Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0119
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
L ASTRONOME ET LE FINANCIER

— Tous nos calculs sont ratés : il paraît que le soleil est plus loin de
la terre qu’on ne croyait !...

— Mais non, c’est qu’il se trotte pour que vous lui fichiez la paix et
parce que l’impôt sur le revenu le dégoûte.

LES POTINS DE PARIS

Par SNOB

Sans revenir sur un pugilat mondain entre le « Lohengrin en
disponibilité » et « le héros de Crachablanca » (ce sont les
avocats qui parlent, tu parles!), je ne veux retenir de l’incident
que le rôle important joué par le concierge dans nos causes
très,., parisiennes.

Dans l’affaire Svveton, nous avions déjà eu l’ineffable Jandeau,
Don Juandeau l’irrésistible, voyant toutes les femmes suspendues

— comment dirais-je? — à son cordon vainqueur. Cette fois,
c’est encore un concierge qui montre le bout de l'oreille,
M. Four. Le nom serait déplorable pour un directeur de théâtre,
mais pour un concierge, il est d’une agréable euphonie.

M. Four loue, rue Cambon, trois petites chambres, une au
prince, une à MlleZizi dont on ne nous dit pas le nom de famille

— Panpan, peut-être — et une reste à la disposition des gens
partisans de l’union libre dans l’Etat libre, et du contrat de
louage à l’heure et à la course. Quelle réclame pour le petit
Four! Il va, du coup, pouvoir étendre son petit commerce de
sous-location, assisté de Mlle Zizi qui fera plus que le maximum.
Et, si M. Four débordé refuse d’ouvrir aux clients pressés, ceux-
ci lui chanteront la polka des concierges, en manière de séré-
nade à Zizi :

Je veux m’en Fourrer, Fourrer jusque-là!

Union libre, divorce, mariage, ces trois solutions du bonheur
humain sont, en ce moment, très discutées. Un journal a ouvert
ses colonnes aux discussions qu’elles soulèvent, et ce fut l’oc-
casion de confessions lamentables.

Jamais, même à Londres, on n’avait lavé autant de linge sale,
de linge de famille. Un mari nous raconte qu’on ne l’avait
jamais placé qu’à la gauche de sa fiancée. Côté du cœur, pen-
sait-il, le naïf! Mais, une fois marié, il se place à droite de son
épouse — il avait peut-être ses habitudes, cet homme — et là,
il découvre que sa douce compagne a une otite de l’oreille
droite qui exhale une odeur épouvantable. La marchandise
livrée n’était pas fraîche. Et la victime de s’écrier : « Que serais-
je devenu, si je n’avais pas eu le divorce? » Au fait, que serait-il
devenu? J’avoue que je n’en sais rien; peut-être serait-il mort
incompris, sans avoir eu l’oreille de sa compagne avariée.

A côté de ces divorcés par accident, il y a les joyeux céliba-

taires (eœli beaiitas) qui éprouvent le besoin de crâner, et de
manifester une allégresse plus ou moins sincère : « J’use de
l’union libre — un peu plus il nous dirait combien de fois par
semaine — et je m’en trouve bien. L’esissayer, c’est l’adopter. »
Tous nos compliments, cher monsieur. Et puis il y a le gogue-
nard et l’ironique qui fait de l’esprit sur le dos de sa malheu-
reuse épouse qu’il ne veut plus jamais voir dans cette posture :

« Belle madame, si votre avocat avait goûté du mariage,
jamais, à moins qu’il ne veuille me faire gagner le ciel par le
martyre, il n’aurait pu vous engager à me faire la proposition
de reprendre la vie commune. Si vous avez du goût pour l’amour
légal, vous pouvez continuer la culture des poires, mais dans un
autre jardin que le mien, etc., etc. »

Ah! qu’en termes galants... Et puis il y a le négociant qui a
pincé sa femme avec un jeune instituteur, et qui a voulu divor-
cer. Mais l’enfant tombe malade, et le négociant vient le voir et
rencontre sa femme au chevet. On cause... L’enfant guéri, les
conversations continuent. Tout à coup l’épouse triomphante
excipe, contre le divorce demandé, « l’exception de réconcilia-
tion ».

— Et la preuve, dit-elle, c’est que je lui recousais ses boutons
de culotte !

Est-ce bien une preuve? A la suite de quels exercices les bou-
tons de culotte étaient-ils partis? Voilà le tribunal très embar-
rassé. Il est facile, à la rigueur, de voir qu’un bouton a été
recousu ; mais comment s’assurer de visu qu’une boutonnière a
été... décousue surtout lorsqu’une boutonnière n’est pas vierge?
Et tout cela, à cause de la pièce de M. Bourget! Les magis-
trats doivent trouver que, vraiment, on les dérange bien sou-
vent pour l’application de la loi naturelle, et de la plus natu-
relle des lois.

Et la garde qui veille aux barrières de l’Escurial — ollé ! —
n’en défend pas nos rois. Il appert, en effet, qu’Alphonse XII
n’était pas un type dans le genre de ce bon « Leyopol », si ten-
dre pour ses bâtards. L’ancêtre, le Iioi-Soleil agissait mieux.
La situation des deux fils que le roi malingre eut de la plantu-
reuse cantatrice Elena Sanz serait assez précaire, et, comme la
faim fait sortir les loups du bois et même du maquis de la pro-
cédure, les bâtards ont intenté un procès à AlphonseXIII, leur
frère... de laid.

Ils produisaient des lettres signées AIfonso — ce nom qui est
tout un programme, comme on disait du député Merlou — et le
tribunal, pour vérifier l’authenticité des promesses royales, vou-
lut les comparer avec les signatures d’Alfonso XII apposées au
bas du contrat de mariage avec dona Mercedés et dona Maria

NOUVEAU CODE DU MARIAGE

Au bout de trois ans, toute union libre deviendra un mariage régulier
trois années plus tard, tout mariage sera de droit transformé en divorce;
après trois autres années, les divorcés seront considérés comme céliba-
taires, et on recommencera...
Image description
There is no information available here for this page.

Temporarily hide column
 
Annotationen