[3] À PROPOS DES GRANDS LITS DE TOUTÂNKHAMON. 207
Semblables de taille et de proportions, les lits de Toutânkhamon diffèrent par les
motifs animaux qui leur servent de supports : le premier a comme montants laté-
raux deux lions dorés, et correspond ainsi exactement aux représentations mention-
nées ci-dessus, tandis que les côtés du second sont formés par des vacbes couronnées,
comme la déesse Hatbor, du disque et des deux longues cornes; enfin dans le troi-
sième, les montants sont constitués par des animaux fantastiques à corps de lion,
dont la tête, avec sa gueule ouverte, armée de dents d'ivoire, rappelle celle de l'hip-
popotame.
Dans une tombe qui appartient sans doute à la nécropole ihébaine, Gbampollion W
a copié une série de trois lits pour ainsi dire identiques à ceux de Toutânkhamon,
avec le lion, la vache Hatbor et le monstre Ceci nous amène à penser qu'il ne s'agit
pas d'une simple coïncidence, et que cet ensemble, deux fois répété, représente autre
chose que la fantaisie des ébénistes égyptiens. Il doit y avoir là une signification sym-
bolique; mais quelle peut être cette signification"?
Les lits à pieds de bœuf ou de vache ne sont point inconnus en Egypte, même
aux époques les plus anciennes(3); dans le mobilier de Toutânkhamon comme dans
la peinture tbébaine, l'animal qui est figuré entier est bien une vache et non un
bœuf, et porte sur la tète la coiffure caractéristique de la déesse Hatbor. De plus, son
corps est constellé de feuilles de trèfle, ce qui complète la ressemblance avec la vache
divine, telle qu'elle se présente à nous dans ses meilleures représentations, soit dans
sa statue de Deir el-Bahari W, soit dans les vignettes du Livre des Morts soit encore
dans les peintures des sarcophages fhébains [C'K
Hatbor, tout spécialement sous sa forme animale, est la déesse de l'Occident, qui
se tient dans le flanc même de la montagne pour recevoir les morts; par son nom de
Mehit-Ouritw, elle s'assimile en quelque sorte avec le Non, l'Océan primordial d'où
est sortie toute vie et où tout être, après sa mort, doit se replonger de nouveau pour
renaître comme le soleil. Elle est par cela même le véhicule de l'âme, qui doit assu-
rer la résurrection du défunt.
(1) Monuments de l'Egypte et de la Nubie, pl. CCCCXX1X. Je n'ai pu retrouver aucun renseignement quant
à la provenance exacte de ces peintures.
(2) Sur chacun de ces trois lits est placé un gros matelas recouvert d'étoffe rouge; ce sont donc des meu-
bles d'usage courant, prêts à être utilisés, et non de simples objets votifs.
(3) Il s'agit, bien entendu, de couchettes basses, et non de grands lits : l'un de ces meubles, au Musée de
Turin, date d'époque prédynastique, d'autres sont figurés dans les peintures du tombeau de Hesi (Jéqcieh,
Les frises d'objets, p. 2 43).
<4) Naville, The XI"' Dynasty Temple at Deir el Bahari, I, pl. L
(5) Na ville, Das âgyplische Todlenbuch ,1, pl. GCXII; Lepsius, Denkmaler, III, pl. GXC1X, h.
(6) Devéiîia, Mémoires et Fragments, I, pl. III; Ciiassinat, La seconde trouvaille de Deir el-Bahari, p. 21,
pl. XIV.
(7) Pleyte, Les chapitres supplémentaires du Livre des Morts, I, p. i5-a8.
Semblables de taille et de proportions, les lits de Toutânkhamon diffèrent par les
motifs animaux qui leur servent de supports : le premier a comme montants laté-
raux deux lions dorés, et correspond ainsi exactement aux représentations mention-
nées ci-dessus, tandis que les côtés du second sont formés par des vacbes couronnées,
comme la déesse Hatbor, du disque et des deux longues cornes; enfin dans le troi-
sième, les montants sont constitués par des animaux fantastiques à corps de lion,
dont la tête, avec sa gueule ouverte, armée de dents d'ivoire, rappelle celle de l'hip-
popotame.
Dans une tombe qui appartient sans doute à la nécropole ihébaine, Gbampollion W
a copié une série de trois lits pour ainsi dire identiques à ceux de Toutânkhamon,
avec le lion, la vache Hatbor et le monstre Ceci nous amène à penser qu'il ne s'agit
pas d'une simple coïncidence, et que cet ensemble, deux fois répété, représente autre
chose que la fantaisie des ébénistes égyptiens. Il doit y avoir là une signification sym-
bolique; mais quelle peut être cette signification"?
Les lits à pieds de bœuf ou de vache ne sont point inconnus en Egypte, même
aux époques les plus anciennes(3); dans le mobilier de Toutânkhamon comme dans
la peinture tbébaine, l'animal qui est figuré entier est bien une vache et non un
bœuf, et porte sur la tète la coiffure caractéristique de la déesse Hatbor. De plus, son
corps est constellé de feuilles de trèfle, ce qui complète la ressemblance avec la vache
divine, telle qu'elle se présente à nous dans ses meilleures représentations, soit dans
sa statue de Deir el-Bahari W, soit dans les vignettes du Livre des Morts soit encore
dans les peintures des sarcophages fhébains [C'K
Hatbor, tout spécialement sous sa forme animale, est la déesse de l'Occident, qui
se tient dans le flanc même de la montagne pour recevoir les morts; par son nom de
Mehit-Ouritw, elle s'assimile en quelque sorte avec le Non, l'Océan primordial d'où
est sortie toute vie et où tout être, après sa mort, doit se replonger de nouveau pour
renaître comme le soleil. Elle est par cela même le véhicule de l'âme, qui doit assu-
rer la résurrection du défunt.
(1) Monuments de l'Egypte et de la Nubie, pl. CCCCXX1X. Je n'ai pu retrouver aucun renseignement quant
à la provenance exacte de ces peintures.
(2) Sur chacun de ces trois lits est placé un gros matelas recouvert d'étoffe rouge; ce sont donc des meu-
bles d'usage courant, prêts à être utilisés, et non de simples objets votifs.
(3) Il s'agit, bien entendu, de couchettes basses, et non de grands lits : l'un de ces meubles, au Musée de
Turin, date d'époque prédynastique, d'autres sont figurés dans les peintures du tombeau de Hesi (Jéqcieh,
Les frises d'objets, p. 2 43).
<4) Naville, The XI"' Dynasty Temple at Deir el Bahari, I, pl. L
(5) Na ville, Das âgyplische Todlenbuch ,1, pl. GCXII; Lepsius, Denkmaler, III, pl. GXC1X, h.
(6) Devéiîia, Mémoires et Fragments, I, pl. III; Ciiassinat, La seconde trouvaille de Deir el-Bahari, p. 21,
pl. XIV.
(7) Pleyte, Les chapitres supplémentaires du Livre des Morts, I, p. i5-a8.