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Reymond, Marcel
La sculpture florentine (Band 2): Première moitié du XVIe siècle — Florence: Alinari, 1898

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https://doi.org/10.11588/diglit.66050#0250
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Luca délia Robbia

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l’on rencontre est la Madone entre deux Anges du Bargello, et il est très vraisemblable
qu’elle a été faite dans l’atelier d’Andrea, à la fin du xve siècle. Les Madones rondes ont
été créées par les maîtres nés après 1425, et peut-être que la première que l’on puisse
citer est celle d’Antonio Rossellino sur le Monument du Cardinal Portogallo. Cette forme
ronde fut la forme préférée d’Antonio Rossellino; on la retrouve encore dans la Madone
du Monument de Jeanne d’Aragon et dans l’Adoration des bergers du Bargello. Cette
forme, adoptée par Mino da Fiesole, par Benedetto da
Majano et par tous leurs contemporains, fut surtout en
grande faveur à la fin du xve siècle.
Enfin, dans cette Madone Drury Fortnum, il n’est
pas jusqu’à l’inscription qui ne soit tout à fait étrange.
Comment, lorsque l’artiste modelait ce bas-relief, dans
une matière aussi vulgaire que le plâtre, alors qu’il ne
créait pas une œuvre originale, mais qu’il se contentait
de faire une reproduction, a-t-il pu croire qu’il s’agissait
là d’un évènement tellement considérable qu’il devait
être nécessaire d’en fixer le souvenir par une inscription
pompeuse, en indiquant non seulement la date de l’an-
née, mais jusqu’à celle du mois et du jour lui-même?
Cette inscription paraîtra d’autant plus anormale, qu’aucune inscription n’a été relevée sur
les œuvres de Luca délia Robbia, et qu’on en citerait à peine quelques unes sur les œuvres
les plus célèbres du xve siècle.
Et si chacun des arguments que je viens d’énumérer n’a pas une grande valeur
par lui-même, il est impossible de ne pas reconnaître la force qu’ils acquièrent par leur
réunion.
Si cette Madone n’est pas un pastiche fait au xixe siècle, question que je ne poserai
même pas, n’ayant pas les éléments pour la discuter, je la considère comme une œuvre
faite dans les dernières annés du xve siècle, par un sculpteur qui a su grouper, dans son
œuvre, quelques caractères, en très petit nombre, de Luca délia Robbia, et des caractères
bien plus nombreux de l’art d’Antonio Rossellino.
Nous savons positivement par Vasari combien les imitations des œuvres d’art ont
été nombreuses dès la fin du xve siècle. Vasari commence ainsi la Vie de Vellano de Pa-
doue : « On pousse si loin l’imitation des œuvres d’art, que souvent il faut avoir, pour ainsi
dire, plus que de bons yeux, pour découvrir quelque différence entre l’original et l’imi-
tation; et il est bien rare qu’un disciple appliqué ne s’assimile pas, en grande partie tout
au moins, la manière de son maître. Vellano s’appliqua avec tant de soin à contrefaire la
manière de Donatello que ceux qui ne sont pas prévenus confondent ses œuvres avec
celles de cet artiste. »

Madone Drury Fortnum
du Musée d’Oxford


Peut-être trouvera-t-on que j’ai insisté trop longuement sur la Madone Drury Fort-
num. Mais la matière m’a paru assez délicate et assez importante pour motiver cette Ion-
 
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