Le roi Pétibast II et le roman qui poète son nom.
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d'ailleurs sous la XXIIIe dynastie où le pharaon officiel était de la branche tanite. La ville nommée ici
Noph a été ordinairement confondue avec Moph, Memphis ... Je suis convaincu qu'il s'agit ici de Nap
(Napi ou Napit), ville souvent citée au mont Barkal et qui doit être identique avec Napata, capitale des
états éthiopiens de Tahraku et certainement aussi de notre Piankhi Meriamen. Isaïe aurait ainsi cité les
villes royales des deux extrémités du pays Tanis et Napata.»
J'aurais quelques réserves à faire, je l'ai déjà dit, sur le souverain officiel tanite. Le seul, qui ait
à peu près joué ce rôle, est Pétibast Ier, possédant à la fois Tanis et Thèbes, tandis que les Bubastites
devenus rois fainéants, avec Tafneyt, je l'ai montré aussi, pour maire du palais, possédaient encore nomi-
nalement Memphis. Les sages conseillers du Pharaon, se disant fils des anciens rois, étaient les divers
princes bubastites et tanites qui se partageaient le pays, tout en reconnaissant l'hégémonie du Pharaon
éthiopien descendant de la XXI0 dynastie des prêtres thébains qui avaient supplanté d'abord les Rames-
sides. Il n'en est pas moins vrai que le souverain de Tanis prenait le titre de roi, comme par exemple
Osorkon III dans la stèle de Piankhi et plusieurs autres princes bubasto-tanites, nommés dans le même
monument. Piankhi leur conserva ce titre de sutèn. Mais il fit abandonner à Tafnext le cartouche usurpé
un instant par lui, et c'est ce que nous explique comment Bocchoris, qui, lui aussi, régna à Thèbes, fut
considéré comme l'unique roi de la XXIVe dynastie saïte. Quant à la XXVIe dynastie, également saïte,
qui comprend neuf rois, tout le commencement en est, nous l'avons dit, absolument parallèle aux autres
que nous venons d'examiner. J'ai déjà fait remarqué que le quatrième, Néchao, est le Niku dont parle
longuement Assurbanipal comme occupant Memphis et Sais et s'étant uni aux autres rois d'Egypte pour
se soulever contre l'hégémonie du vainqueur de Tharaku, 3e roi de la XXV" dynastie éthiopienne. Ce Niku
était lui-même un Éthiopien appartenant à la race royale et auquel la branche aînée avait accordé cet
apanage. Mais jamais il ne prit le titre de roi.1
Reste à savoir : quels sont ses trois prédécesseurs, et c'est ce que je spécifierai un peu plus loin
plus nettement encore que je ne l'avais déjà fait.
Quant à la XXIIIe dynastie, tanite, je me bornerai à rappeler les conclusions déjà données dans
mes précédentes études.
La dynastie tanite, selon la liste manéthonienne d'Africain, se compose : 1° de Pétibast 1er qui un
instant occupa Thèbes avant Piankhi, tandis que les descendants de la XXIe dynastie, après bien des occu-
pations successives de la Thébaïde et des guerres contre les Bubastites, décrites par Chabas et par moi,
régnaient à Napata et tandis que la branche aînée des Bubastites régnait à Memphis; 2° d'Osorkon III,
régnant alors à Bubastis, siège ordinaire de sa famille et qui selon M. de Rougé se soumit à Piankhi-, 3° de
Psammis, qui dut vivre du temps de Bocchoris; 4° de Zeton Sethos (d'Hérodote), qui vivait au temps de
Shabaka et même au commencement de Tahraku, et qui combattit Sennacherib comme lieutenant de
Tahraku, selon Hérodote, d'accord avec le livre des Rois, etc.
«Là s'arrête la dynastie tanite manéthonienne (à laquelle Shabaku aurait déjà enlevé Bubastis, où
il fit des très grands travaux, selon Hérodote, qui réunit souvent sur une même tête tout ce qu'il sait sur
les 50 ans de règne des Éthiopiens). Mais probablement ce n'cst-là qu'un oubli do Manéthon ou de ses
copistes, comme il y en a tant d'autres, car les cylindres d'Assurbanipal nous apprennent expressément
qu'aux précédents rois tanites avait succédé, do son temps, Pétibast II, roi de Tanis, portant le même nom
que le fondateur de la dynastie tanite Pétibast Ier, père d'Osorkon III, son aïeul.»
C'est ce Pétibast II dont notre roman démotique décrit les aventures.
De cette identification les textes que nous avons entre les mains nous fournissent des preuves mul-
tiples. Nous l'avons déjà dit, selon Assurbanipal, ce Pétibast règne à Tanis absolument comme dans notre
roman. Selon Assurbanipal aussi, il est contemporain d'un prince Pakruru qui gouverne Pisapt. Il en est
identiquement de même soit dans le roman démotique, soit dans la stèle du songe dont nous parlerons
bientôt et que remonte à la même époque des luttes entre les Assyriens d'Assurbanipal et les Éthiopiens.
Nous avons ainsi à Pisapt, sous Piankhi, Petenef, père de Pakruru; sous Assurbanipal, Pakruru; dans
la stèle du songe, Pakruru; dans le roman Pakruru.
Il en est de même pour Busiris. Sous Piankhi nous voyons mentionner successivement d'abord
Shcshonk, puis Pimai qui lui succède. Sous Assurbanipal c'est encore un Sheshonk. Du temps du roman
1 En égyptien du moins; car en cunéiformes Assurbanipal donne également le titre de sar «roi» à tous ceux dont les textes
égyptiens ne font que des princes héréditaires ou des préfets.
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d'ailleurs sous la XXIIIe dynastie où le pharaon officiel était de la branche tanite. La ville nommée ici
Noph a été ordinairement confondue avec Moph, Memphis ... Je suis convaincu qu'il s'agit ici de Nap
(Napi ou Napit), ville souvent citée au mont Barkal et qui doit être identique avec Napata, capitale des
états éthiopiens de Tahraku et certainement aussi de notre Piankhi Meriamen. Isaïe aurait ainsi cité les
villes royales des deux extrémités du pays Tanis et Napata.»
J'aurais quelques réserves à faire, je l'ai déjà dit, sur le souverain officiel tanite. Le seul, qui ait
à peu près joué ce rôle, est Pétibast Ier, possédant à la fois Tanis et Thèbes, tandis que les Bubastites
devenus rois fainéants, avec Tafneyt, je l'ai montré aussi, pour maire du palais, possédaient encore nomi-
nalement Memphis. Les sages conseillers du Pharaon, se disant fils des anciens rois, étaient les divers
princes bubastites et tanites qui se partageaient le pays, tout en reconnaissant l'hégémonie du Pharaon
éthiopien descendant de la XXI0 dynastie des prêtres thébains qui avaient supplanté d'abord les Rames-
sides. Il n'en est pas moins vrai que le souverain de Tanis prenait le titre de roi, comme par exemple
Osorkon III dans la stèle de Piankhi et plusieurs autres princes bubasto-tanites, nommés dans le même
monument. Piankhi leur conserva ce titre de sutèn. Mais il fit abandonner à Tafnext le cartouche usurpé
un instant par lui, et c'est ce que nous explique comment Bocchoris, qui, lui aussi, régna à Thèbes, fut
considéré comme l'unique roi de la XXIVe dynastie saïte. Quant à la XXVIe dynastie, également saïte,
qui comprend neuf rois, tout le commencement en est, nous l'avons dit, absolument parallèle aux autres
que nous venons d'examiner. J'ai déjà fait remarqué que le quatrième, Néchao, est le Niku dont parle
longuement Assurbanipal comme occupant Memphis et Sais et s'étant uni aux autres rois d'Egypte pour
se soulever contre l'hégémonie du vainqueur de Tharaku, 3e roi de la XXV" dynastie éthiopienne. Ce Niku
était lui-même un Éthiopien appartenant à la race royale et auquel la branche aînée avait accordé cet
apanage. Mais jamais il ne prit le titre de roi.1
Reste à savoir : quels sont ses trois prédécesseurs, et c'est ce que je spécifierai un peu plus loin
plus nettement encore que je ne l'avais déjà fait.
Quant à la XXIIIe dynastie, tanite, je me bornerai à rappeler les conclusions déjà données dans
mes précédentes études.
La dynastie tanite, selon la liste manéthonienne d'Africain, se compose : 1° de Pétibast 1er qui un
instant occupa Thèbes avant Piankhi, tandis que les descendants de la XXIe dynastie, après bien des occu-
pations successives de la Thébaïde et des guerres contre les Bubastites, décrites par Chabas et par moi,
régnaient à Napata et tandis que la branche aînée des Bubastites régnait à Memphis; 2° d'Osorkon III,
régnant alors à Bubastis, siège ordinaire de sa famille et qui selon M. de Rougé se soumit à Piankhi-, 3° de
Psammis, qui dut vivre du temps de Bocchoris; 4° de Zeton Sethos (d'Hérodote), qui vivait au temps de
Shabaka et même au commencement de Tahraku, et qui combattit Sennacherib comme lieutenant de
Tahraku, selon Hérodote, d'accord avec le livre des Rois, etc.
«Là s'arrête la dynastie tanite manéthonienne (à laquelle Shabaku aurait déjà enlevé Bubastis, où
il fit des très grands travaux, selon Hérodote, qui réunit souvent sur une même tête tout ce qu'il sait sur
les 50 ans de règne des Éthiopiens). Mais probablement ce n'cst-là qu'un oubli do Manéthon ou de ses
copistes, comme il y en a tant d'autres, car les cylindres d'Assurbanipal nous apprennent expressément
qu'aux précédents rois tanites avait succédé, do son temps, Pétibast II, roi de Tanis, portant le même nom
que le fondateur de la dynastie tanite Pétibast Ier, père d'Osorkon III, son aïeul.»
C'est ce Pétibast II dont notre roman démotique décrit les aventures.
De cette identification les textes que nous avons entre les mains nous fournissent des preuves mul-
tiples. Nous l'avons déjà dit, selon Assurbanipal, ce Pétibast règne à Tanis absolument comme dans notre
roman. Selon Assurbanipal aussi, il est contemporain d'un prince Pakruru qui gouverne Pisapt. Il en est
identiquement de même soit dans le roman démotique, soit dans la stèle du songe dont nous parlerons
bientôt et que remonte à la même époque des luttes entre les Assyriens d'Assurbanipal et les Éthiopiens.
Nous avons ainsi à Pisapt, sous Piankhi, Petenef, père de Pakruru; sous Assurbanipal, Pakruru; dans
la stèle du songe, Pakruru; dans le roman Pakruru.
Il en est de même pour Busiris. Sous Piankhi nous voyons mentionner successivement d'abord
Shcshonk, puis Pimai qui lui succède. Sous Assurbanipal c'est encore un Sheshonk. Du temps du roman
1 En égyptien du moins; car en cunéiformes Assurbanipal donne également le titre de sar «roi» à tous ceux dont les textes
égyptiens ne font que des princes héréditaires ou des préfets.
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