérodote, Diodore de Sicile, Porphyre3, les auteurs de
la pierre de Rosette, pour ne citer que les plus illustres, n'en ont jamais fait mention.
A coup sûr ces consciencieux historiens avaient leurs raisons d'agir ainsi, tout comme
le savant Père de l'Église. Elles ne sont pas difficiles à trouver; et il est aisé d'expliquer
l'attitude des uns et des autres.
Usité d'une manière très distincte à une époque déjà reculée4, le hiératique
devint d'un emploi courant avec le développement du papyrus. On connaît ses traits
distinctifs : il consistait simplement en une abréviation des signes hiéroglyphiques. Il
n'avait point, comme le démotique, une sorte de grammaire particulière, et ne servait
1. Parmi les récents auteurs, citons Wiedemann, Herodots zœeites Buch....., p. 164 (Teubner, 1890);
O. Mûller, ArchwoL, p. 258, § 216, 4 (édition revue par Wklcher, 1878), etc., etc.
2. Rappelons que la pierre de Rosette (cf. Letronne, Recueil des Inscriptions... de l'Egypte, t. I, p. 251)
rapporte que ce décret doit être gravé sur une stèle de pierre dure : « zoXç xe izpoXç, xai èyxwptotç xai éXXrjvtxoïç
Y p à p. y. a a iv..... » Ce mot èyxwptoç a été traduit par tous les historiens par « local ». Personne n'a jamais douté
qu'il ne s'agisse ici du démotique. Nous discuterons plus tard cette opinion : contentons-nous, pour le
moment, de rappeler que l'expression « èy^wpt'oç » est inusitée partout ailleurs à propos d'une écriture égyp-
tienne.
3. Cf. Hérodote, II, 36; Diodore, I, 81, III, 3; Porphyre, Vita Pytk., 12. Le témoignage de Porphyre
doit être étudié à part. 11 ne mentionne pas le hiératique, mais les trois espèces d'écriture. 11 est le seul, avec
Clément d'Alexandrie, qui en ait parlé.
4. Voir, à ce propos, Wiedemann, Herodots zœeites Buch, 1890, p. 163 : « Bereits an den Bausteinen der
grossen Pyramide finden sich Vermerke in hieratischer Schrift, spâter ward dieselbe mit Vorliebe fur Papyri
angewendet. »
2° Écriture hiératique (écriture « sacrée ») ;
!' a) écriture cyriologique ;
f a) cyriologique par imitation;
b) — symbolique : l b) tropique : anaglyphes ;
( c) énigmatique.
Clément a su nettement distinguer les différentes espèces d'écriture, puisqu'il n'est
guère difficile d'attribuer à chacune d'elles un rôle distinct, confirmé d'ailleurs par
l'archéologie.
Entrons dans quelques détails :
L'assimilation de l'épistolographique avec le démotique n'a jamais été contestée1, et
demeure certaine : pour l'appuyer, nous avons aujourd'hui des arguments et des docu-
ments qui manquaient, il y a cent cinquante ans, et même aux temps de Dulaurier et
de Letronne. Le démotique, dernière phase que nous offre l'évolution de l'écriture
égyptienne, pouvait être connu de Clément, même s'il n'était pas, à son époque, d'un
usage journalier. — De plus, le mot sTticrcoXoYpaçixôç, dont la traduction exacte serait
« écriture courante », correspond fort bien à l'emploi que l'on en faisait. Il était usité
pour les actes de la vie journalière : actes de vente, de donation ; actes de l'état
civil, etc. 11 servait à transcrire, je ne dirai pas une sorte de patois, mais un idiome
fort éloigné, malgré certains rapprochements, de la langue hiéroglyphique « officielle ».
— Le terme BïjjAôTixèç n'a donc rien qui s'oppose à celui d'sTcicrcoXoYpacptxôç, et réciproque-
ment : ils sont synonymes, ainsi que l'ont compris tous les commentateurs2.
Clément est un des rares gréco-romains qui nous ont parlé du hiératique. A ce
propos, nous rappellerons qu'Hérodote, Diodore de Sicile, Porphyre3, les auteurs de
la pierre de Rosette, pour ne citer que les plus illustres, n'en ont jamais fait mention.
A coup sûr ces consciencieux historiens avaient leurs raisons d'agir ainsi, tout comme
le savant Père de l'Église. Elles ne sont pas difficiles à trouver; et il est aisé d'expliquer
l'attitude des uns et des autres.
Usité d'une manière très distincte à une époque déjà reculée4, le hiératique
devint d'un emploi courant avec le développement du papyrus. On connaît ses traits
distinctifs : il consistait simplement en une abréviation des signes hiéroglyphiques. Il
n'avait point, comme le démotique, une sorte de grammaire particulière, et ne servait
1. Parmi les récents auteurs, citons Wiedemann, Herodots zœeites Buch....., p. 164 (Teubner, 1890);
O. Mûller, ArchwoL, p. 258, § 216, 4 (édition revue par Wklcher, 1878), etc., etc.
2. Rappelons que la pierre de Rosette (cf. Letronne, Recueil des Inscriptions... de l'Egypte, t. I, p. 251)
rapporte que ce décret doit être gravé sur une stèle de pierre dure : « zoXç xe izpoXç, xai èyxwptotç xai éXXrjvtxoïç
Y p à p. y. a a iv..... » Ce mot èyxwptoç a été traduit par tous les historiens par « local ». Personne n'a jamais douté
qu'il ne s'agisse ici du démotique. Nous discuterons plus tard cette opinion : contentons-nous, pour le
moment, de rappeler que l'expression « èy^wpt'oç » est inusitée partout ailleurs à propos d'une écriture égyp-
tienne.
3. Cf. Hérodote, II, 36; Diodore, I, 81, III, 3; Porphyre, Vita Pytk., 12. Le témoignage de Porphyre
doit être étudié à part. 11 ne mentionne pas le hiératique, mais les trois espèces d'écriture. 11 est le seul, avec
Clément d'Alexandrie, qui en ait parlé.
4. Voir, à ce propos, Wiedemann, Herodots zœeites Buch, 1890, p. 163 : « Bereits an den Bausteinen der
grossen Pyramide finden sich Vermerke in hieratischer Schrift, spâter ward dieselbe mit Vorliebe fur Papyri
angewendet. »