À PROPOS
DES GRANDS LITS DE TOUTÂNKHAMON
PAR
GUSTAVE JÉQUIER.
Nous ne possédions jusqu'ici, en fait de lits égyptiens, que des couchettes basses,
meubles légers et très facilement transportables ^ : un treillis tendu sur un cadre
légèrement incurvé formait une sorte de sommier élastique supporté par quatre pattes
de lion, et une planchette dressée à l'une des extrémités devait servir de point d'appui
pour les pieds du dormeur ^.
Les représentations figurées montrent en effet un certain nombre de lits de ce
type, mais elles nous donnent le plus souvent l'image de meubles d'une dimension
toute différente; les pattes d'animaux qui supportent le cadre s'allongent de manière
à surélever ce dernier à une assez grande hauteur au-dessus du sol pour qu'il soit
nécessaire d'employer un escabeau lorsqu'on veut y monter. Les proportions du pla-
teau du lit sont assez grandes pour que deux personnes puissent soit s'y étendre, soit
s'y installer assises comme sur un divan Enfin le meuble se complète le plus sou-
vent par la figuration de la tète, parfois aussi de la queue de l'animal dont les pattes
servent de support, et ainsi l'ensemble, vu de profil, donne assez exactement la sil-
houette d'un lion efflanqué, mais fièrement campé.
Le déterminatif habituel du verbe [1 et en général des mots qui expriment l'idée
de et se coucher, se reposer, dormir est un lit exactement semblable à celui que
nous venons de voir, assez élevé au-dessus du sol et figurant un corps de lion J—^,
qui supporte parfois un homme étendu ou une momie îf"v4). Nous retrouvons ce
même lit dans les représentations du mobilier funéraire sur les sarcophages du Moyen
c'! Les plus beaux et en même temps les mieux conservés sont ceux du tombeau de Youaa (Quibell,
Tomb of luaa and Thuiu, p. 5o et pl. XXVIII).
m On pourrait croire que cet élément appartenait primitivement aux lits de voyage, pourvus de pieds du
côté de la téte seulement et fortement inclinés, et qu'il devait empêcher le dormeur de glisser. Il n*en est
rien cependant, puisque dans les plus anciennes représentations, seuls les lits horizontaux possèdent le pan-
neau terminal, et jamais les lits inclinés (Qcibell, The Tomb oj Hcsij, pl. XIX, XX; Lepsius, Denhnàler, II,
pl. IV, etc.).
PI Daressy, Mastala de Meta (Mcw. de l'Insl. égijpt., 111), p. 5^2 ; Capart, Une rue de tombeaux, pl. CIV;
Davies, Deir el Gebrawi, II, pl. XXIII; dans ce dernier tableau, la taille des serviteurs occupés à faire le lit
du maître donne une bonne indication pour la grandeur du meuble.
!4) Bbdgsgh, Diclionv. hiérogl., p. i348. Le type du petit lit bas, sans tête ni queue de lion, est du reste
aussi employé comme déterminatif (cf. Erman-Gratow, Aeg. Handaôrterbuch, p. 177).
DES GRANDS LITS DE TOUTÂNKHAMON
PAR
GUSTAVE JÉQUIER.
Nous ne possédions jusqu'ici, en fait de lits égyptiens, que des couchettes basses,
meubles légers et très facilement transportables ^ : un treillis tendu sur un cadre
légèrement incurvé formait une sorte de sommier élastique supporté par quatre pattes
de lion, et une planchette dressée à l'une des extrémités devait servir de point d'appui
pour les pieds du dormeur ^.
Les représentations figurées montrent en effet un certain nombre de lits de ce
type, mais elles nous donnent le plus souvent l'image de meubles d'une dimension
toute différente; les pattes d'animaux qui supportent le cadre s'allongent de manière
à surélever ce dernier à une assez grande hauteur au-dessus du sol pour qu'il soit
nécessaire d'employer un escabeau lorsqu'on veut y monter. Les proportions du pla-
teau du lit sont assez grandes pour que deux personnes puissent soit s'y étendre, soit
s'y installer assises comme sur un divan Enfin le meuble se complète le plus sou-
vent par la figuration de la tète, parfois aussi de la queue de l'animal dont les pattes
servent de support, et ainsi l'ensemble, vu de profil, donne assez exactement la sil-
houette d'un lion efflanqué, mais fièrement campé.
Le déterminatif habituel du verbe [1 et en général des mots qui expriment l'idée
de et se coucher, se reposer, dormir est un lit exactement semblable à celui que
nous venons de voir, assez élevé au-dessus du sol et figurant un corps de lion J—^,
qui supporte parfois un homme étendu ou une momie îf"v4). Nous retrouvons ce
même lit dans les représentations du mobilier funéraire sur les sarcophages du Moyen
c'! Les plus beaux et en même temps les mieux conservés sont ceux du tombeau de Youaa (Quibell,
Tomb of luaa and Thuiu, p. 5o et pl. XXVIII).
m On pourrait croire que cet élément appartenait primitivement aux lits de voyage, pourvus de pieds du
côté de la téte seulement et fortement inclinés, et qu'il devait empêcher le dormeur de glisser. Il n*en est
rien cependant, puisque dans les plus anciennes représentations, seuls les lits horizontaux possèdent le pan-
neau terminal, et jamais les lits inclinés (Qcibell, The Tomb oj Hcsij, pl. XIX, XX; Lepsius, Denhnàler, II,
pl. IV, etc.).
PI Daressy, Mastala de Meta (Mcw. de l'Insl. égijpt., 111), p. 5^2 ; Capart, Une rue de tombeaux, pl. CIV;
Davies, Deir el Gebrawi, II, pl. XXIII; dans ce dernier tableau, la taille des serviteurs occupés à faire le lit
du maître donne une bonne indication pour la grandeur du meuble.
!4) Bbdgsgh, Diclionv. hiérogl., p. i348. Le type du petit lit bas, sans tête ni queue de lion, est du reste
aussi employé comme déterminatif (cf. Erman-Gratow, Aeg. Handaôrterbuch, p. 177).