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Revue égyptologique — 13.1911

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Nr. 4
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Revillout, Eugène: Les voyelles en égyptien et dans les langues sémitiques
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https://doi.org/10.11588/diglit.11502#0146
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Eugène Kevillout.

et faut-il les supposer ad libitum en égyptien dans les transcriptions des mots écrits, comme
le font MM. Eeman, Maspero, etc.?

Au point de vue pratique, disons de suite qu'à mon avis cette école a tort. Il faut
s'en tenir à ce qu'avaient décidé, dans un congrès de Londres, de Eougé, Lepsids, Birch,
Brtjgsch,1 etc., c'est-à-dire à la transcription des lettres écrites voyelles ou consonnes. Sans
doute, cette prononciation ne représente pas celle des Egyptiens de l'époque classique. Cer-
taines variantes nous donnent parfois d'autres indications, ainsi que les transcriptions grecques
et les équivalences coptes. Mais, disons-le bien, les transcriptions contemporaines des Grecs,
comme les équivalences postérieures coptes, s'éloignent encore beaucoup plus de la pronon-
ciation qu'erman et Maspero ont fait adopter par leurs disciples, que même la lecture obvie
des signes de la vieille école égyptologique à laquelle je continue à me rattacher.

Au point de vue théorique, toutes les hypothèses sont permises; et il ne sera peut-être
pas inutile, comme terme de comparaison pour les égyptologues, de donner ici l'étude con-
sciencieuse que j'avais faite de la vocalisation hébraïque en 1868—9 dans un mémoire que
je comptais faire publier par cette école pratique des Hautes Études, fondée par mon ami
regretté Duruy et à laquelle j'avais été proposé par les directeurs de la section comme
maître de conférences de la langue hébraïque, langue que j'enseignais déjà d'une façon libre.
Mon mémoire, encore inédit, a été, du reste, fort apprécié par mon ami et ancien maître
M. Barges, professeur d'hébreu à la Sorbonne,a si expert dans les études relatives aux Hébreux
de toute époque, depuis la Thorè jusqu'à la Mishna, au Talmud et aux rabbins.

Tout ceci est bien loin de nous. Aussi ne faut-il pas s'étonner si mes idées tendent
à se modifier sur certains points d'ailleurs toujours problématiques.

1 Chabas n'en différait qu'en substituant les lettres coptes elles-mêmes aux transcriptions.

■ Voici la lettre que je reçus de lui à ce sujet : «Paris, le 3 juillet 1869. Mon cher ami, J'ai lu
avec attention votre mémoire sur la vocalisation hébraïque que vous avez soumis à mon examen : ce tra-
vail vous fait honneur. Vous vous y êtes proposé de fixer les règles que doit suivre, d'une façon absolue,
chacun des signes graphiques de la langue hébraïque, voyelles, consonnes aspirées, muettes, accents toniques
dagesh, sheva, etc. Vous avez voulu montrer par des preuves, pour ainsi dire mathématiques, que toute la
langue hébraïque procède par séries et par nuances insensibles, que les groupements en brèves et en longues,
et ainsi, du reste, tout utiles qu'ils soient, sont pourtant tout-à-fait insuffisants et superficiels; que chacune
des voyelles, par exemple, a sa physionomie qui lui est propre et qui est échelonnée suivant un ordre
d'ensemble rigoureux, depuis le patah, la plus brève de toutes les brèves, jusqu'au holem et au tséré, les
plus longues de toutes les longues. Enfin, aucune voyelle ne suit d'après vos règles des habitudes uni-
formément identiques à celle qui la précède dans la série et à celle qui la suit. Le chapitre des aspirées, sur
lequel vous avez spécialement attiré mon attention, est conçu dans le même esprit, avec la même méthode, et
vous avez montré par des preuves irréfutables que chacune des lettres de ce groupe a bien sa physionomie,
ses attractions, ses sympathies spéciales. Il y a là, incontestablement, une somme de recherches et de travail
considérable. Il est seulement à regretter que vous n'avez pas eu le temps de développer davantage vos
preuves, vos exemples et vos conclusions, car, tel qu'il est, il ne peut guère être apprécié et compris pleine-
ment que par ceux qui connaissent à fond les principes de la langue hébraïque, et qui ont vieilli dans les
études philologiques et grammaticales. En résumé, malgré des imperfections inévitables, votre travail me
paraît neuf, consciencieux, solide, et jamais Ewald lui-même, ni aucun autre grammairien, n'a soupçonné les
conclusions que vous soumettez aujourd'hui à l'attention des linguistes et des philologues. 11 faut que les
hébraïsants se retrempent de plus en plus dans l'étude minutieuse et analytique des textes, et à ce point
de vue la méthode de dépouillement complet est toujours la meilleure, quand elle est employée avec
discernement, comme je me plais à reconnaître que vous l'avez fait. Continuez donc, cher ami, votre œuvre,
car je la crois utile : et les travaux qui paraissent en France dans les Bévues sont trop souvent, hélas!,
bien superficiels. Agréez, cher ami, la nouvelle assurance de mes sentiments affectueux et dévoués

L'abbé J. J. Bauoè=,
professeur d'hébreu à la Sorbonne.»
 
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