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Revue égyptologique — 6.1891

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Nr. 3-4
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Revillout, Eugène: Leçon d'ouverture: prononcée à l'École du Louvre, le lundi, 19 décembre 1887, [3]
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https://doi.org/10.11588/diglit.11061#0156
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Eugène Revillout.

plus dès le commencement de l'époque romaine — et cela en dépit des textes si formels
de Diodore; Strabon; Pline, Aristide, etc. qu'il interprétait à sa guise. Or il se trouve que
nos inscriptions — comme l'inscription bilingue d'Ancyre ou testament d'Auguste — nous
montrent que non seulement Méroë existait, mais qu'elle était la capitale de l'Ethiopie du
temps de l'hégémonie bleminye, ainsi que l'avaient prétendu les illustres anciens nommés
précédemment. Cette situation, Méroë la garda pendant bien des siècles. A l'époque même
où la famille d'Horne^tatef gouvernait l'Ethiopie, un de ses petits-fils disait à Thot, seigneur
de Dakké : «Tu me sauveras, avec ma mère et mes frères, et me ramèneras à Méroë. » Un
autre disait du même lieu au même dieu : «Grand seigneur, maître de vérité, je te prie afin
que tu nous ramènes à Méroë en santé, et que tu sois loué par nous devant le roi de notre
Ethiopie et son peuple ; car tu es le maître de la louange, etc. » Méroë était donc bien la
capitale d'où l'on envoyait ces pieux pèlerinages officiels, tant auprès de Thot de Dakké,
qu'auprès d'Isis de Philée. C'est ce que nous voyons aussi d'après une inscription, d'une autre
époque, ainsi conçue 1 : « Adoration d'Atenkitonaria, le chef des troupes, l'agent d'Isis de
» Philée, de l'Abaton, la déesse grande, vénérable et bonne, la reine du monde entier, priant
» en ces termes : 0 grande déesse Isis ! Fais que tu nous amènes à ta fête chaque année :
»en sorte que je t'adore, ainsi que mes frères et mes enfants, que j'accomplisse tes saintes
» constitutions dans l'enceinte sacrée, que je t'apporte les offrandes venant de Méroë par la
» libéralité des rois, et que tu leur accordes dans cette ville une longue durée de vie, les
» bénissant, parce que la Majesté de ta statue dans les fêtes les réjouit.»2 Vous vous rap-
pelez que, dans l'inscription rédigée par le député du roi des Blemmyes Terermen, il y avait
encore : «L'Ethiopie ouvre les mondes aux dieux! 0 Isis, fais leur le chemin, afin qu'ils
» prennent à Méroë, le bourg excellent, leur fils, le chef, et que tu fasses le salut ! » Et plus
loin : «Ta puissance, affermis la depuis l'Egypte jusqu'à Méroë et aux montagnes» (de l'Abys-
sinie). Axum, la ville Himiarite ou Homérite, primitivement païenne et soumise à Méroë, n'a
peu à peu pris sa place que bien après la conversion des fils d'Himiar au christianisme,
quand Justinien et ses alliés, les rois nobades, récemment convertis, Silco et Eirpanome
eurent définitivement anéanti la puissance des Blemmyes païens et détruit leur antique
capitale.

A l'époque romaine proprement dite cette puissance des Blemmyes était considérable
— si considérable que la nouvelle d'une grande victoire remportée contre eux par Probus
inquiéta vivement le roi des Parthes Narsès et le décida à conclure la paix avec le vain-
queur de ces barbares si terribles et si renommés. Il est vrai qu'alors les Blemmyes venaient
d'être repoussés de la Thébaïde, qu'ils possédaient sans conteste depuis bien des années et
où ils avaient eu tranquillement non seulement des rois, mais des empereurs. « L'autocrator

1 Voir Eev. VI, II, pl. 5 et suiv.

2 En même temps que le chef des troupes, ou du peuple, agent laïque d'Isis — à laquelle il était
chargé d'offrir les vœux des rois d'Ethiopie — faisait cette «adoration», le grand prêtre qui l'accompagnait
écrivait, lui aussi, un proscynème, ainsi conçu : «Adoration de Paosorbh fils de Pétosor, le grand prêtre de
» la grande panégyrie, devant la vénérable, la bonne Isis de Philée de l'Abaton, la grande déesse, la priant
»(en ces termesj : Que tu m'amènes à Philée chaque année, que je t'adore, que je t'établisse l'adoration
» de mes frères restés (en Ethiopie), de ma femme et de mes parents. » — Il est clair que ce grand prêtre
venait de Méroë comme le général ou chef du peuple. — Nous verrons plus loin qu'un grand prêtre,
venant également de Méroë, accompagnait également le prince Siaritu.
 
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