— Comment intitulez-vous cela?
— Morceau choisi. C’est celle de mes œuvres où j’ai mis le meilleur de moi-même.
Dessin de Carlègt/e.
bares argousins. Et ce sera ma gloire d’avoir
le premier signalé sa présence sur les trot-
toirs fleuris de notre Babylone.
Ce n’est pas en entendant chanter le rossi-
gnol qu’Yvonne sentit naître en elle la divine
étincelle, car Brest, que je sache, ne recèle
en ses pluviâtres carrefours aucune de ces
bestioles mélodieuses. Non. Les récits miri-
fiques qu’elle recueillit de la bouche des
voyageurs touchant les galantes poétesses
japonaises décidèrent seuls de sa vocation.
A l’instar des beautés du Yoshiwara, elle
a donc mis à l’arc de Cupidon une corde se-
conde. Mais qu’on se rassure : celle-ci n’est
que pour accompagner la première, non pour
lui nuire. Oyez plutôt :
Un soir que, parmi les plis de son kimono
brodé, cheveux dénoués et yeux épars, elle
rimait dans son boudoir, sa dame d’atours et
de fourneaux, la vint avertir qu'un seigneur
apparemment riche désirait lui parler.
Une rime d’or, justement, se présentait...
Furieuse d’ètre interrompue, Yvonne allait
sauter aux yeux de son impudente camériste,
quand, du fond de la pièce, le calendrier, en
son muet langage chiffré, lui rappela que la
lin du mois était proche...
La belle déracinée alors se ravisa :
— Bast! fit-elle, puisqu’il veut m’entrete-
nir, fais-le entrer! Après tout, l’inspiration
reviendra demain, — tandis que lui, ne re-
viendrait peut-être pas...
Ainsi prouva-t-elle que les' sirènes, habi-
tuées qu’elles sont aux choses de la mer, per
dent bien rarement le Nord.
George Auiuol.
LA POÉTESSE PRATIQUE
Pendant qu’un tas d’hurluberlus et de noir-
voyants gémissent à pierre fendre sur l’hor-
rible prosaïsme de ce temps, qu’ils prétendent
empoisonné de pétrole et crotté de scan-
dale jusqu’aux oreilles, je me réjouis, moi,
de voir notre vieille poésie française plus vi-
vace et plus prolifique que jamais!
Que le Cric me croque, si chaque matin ne
m'apporte pas l’écho d’une chanson nouvelle
et toujours savoureuse I
Après Emile Despax, c’est Abel Bonnard...
Et voici qu’à la suite de Louise Labé, qui; en
un vers véhément, invitait si bellement son
doux ami au batifolage, il y aura de ça tan-
tôt quatre cents ans, voici, dis-je, que de
toutes parts les femmes prennent le luth.
Celle-ci ayant serti les « gemmes noires »
décroche le laurier que tressa un journal fé-
minin. Cette autre apprivoise l’abeille, cala-
mistré le persil, chante le los de la salade
smaragdine et, carrément, se range sous la
bannière du vieux Priape, — dieu des jar-
dins.
Les courtisanes elles-mêmes se mettent à
l’œuvre, les courtisanes qui, pour on ne sait
quel motif, sont inféodées à la même divi-
nité — bien que si rarement bucoliques!
Au nombre de ces dernières, citerai-je, sans
avoir l’air d’un niais, la belle Yvonne de
Penmarch ? Certes oui, car si Demain la
guette avec le harpon d’or de la célébrité,
elle est à cette heure encore inconnue.
De Brest, en Armorique, où elle dispensait
l’opium aux navigateurs de bonne volonté,
elle fut chassée l’autre semaine par de bar-
il y a vingt-deux ans que je peins la Source... Hélas! je. suis toujours à see!
yessio de Torhé Esquius
— Morceau choisi. C’est celle de mes œuvres où j’ai mis le meilleur de moi-même.
Dessin de Carlègt/e.
bares argousins. Et ce sera ma gloire d’avoir
le premier signalé sa présence sur les trot-
toirs fleuris de notre Babylone.
Ce n’est pas en entendant chanter le rossi-
gnol qu’Yvonne sentit naître en elle la divine
étincelle, car Brest, que je sache, ne recèle
en ses pluviâtres carrefours aucune de ces
bestioles mélodieuses. Non. Les récits miri-
fiques qu’elle recueillit de la bouche des
voyageurs touchant les galantes poétesses
japonaises décidèrent seuls de sa vocation.
A l’instar des beautés du Yoshiwara, elle
a donc mis à l’arc de Cupidon une corde se-
conde. Mais qu’on se rassure : celle-ci n’est
que pour accompagner la première, non pour
lui nuire. Oyez plutôt :
Un soir que, parmi les plis de son kimono
brodé, cheveux dénoués et yeux épars, elle
rimait dans son boudoir, sa dame d’atours et
de fourneaux, la vint avertir qu'un seigneur
apparemment riche désirait lui parler.
Une rime d’or, justement, se présentait...
Furieuse d’ètre interrompue, Yvonne allait
sauter aux yeux de son impudente camériste,
quand, du fond de la pièce, le calendrier, en
son muet langage chiffré, lui rappela que la
lin du mois était proche...
La belle déracinée alors se ravisa :
— Bast! fit-elle, puisqu’il veut m’entrete-
nir, fais-le entrer! Après tout, l’inspiration
reviendra demain, — tandis que lui, ne re-
viendrait peut-être pas...
Ainsi prouva-t-elle que les' sirènes, habi-
tuées qu’elles sont aux choses de la mer, per
dent bien rarement le Nord.
George Auiuol.
LA POÉTESSE PRATIQUE
Pendant qu’un tas d’hurluberlus et de noir-
voyants gémissent à pierre fendre sur l’hor-
rible prosaïsme de ce temps, qu’ils prétendent
empoisonné de pétrole et crotté de scan-
dale jusqu’aux oreilles, je me réjouis, moi,
de voir notre vieille poésie française plus vi-
vace et plus prolifique que jamais!
Que le Cric me croque, si chaque matin ne
m'apporte pas l’écho d’une chanson nouvelle
et toujours savoureuse I
Après Emile Despax, c’est Abel Bonnard...
Et voici qu’à la suite de Louise Labé, qui; en
un vers véhément, invitait si bellement son
doux ami au batifolage, il y aura de ça tan-
tôt quatre cents ans, voici, dis-je, que de
toutes parts les femmes prennent le luth.
Celle-ci ayant serti les « gemmes noires »
décroche le laurier que tressa un journal fé-
minin. Cette autre apprivoise l’abeille, cala-
mistré le persil, chante le los de la salade
smaragdine et, carrément, se range sous la
bannière du vieux Priape, — dieu des jar-
dins.
Les courtisanes elles-mêmes se mettent à
l’œuvre, les courtisanes qui, pour on ne sait
quel motif, sont inféodées à la même divi-
nité — bien que si rarement bucoliques!
Au nombre de ces dernières, citerai-je, sans
avoir l’air d’un niais, la belle Yvonne de
Penmarch ? Certes oui, car si Demain la
guette avec le harpon d’or de la célébrité,
elle est à cette heure encore inconnue.
De Brest, en Armorique, où elle dispensait
l’opium aux navigateurs de bonne volonté,
elle fut chassée l’autre semaine par de bar-
il y a vingt-deux ans que je peins la Source... Hélas! je. suis toujours à see!
yessio de Torhé Esquius
Werk/Gegenstand/Objekt
Titel
Titel/Objekt
Le rire: journal humoristique
Sachbegriff/Objekttyp
Inschrift/Wasserzeichen
Aufbewahrung/Standort
Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Inv. Nr./Signatur
G 3555 Folio RES
Objektbeschreibung
Maß-/Formatangaben
Auflage/Druckzustand
Werktitel/Werkverzeichnis
Herstellung/Entstehung
Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Entstehungsort (GND)
Auftrag
Publikation
Fund/Ausgrabung
Provenienz
Restaurierung
Sammlung Eingang
Ausstellung
Bearbeitung/Umgestaltung
Thema/Bildinhalt
Thema/Bildinhalt (GND)