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Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0199
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LES AGENTS POLYGLOTTES

— Ça n’est pas d’être « glotte » qui me parait diffïcultueux, c’est
d’être poli...

(nouvelle création)

— La rue Washington?

— Tachez moyen de m’traduire votre question en anglais, sans ça Je
vous fiche au bloc et je vous fais traduire vous-même en correctionnelle.

LES POTINS DE PARIS

Par SNOB

Allons, ça marche, ça marche, comme disait Rodin.

Jusqu’ici les apaches et les gigolettes avaient seuls le mono-
pole des surnoms et du tatouage. On était « le Frisé du Sébasto »,
« le Rouquin de Ménilmuche », « la Terreur de Grenelle », ou
« Casque d'or». Maintenant on se tatoue dans le meilleur monde,
et un de nos clubmen terminait dernièrement sa lettre d’amour
à la duchesse par la formule : « Tout tatoué ».

De plus, un journal mondain, très bien informé, nous citait
quelques lignes d’une lettre reçue par Mme la comtesse de L. B. :

« ... Il faut d’abord que vous sachiez que, Beauminet rencon-
trant Peau de satin, il y eut bataille, puis assignation, jugement,
scandale, et tout cela pour Toison d'or. »

La comtesse qui reçut le mot porte, elle-même, le gentil sur-
nom d'Es suie-Plume, et il existe une certaine madame Sans-
Pantalon qui fait beaucoup parler d’elle. C’est certainement un
sobriquet très suggestif. Bonsoir, madame la lune! Bonsoir,
madame Sans-Pantalon! « Si c’était, on le saurait, » disait un naïf,
à propos de la télégraphie sans fil. Il parait qu’on sait la dame
sans pantalon.

La désignation serait un peu vague, en plein été; mais, en
mars, avec le froid que nous subissons, on ne pourra s’empêcher
de s’écrier, en voyant le « joli point de vue » : « Tiens, c’est vous,
madame! »

Ah! combien la princesse Dagmar a plus de tenue! Vous savez
que cette princesse danoise doit épouser prochainement le
troisième fils du prolifique empereur Guillaume II, qui a écrit
en lettres d’or au-dessus du lit conjugal — il écrit beaucoup —
cette devise dont l’impératrice comprend toute la mélancolie :
« Coucher — Accoucher

Or, une ancienne coutume que la famille de Hohenzollern a
sans doute empiuntée à nos pipelets en goguette, veut que les
amies de la mariée, le matin des noces, lui tiennent les mains,
comme pour lui faire une douce violence, tandis qu’un ami du
marié se glisse sous les jupons princiers et détache une des
jarretières de l’épousée, en s’égarant dans des sentiers remplis
d’ivresse. On coupe alors la jarretière fanfreluchée en petits
morceaux que les personnes présentes se partagent et gardent,
en guise de souvenir folâtre. « Précieux souvenir, si vous êtes
fidèle! » comme on dit sur les images de première communion.

Or, la princesse Dagmar n’admet pas du tout ce genre de

plaisanterie en honneur chez le restaurateur Gillet. Elle défend
ses mollets danois contre les incursions germaines, et ses
parents la soutiennent dans sa révolte contre les prétentions
érotiques des Hohenzollern.

Va-t-on recommencer la guerre des duchés pour ce droit de
jambage et de cuissage? Guillaume II, qui, suivant l’exemple du
mandarin chanté dans Fl( ur de thé, « fourre son nez partout »,
a eu à ce sujet une longue enirevue avec l’ambassadeur du Da-
nemark, et lui a prouvé, pièces en main, que Frédéric le Grand
lui-même avait respecté la tradition de la jarretière.

Honni soit qui mal y pense !

On ne saurait dire s’il y a, comme l’affirmait Shakespeare,
quelque chose de pourri dans le royaume de Danemark, mais la
princesse Dagmar repousse avec indignation cet ordre ou plutôt
ce désordre delà jarretière. En vain, papa beau-père offre argent,
cadeaux. Pas d’argent ! pas de cuisse !

La fiancée pourrait bien objecter qu’elle ne porte que des jar-
retelles; mais qui sait si l’on s’arrêterait devant cet obstacle ma-
tériel, et si les joyeux Teutons, hoch! hoch ! ne voudraient pas
se partager les débris caoutchoutés?

Bravo, princesse! Mais prenez garde qu’il n’y ait des imperti-
nents pour insinuer que cette fiére résistance n’a pour but que
de dissimuler les imperfections plastiques de jambes tringles à
rideaux.

Comme disait une dame de nos amies : « La pudeur, c’est la
vertu des femmes mal faites. »

Hé! hé! il y a peut-être du vrai. J’ai l’intime conviction que
MUe Spinelli ne ferait pas tant de manières.

— C’est Hercule aux pieds d’Omphale, dira la princesse, en
voyant à ses pieds le robuste descendant des Hohenzollern.

Espérons que le prince ne répondra pas :

— Oui, mais j’ai vu les fuseaux... et je file !

*

* *


MUe Anna Dolo craignait sans doute moins de montrer ses
mollets, puisqu’elle portait, sinon un poignard à la jarretière, du
moins un couteau dans ses bas.

Y placer des pièces de cent sous, passe encore, mais un couteau !
C’est en effet de cet endroit relativement secret qu’elle sortit
l’arme destinée à venger son honneur contre M. Louis, notable
commerçant.

M. Louis, qui n’avait pu voir Ramuntcho, à l’Odéon, — tout
arrive — voulut renouveler la partie de pelote basque qui a tant
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