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Rocznik Historii Sztuki — 29.2004

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Merle Du Bourg, Alexis: Les Rubens et duc de Richelieu: nouveaux documents, nouvelles perspectives
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https://doi.org/10.11588/diglit.14537#0017
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LES RUBENS ET DUC DE RICHELIEU. NOUVEAUX DOCUMENTS, NOUVELLES PERSPECTIVES

! 1

Duc de Richelieu, réapparaît en 1687 après avoir été décrit par de Piles dès 167735. Nous nous garderons
bien, par conséquent, d'affirmer que le contrat de 1687 concernait tous les tableaux de Rubens que possédait
alors Richelieu.

Cette opération spectaculaire d'avril 1687 semblait indiquer que, contre toute attente, les tableaux du
duc avaient trouvé preneur pour un prix moyen excédant les prisées déjà étonnantes des Rubens inventoriés
en 1684 et que le pari spéculatif du duc, auquel on a trop souvent voulu réduire toute l'affaire en se fiant
aux pamphlets des Poussinistes prompts à dénoncer dans la promotion de Rubens orchestrée par Richelieu
et de Piles (ainsi que Picart) « une intrigue adroite de negotians de tableaux de Flandre »36, avait porté ses
fruits. En vérité, il n'en est rien.

La vente à Guyot dissimulait, en fait, un contrat de gage en faveur de Millieu, garantissant le paiement
d'une dette de plus de 100 000 1. C'est ce que nous apprennent, outre un acte passé devant notaire le même
jour, une série de documents, factums, etc., résultant d'un long conflit opposant Richelieu et Millieu, conflit
relatif, précisément, au bail général de 1687 et aux dettes que le duc avait contractées envers Millieu dès le
début des années 1680. Le 18 avril 168737, Guyot reconnut, en effet, devant notaires que le même jour, le
duc de Richelieu lui avait vendu « douze tableaux qui sont originaux de Rubens garnis de leurs bordures
sculptées et dorées moyennant la somme de cent mil livres ». L'acte précisait cependant, aussitôt, que « la
vérité est néanmoins que ledit seigneur duc de Richelieu pour ce présent n'a point entendu luy vendre lesdits
tableaux mais qu'en passant le bail que ledit seigneur duc luy a fait aussy cedit jour... il a esté convenu que
lesdits tableaux seraient baillés et délivrés comme ils l'ont en effet esté audit sieur Guyot pour assurance et
nantissement de la somme de cent trente trois mil cinq cents livres que ledit sieur Guyot a payée, fournie
et avancée audit seigneur duc - en marge : et encore de celle qu'il doit avancer audit seigneur duc dans un
an prochain sur ledit bail - que le susdit bail et lesdits tableaux demeureront en la possession dudit sieur
Guyot jusqu'à ce qu'il ayt esté entièrement payé et remboursé de ladite somme de cent trente trois mil cinq
cents livres et autres avances et s'il arrivoit par quelque cas imprévu tel qu'il put estre que ledit sieur Guyot
ne put estre payé et remboursé de tout ou partie de la susdite somme de cent trente trois mil cinq cents livres
et autres avances pour ledit bail et conformément à iceluy en ce cas ladite vente desdits tableaux sortira son
effet jusqu'à la valeur et à concurrence de la somme qui se trouvera due pour lors audit sieur Guyot, et dont
il n'aura pu estre remboursé en vertu de la stipulation portée audit bail, sans néanmoins que ledit nantissement
empesche ledit sieur Guyot de se pourvoir pour le payement et ce qui se trouvera luy estre deub contre sur
les autres biens tant meubles qu'immeubles dudit seigneur Duc en cas que lesdits tableaux ne se trouvassent
pas suffisants ou qu'il ne voulut pas les garder pour le payement de son deub - est bien entendu que lorsque
ledit sieur Guyot aura esté entièrement payé et remboursé tant de la somme de cent trente trois mil cinq
cents livres que de celle qu'il doit encore payer et avancer audit seigneur duc dans un an prochain aux
termes dudit bail en principal et intérests lesdits Tableaux seront rendus audit seigneur Duc et à cette fin
a esté collée une étiquette au dos de chacun desdits Douze Tableaux qui a esté cotée et paraphée de la main
dudit seigneur duc... ».

A nouveau, c'était donc Léon Guyot et non Millieu qui semblait être en affaire avec le duc. Une série
de factums permet cependant d'éclairer les dessous de la transaction. C'est notamment le cas d'un document,
datant apparemment de 1693 intitulé Facîum pour le Sieur Millieu trésorier des revenus casuels, créancier
par compte arrestés devant deux notaires le 29 janvier 1692 de 110 586 L, 13 s., 4 d. et en cette qualité
défendeur contre Monsieur le Duc de Richelieu débiteur desdits 110 586 l. 13 s. et 4 d. Demandeur en
requeste afin de surséance au payement de la dite somme...3*. Dans ce mémoire, Millieu faisait principalement
valoir qu'il avait avancé à Richelieu une somme dont il estimait le montant total à 166 000 1. Il précisait que
les premières avances avaient été versées en mars 1682, alors qu'il était déjà fermier des terres du duché de
Richelieu. Il affirmait, en outre, que c'était à la demande du duc qu'il avait accepté « le bail général de tous
ses Domaines, mesme de ses sels de Brouage ». Mais ce bail s'était, en fait, révélé être un moyen pour le
duc « de tirer de luy une grosse avance pour satisfaire nombre de ses créanciers qui allaient mettre tous ses

35 II est tentant d'en déduire que « Le Massacre des Innocents » se trouvait alors au château de Richelieu dont l'inventaire,
s'il fut dressé, ne nous est pas parvenu.

36 Lettre d'un amy a un provincial (T h u i 11 i e r, cité note 8, p. 183).

37 Arch. nat., M.C., XXIII, 369.

3X Bibl. nat., Morel de Thoisy, 109, fol. 1-4.
 
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