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https://doi.org/10.11588/diglit.23870#0788
— Nom de D...! j'ai perdu ma liste chez la baronne!
— Son surnom y est?...
— Parbleu!... et sa mère : Les tripes à la mode de Kant, et son mari : Le sot à charbon, et son peintre : L'Apelle à ordtifes..\
— Bah!... elle se consolera en y ajoutant les nôtres.
de la Légion d'honneur pour services exceptionnels... mais c'est
égal, je suis bien sûr que l'opérette a manqué à nos souverains
et qu'ils sont repartis « pensifs vers le fief paternel » en songeant
que ce n'était plus ça. Paoli ! Pas au lit!
Et cependant cette musique qui adoucit les mœurs monar-
chiques dans le concert européen, reprend peu à peu droit de
cité dans nos théâtres. Après l'Athénée, voici le Palais-Royal qui
rétablit son orchestre et les Bouffes-Parisiens reviennent fran-
chement au genre qui a fait leur gloire. Voyez-voUs, on ne sau-
rait nier l'influence des milieux, et si la comédie n'a jamais pu
s'acclimater passage Choiseul, c'est que trop de refrains d'Or-
phée aux enfers étaient restés accrochés aux frises. Que fait
aujourd'hui une jolie femme qui veut rester honorablement dans
le sentier de la vertu? Elle prend des leçons de musique, avec
l'espoir d'être engagée, un jtmr, soit par M. Gailbard, en faisant
les délices de... Capoul, soit par M. Carré, soit par les frères
Isola qui ne reculeront devant aucun sacrifice.
C'est à cet état d'âme que nous devons les conversions de
Mmes Margyl, Cavalieri, et bientôt celle de la jolie Castera,
sœur de Clémence de Pibrac. Et ce n'est pas un si mauvais pla-
cement, vous savez, bien que ça ne soit pas un placement de
père de famille. Un manager américain vient d'offrir à Mme Lina
Cavalieri — qu'il ne faut pas confondre avec Rusticana — un
engagement dé trois ans, aux conditions suivantes : sept mille
francs par représentation pendant la première année; cent cin-
quante mille francs, pour toute la saison, pendant la seconde
année, et cent quatre-vingt mille francs pour la troisième. ■-
Décidément, la musique continue â justifier sa définition: « Lé
plus cher des bruits, » et il vaut mieux chanter sur une scène
lyrique que d'exhiber des chameaux et des girafes, comme la
comtesse de Lagrange.
» Qui se souvient encore de la fantaisiste Léa d'Asco qui joua
le Petit Due, en son temps, aux Folies-Dramatiques, et faisait
de catapUltueuses apparitions, au cirque, Coiffée d'un chapeau à
la Lâroche-Jacquelin? Elle éiait devenue comtesse de Lagrange,
et propriétaire du jardin zoologique de Cimiez. Or, voici que les
Petites Affiches annoncent la liquidation judiciaire de la dame
Girard, Victorine-Emilie, veuve de Lagrange.
C'est bien elle, -et quelques quinquagénaires évoqueront, en
lisant ces quelques lignes, le souvenir attendri de cette blondi-
nette souriante qui recevait, habillée en Turque, dans l'hôtel
oriental, bâti par de Lesseps, rue Jean-Goujon. Léa était si
drôle, en Turque ! Quel malheur que les puissances, et même
les impuissances, n'aient pas voulu lui imposer quelques con-
trôleurs des finances, quittes à saisir l'île de Lesbos !
Dans la même feuille qu'on ne lit pas assez, nous avons trouvé
un intéressant compte rendu relatif à une assemblée de la Com-
pagnie nouvelle des Chalets de commodité. Le siège est place
de Valois, et la réunion de ce cabinet a été présidée avec aisance
par M. Porte qui doit plutôt être fermé. Je n'ai pas de conseil
financier à vous donner, mais ce doit être un bon papier, et il y
a riche dans Richer.
Autre assemblée, mais plus tumultueuse celle-là, au théâtre
des Nouveautés, où la Société des auteurs dramatiques s'était
réunie pour prendre des mesures énergiques contre le trust.
— La pièce est-elle amusante ? demandait M. Richepin en
s'asseyant, résigné, dans un fauteuil d'orchestre.
— Ce sera moins drôle que Florette et Patapon, répondit
M. Wolf, mais ce sera plus mouvementé.
Le fait est que ce fut tumultueux, et M. Bernstein, très emballé
et très choquant, fulmina contre M. Tristan Bernard, paisible et
doux, réfugié dans sa barbe de grand prêtre assyrien, Ninus de
Lenclos, pour ceux qui aiment les sobriquets. La note comique
fut apportée par un directeur marseillais qui nous raconta ses
déboires, avec le plus pur accent de la Cane bière. On eût cru
entendre Tauffenberger. M. Fursy voulut déposer un ordre du
jour, mais comme ce n'était pas une « chanson rosse », on ne
voulut rien entendre, et le président, M. Paul Gavault, qui avait
envoyé chercher la cloche du régisseur, agitait ce bourdon à
tour de bras, sans pouvoir rétablir l'ordre.
Ah ! le métier de M. Doumër ne doit pas être gai tous les
jours !
Enfin, l'on annonce, pour le 20 de ce mois, une nouvelle
assemblée générale présidée par M. Ohnet, qui préside si bien
qu'on l'a surnommé le Doumer II. « Ohnet soit qui mal y pense ! >>
On jugera le cas de M. Michel Carré qui a une pièce reçue à
l'Opéra-Comique, chez M. Carré, après avoir pris l'avis de
M. Poincaré.
Et tout se passera carrément.
Snob.
— Son surnom y est?...
— Parbleu!... et sa mère : Les tripes à la mode de Kant, et son mari : Le sot à charbon, et son peintre : L'Apelle à ordtifes..\
— Bah!... elle se consolera en y ajoutant les nôtres.
de la Légion d'honneur pour services exceptionnels... mais c'est
égal, je suis bien sûr que l'opérette a manqué à nos souverains
et qu'ils sont repartis « pensifs vers le fief paternel » en songeant
que ce n'était plus ça. Paoli ! Pas au lit!
Et cependant cette musique qui adoucit les mœurs monar-
chiques dans le concert européen, reprend peu à peu droit de
cité dans nos théâtres. Après l'Athénée, voici le Palais-Royal qui
rétablit son orchestre et les Bouffes-Parisiens reviennent fran-
chement au genre qui a fait leur gloire. Voyez-voUs, on ne sau-
rait nier l'influence des milieux, et si la comédie n'a jamais pu
s'acclimater passage Choiseul, c'est que trop de refrains d'Or-
phée aux enfers étaient restés accrochés aux frises. Que fait
aujourd'hui une jolie femme qui veut rester honorablement dans
le sentier de la vertu? Elle prend des leçons de musique, avec
l'espoir d'être engagée, un jtmr, soit par M. Gailbard, en faisant
les délices de... Capoul, soit par M. Carré, soit par les frères
Isola qui ne reculeront devant aucun sacrifice.
C'est à cet état d'âme que nous devons les conversions de
Mmes Margyl, Cavalieri, et bientôt celle de la jolie Castera,
sœur de Clémence de Pibrac. Et ce n'est pas un si mauvais pla-
cement, vous savez, bien que ça ne soit pas un placement de
père de famille. Un manager américain vient d'offrir à Mme Lina
Cavalieri — qu'il ne faut pas confondre avec Rusticana — un
engagement dé trois ans, aux conditions suivantes : sept mille
francs par représentation pendant la première année; cent cin-
quante mille francs, pour toute la saison, pendant la seconde
année, et cent quatre-vingt mille francs pour la troisième. ■-
Décidément, la musique continue â justifier sa définition: « Lé
plus cher des bruits, » et il vaut mieux chanter sur une scène
lyrique que d'exhiber des chameaux et des girafes, comme la
comtesse de Lagrange.
» Qui se souvient encore de la fantaisiste Léa d'Asco qui joua
le Petit Due, en son temps, aux Folies-Dramatiques, et faisait
de catapUltueuses apparitions, au cirque, Coiffée d'un chapeau à
la Lâroche-Jacquelin? Elle éiait devenue comtesse de Lagrange,
et propriétaire du jardin zoologique de Cimiez. Or, voici que les
Petites Affiches annoncent la liquidation judiciaire de la dame
Girard, Victorine-Emilie, veuve de Lagrange.
C'est bien elle, -et quelques quinquagénaires évoqueront, en
lisant ces quelques lignes, le souvenir attendri de cette blondi-
nette souriante qui recevait, habillée en Turque, dans l'hôtel
oriental, bâti par de Lesseps, rue Jean-Goujon. Léa était si
drôle, en Turque ! Quel malheur que les puissances, et même
les impuissances, n'aient pas voulu lui imposer quelques con-
trôleurs des finances, quittes à saisir l'île de Lesbos !
Dans la même feuille qu'on ne lit pas assez, nous avons trouvé
un intéressant compte rendu relatif à une assemblée de la Com-
pagnie nouvelle des Chalets de commodité. Le siège est place
de Valois, et la réunion de ce cabinet a été présidée avec aisance
par M. Porte qui doit plutôt être fermé. Je n'ai pas de conseil
financier à vous donner, mais ce doit être un bon papier, et il y
a riche dans Richer.
Autre assemblée, mais plus tumultueuse celle-là, au théâtre
des Nouveautés, où la Société des auteurs dramatiques s'était
réunie pour prendre des mesures énergiques contre le trust.
— La pièce est-elle amusante ? demandait M. Richepin en
s'asseyant, résigné, dans un fauteuil d'orchestre.
— Ce sera moins drôle que Florette et Patapon, répondit
M. Wolf, mais ce sera plus mouvementé.
Le fait est que ce fut tumultueux, et M. Bernstein, très emballé
et très choquant, fulmina contre M. Tristan Bernard, paisible et
doux, réfugié dans sa barbe de grand prêtre assyrien, Ninus de
Lenclos, pour ceux qui aiment les sobriquets. La note comique
fut apportée par un directeur marseillais qui nous raconta ses
déboires, avec le plus pur accent de la Cane bière. On eût cru
entendre Tauffenberger. M. Fursy voulut déposer un ordre du
jour, mais comme ce n'était pas une « chanson rosse », on ne
voulut rien entendre, et le président, M. Paul Gavault, qui avait
envoyé chercher la cloche du régisseur, agitait ce bourdon à
tour de bras, sans pouvoir rétablir l'ordre.
Ah ! le métier de M. Doumër ne doit pas être gai tous les
jours !
Enfin, l'on annonce, pour le 20 de ce mois, une nouvelle
assemblée générale présidée par M. Ohnet, qui préside si bien
qu'on l'a surnommé le Doumer II. « Ohnet soit qui mal y pense ! >>
On jugera le cas de M. Michel Carré qui a une pièce reçue à
l'Opéra-Comique, chez M. Carré, après avoir pris l'avis de
M. Poincaré.
Et tout se passera carrément.
Snob.