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Jéquier, Gustave: À propos des grands lits de Toutânkhamon
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.12747#0216
206 G. JÉQUIER. [2]
Empire qui, comme on le sait, donnent l'image d'un matériel beaucoup plus ancien
que celui de l'époque à laquelle appartiennent ces peintures M.
Nous avons donc ici, sans aucun doute, le modèle courant du lit égyptien : c'est
le vrai lit d'appartement, tandis que la couchette basse serait plutôt une sorte de lit
de voyage.
La tombe de Toutânkhamon contenait, en plus d'une série de ces couchettes du
type connu, trois grands lits qui nous permettront enfin d'étudier de près ces meubles
importants; en attendant la publication complète de la trouvaille, nous pouvons déjà
nous faire une idée de leurs formes générales et de leur construction, grâce aux
descriptions sommaires et aux photographies données par les journaux.
Un système de tenons de bronze permettait de démonter ces lits en quatre parties :
le plateau sur lequel devait se poser le matelas, les deux montants en forme d'ani-
maux et le cadre inférieur qui assurait la solidité de l'ensemble. Ce dispositif ne se
retrouve dans aucun autre meuble égyptien connu, aussi M. Fl. Pétrie a-t-il cru que
c'était une preuve en faveur de l'origine étrangère de ces lits''2', qui auraient été
ceux-là mêmes que le roi de Babylonie Kallimasin avait envoyés jadis à Aménophis 111.
Je crois, pour ma part, que la solution de cette question est beaucoup plus sim-
ple, et qu'il n'est pas nécessaire de faire intervenir ici les nécessités d'un long voyage
et d'un transport très difficile avec les moyens dont on disposait alors pour traverser
les déserts, car ces lits sont du style égyptien le plus pur, et leurs formes générales,
pas plus que leurs détails d'exécution, n'ont rien de babylonien.
A part de très rares exceptions, nos lits modernes sont tous démontables, parce
qu'il faut pouvoir les installer facilement dans des locaux quelconques; à plus forte
raison devait-il en être de même en Egypte où, dans les maisons et peut-être aussi
dans les palais, les portes étaient basses et étroites. Pour mettre en place un de ces
lits, dont les dimensions sont sensiblement plus grandes que celles des nôtres, il aurait
fallu chaque fois démolir un ou plusieurs pans de murs, ce qui n'est pas admissible.
Alors que tout le mobilier qui remplit le tombeau de Toutânkhamon est empilé
pêle-mêle sans aucun souci d'un ordre quelconque, trois objets seulement sont instal-
lés de façon parfaitement régulière le long de la paroi de l'antichambre qui fait face
à la porte d'entrée, et ce sont justement les trois grands lits qui, par ce seul fait,
paraissent avoir joué un rôle important clans l'installation de la tombe. La chose n'a
du reste rien d'étonnant, puisque dans une pièce qu'on veut aménager, ce sont tou-
jours les gros meubles qui sont mis en place les premiers : ici ces lits sont de beau-
coup les plus grands de tous les meubles qui, comme d'habitude en Egypte, sont de
petite dimension, légers et faciles à déplacer.
(1) Jéquier, Les frises d'objets des sarcophages du Moyen Empire, p. 2^2; ici la queue recourbée est rem-
placée par un petit moignon droit.
(2) Ancient Egypl, VII (1022), p. 127.
Empire qui, comme on le sait, donnent l'image d'un matériel beaucoup plus ancien
que celui de l'époque à laquelle appartiennent ces peintures M.
Nous avons donc ici, sans aucun doute, le modèle courant du lit égyptien : c'est
le vrai lit d'appartement, tandis que la couchette basse serait plutôt une sorte de lit
de voyage.
La tombe de Toutânkhamon contenait, en plus d'une série de ces couchettes du
type connu, trois grands lits qui nous permettront enfin d'étudier de près ces meubles
importants; en attendant la publication complète de la trouvaille, nous pouvons déjà
nous faire une idée de leurs formes générales et de leur construction, grâce aux
descriptions sommaires et aux photographies données par les journaux.
Un système de tenons de bronze permettait de démonter ces lits en quatre parties :
le plateau sur lequel devait se poser le matelas, les deux montants en forme d'ani-
maux et le cadre inférieur qui assurait la solidité de l'ensemble. Ce dispositif ne se
retrouve dans aucun autre meuble égyptien connu, aussi M. Fl. Pétrie a-t-il cru que
c'était une preuve en faveur de l'origine étrangère de ces lits''2', qui auraient été
ceux-là mêmes que le roi de Babylonie Kallimasin avait envoyés jadis à Aménophis 111.
Je crois, pour ma part, que la solution de cette question est beaucoup plus sim-
ple, et qu'il n'est pas nécessaire de faire intervenir ici les nécessités d'un long voyage
et d'un transport très difficile avec les moyens dont on disposait alors pour traverser
les déserts, car ces lits sont du style égyptien le plus pur, et leurs formes générales,
pas plus que leurs détails d'exécution, n'ont rien de babylonien.
A part de très rares exceptions, nos lits modernes sont tous démontables, parce
qu'il faut pouvoir les installer facilement dans des locaux quelconques; à plus forte
raison devait-il en être de même en Egypte où, dans les maisons et peut-être aussi
dans les palais, les portes étaient basses et étroites. Pour mettre en place un de ces
lits, dont les dimensions sont sensiblement plus grandes que celles des nôtres, il aurait
fallu chaque fois démolir un ou plusieurs pans de murs, ce qui n'est pas admissible.
Alors que tout le mobilier qui remplit le tombeau de Toutânkhamon est empilé
pêle-mêle sans aucun souci d'un ordre quelconque, trois objets seulement sont instal-
lés de façon parfaitement régulière le long de la paroi de l'antichambre qui fait face
à la porte d'entrée, et ce sont justement les trois grands lits qui, par ce seul fait,
paraissent avoir joué un rôle important clans l'installation de la tombe. La chose n'a
du reste rien d'étonnant, puisque dans une pièce qu'on veut aménager, ce sont tou-
jours les gros meubles qui sont mis en place les premiers : ici ces lits sont de beau-
coup les plus grands de tous les meubles qui, comme d'habitude en Egypte, sont de
petite dimension, légers et faciles à déplacer.
(1) Jéquier, Les frises d'objets des sarcophages du Moyen Empire, p. 2^2; ici la queue recourbée est rem-
placée par un petit moignon droit.
(2) Ancient Egypl, VII (1022), p. 127.