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Le rire: journal humoristique — N.S. 1908 (Nr. 257-308)

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https://doi.org/10.11588/diglit.25440#0679
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— Y a un « Congrès de la Route » ; à quand le « Congrès du Trottoir »?

A BATONS ROMPUS

Le Congrès de la Route, qui s’est tenu la semaine dernière,
(i répondait à un besoin », ainsi que s’expriment certains repor-
ters, inconsciemment scatologiques, et je ne songe pas plus à en
nier l’utilité qu’à contester la compétence des fonctionnaires,
panachés d’ingénieurs, qui y prirent part.

J’estime, pourtant, qu’on y eût pu faire de meilleure besogne
et, surtout, qu’on eut le tort de n’y point mander les représen-
tants de certaines spécialités, si je puis dire, de voirie.

Je m’étonne, par exemple, qu’aucun » pionnier de la civilisa-
tion » n’ait figuré parmi les congressistes; je regrette aussi que,
par crainte, sans doute, d’être soupçonnés de cléricalisme, les
organisateurs n’aient point fait appel aux représentants les plus
qualifiés des divers cultes : ceux-ci n’eussent pas manqué de
dire des choses fort intéressantes, non, certes, sur les « voies de
Dieu », dont on sait bien qu’elles sont impénétrables, mais tout
au moins sur le « chemin du devoir», la « route du bien » et les
« sentiers de la vertu ».

Dans un ordre d'idées différent, oui, sensiblement différent,
on aurait pu donner intelligemment une satisfaction appréciable
tux justes revendications féminines en invitant MUe Casque
d’Or ou quelque distinguée consœur de l’amante à Manda: per-
sonne, mieux que ces éminentes professionnelles, n’est qualifié
pour parler du trottoir et du mac-à-dame.

Le grand tort du Congrès de la Route a été de se préoccuper
uniquement des richards qui roulent carrosse, sans songer aux
honnêtes gens, et même aux femmes galantes, qui vont à pied !

*

* *

L’annonce simultanée : 1° de l’organisation de cours de danse
dans les corps de troupe et 2° de la prochaine publication, par
M. Chéron, d’un Manuel du Cuisinier militaire ne permet pas,
même aux esprits les plus soupçonneux, de croire qu’en initiant
nos soldats à l’art de Terpsichore, on veuille tout simplement
les habituer à danser devant le buffet.

Loin de là! Grâce à M. le Secrétaire d’Etat à la Guerre, 1’ « or-
dinaire » va devenir extraordinaire, et les casseroles régimen-
taires, qui, hier encore, ne suggéraient que de moroses allu-
sions à l’affaire des fiches, seront désormais dispensatrices de
bonne humeur et de gueuletons savoureux. On ne dira plus
que, dans notre armée, la chère est faible.

L’indiscrétion d’un typo, employé à la composition de ce ma-
nuel impatiemment attendu, nous permet d’en donner une ma-
nière d’avant-goût. On y vante, particulièrement :

Le Potage à la Française (tous les vrais patriotes s’en réjoui-
ront);

Le Potage aux carottes (très recommandé par les médecins
majors homéopathes pour les tireurs au flanc) ;

Le Brochet au bleu, approuvé par l’immense majorité des
républicains, et le Bœuf à l’écarlate (concession aux politiciens
de l’extrême-gauche). Il est à peine besoin de mentionner que
le Poulet au blanc, royaliste, est proscrit.

Le veau sera toujours Marengo. bien entendu.

On servira fréquemment des épinards, et les gradés diront aux
hommes : « Prenez-en de la graine! » pour les induire, par
l’appât d’un généralat lointain, à rengager.

Comme, depuis le service de deux ans, il importe de distraire
de la préparation à la défense nationale le moins d’instants
possible, on ne servira jamais que des Alouettes à la minute.

Le Pigeon à la crapaudine conviendra très bien aux artilleurs,
comme, aux aérostiers, l’Epaule de mouton en ballon.

Pour marquer nos sympathies aux peuples amis ou alliés, les
« cuistanciers » confectionneront, parfois, des Perdrix à l’An-
glaise, des Salades Russes, des Nouilles à l’Italienne et des
Amourettes de mouton à /’Espagnole. Mais, tant que la question
de l’Alsace-Lorraine n’aura point été résolue d’une manière
satisfaisante, ils banniront de leurs menus, rigoureusement, les
Pommes de terre à VAllemande.

Jamais de tournedos, jamais! Ce nom seul évoque des idées
incompatibles avec la réputation mondiale du valeureux soldat
français; laissons les tournedos aux garnisons des bords de la
Sprée, où M. d’Eulenbourg compte tant d’amis : nous ne man-
geons pas de cette viande-là.

Bornons ici nos révélations sur le Manuel du Cuisinier mili-
taire; nous en avons dit assez pour faire venir l’eau à la bou-
che de nos braves troubades et pour clouer le bec, définitive-
ment, aux détracteurs systématiques qui s’en vont répétant que
M. Chéron veut nous la faire à l’oseille!

Souhaitons que les chefs de notre flotte s’inspirent de ce bel
ouvrage, véiitable monument, et qu’à bref délai ils en rédigent
un semblable à l’usage de notre armée de mer. Je n’ai point
qualité pour intervenir dans ces questions techniques ; je me
borne donc à signaler, respectueusement, à qui de droit, le
Potage à la Colbert, les diverses matelotes, marinades, les ris,
les mousses et les Pommes de terre à la quartier-maitre d’hôtel.

Espérons aussi que l’intendance renoncera à acheter des spi-
ritueux, au petit malheur, de brick et de broc, et que nos mar-
souins se pourront réconforter à l’aide de vins d’une qualité
incontestable, sans que les exhortations de leurs officiers soient
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