LE MUSÉE DE LA PARÛT.G
— Vous avez là un disque qui sent bigrement mauvais.
— C’est le mot de Cambronne.
LE RIRE DE LA SEMAINE
Nous allons recevoir, dans quelques jours, à Paris, la visite
des Dix belles de l'Ohio {U. S. A.), bit je vous prie de croire que
cela m’intéresse beaucoup plus que la visite du bourgmestre de
Bruxelles.
Il y a deux ou trois ans, l’Etat d’Ohio nous envoya déjà dix
spécimens de sa production féminine, si j’ose dire... Malheureu-
sement, c’étaient des prix de sagesse. D’ailleurs pas besoin de
le dire : cela se voyait tout de suite. Aussi, en apercevant ces
dragons de vertu, personne n’avait envie de les traiter à la hus-
sarde...
Après les vierges sages, les vierges folles... Des voici, elles
arrivent! Leurs prénoms sont un peu baroques : Minnie, Wyle,
Gertrude, etc. Mais peu importe : elles sont charmantes et c’est
l’essentiel. Malheureusement, on nous annonce que ces dix prix
de beauté sont parties rosières de Colombia et qu’elles préten-
dent ne rien perdre au cours de leurs pérégrinations en Europe.
— Telles nous sommes parties, ont-elles déclaré, telles nous
reviendrons... Rien en moins, rien en plus.
Mesdemoiselles, méfiez-vous : on s’en va deux et l’on revient
trois. Faites la règle de trois, précisément, et vous verrez...
En tout cas il faut plaindre Miss Galstroff, leur chaperon...
C’est cette demoiselle quia la charge de veiller sur ces dix...
innocences. Tant de jeunes personnes ont déjà beaucoup de
peine à sauvegarder leur innocence à elles! Qu'est-ce donc quand
il s’agit de veiller à celles de dix belles de l’Ohio !
Maintenant, voulez-vous que je vous dise? Je crains une désil-
lusion... Le bluff est bien américain, je parie que ces reeord-
women of beauty, ces plus belles gir/s in the world sont des
laiderons vraiment indignes de fouie cette réel; me. Et pourtant,
il serait bien juste que l’Amérique nous expédiât ses plus jolies
filles : nous lui envoyons bien nos plus jolis gaiçons.
Quoi qu’il en soit, Paris est dis] osé à les bien recevoir et s’il
est appelé à décerner la pomme à l’une ou l’autre de ces dix
grâces — qui sont peut-être fort maigres — il sera plus galant
que l’autre fois : il partagera, comme dirait Calino, la pomme en
dix quartiers, avec, dans chacun, un gros pépin...
*
* *
Les Américaines font beaucoup parler d’elles... Vous avez lu,
dans les journaux, le récit du match de boxe qui vient de mettre
aux prises à Fulsa (Oklahoma) deux jeunes personnes de dix-
huit ans, Mllos Bessie Martin et Nellie Bennett.
Ces rivales de Sam Mac Vea étaient dans le plus simple appa-
reil : nues, à part une légère ceinture et les gants. 11 est vrai
que les gants, c’est très habillé.
Au signal de l’arbitre, ces douces jeunes filles commencèrent
à échanger des swings, des cross, des uppercuts, des doublés du
gauche et des crochets du droit... Las! leurs jolis visages, leurs
seins, d’ailleurs très fermes, ne tardèrent pas à être zébrés de
« bleus » assez peu esthétiques.
— Plus fort! plus fort! hurlaient les spectateurs...
Et Bessie et Nellie se frappaient avec des poings convulsés.
Après six reprises, l’arbitre ou plutôt le gong ( c’est à peu près
la même chose) mit fin à la rencontre : les deux adversaires
n’avaient plus figure humaine...
Bessie, dont un œil était fermé et un sein ouvert, déclara :
— Pour me donner du courage, je me figurais que je tapais
sur mon ancien fiancé.
Nellie, dont le nez, jadis retroussé, était tout épaté (on le serait
à moins), bredouilla en crachant deux dents :
— Je voudrais embrasser l’élu de mon cœur!...
Cela ne fait rien : voila deux gaillardes dont je ne demanderai
jamais le poing, je veux dire la main... Passe encore d’épouser
une lutteuse ■ l’amour n’est en somme qu’une lutte à main plate
où il n’est pas désagréable d’avoir le dessous. Mais une boxeuse,
jamais! Une femme ne doit jamais battre son mari, même avec
des fleurs... Des coups de foudre, oui, mais pas de coups de
poing : ce n’est point ainsi que je veux qu’une femme me tape
dans l’œil.
Souhaitons donc que la boxe féminine reste un sport améri-
cain Sans compter que les Parisiennes n’ont pas besoin de con-
naître l’art du self defense pour mettre knock ont, en quelques
rounds, le combattant le plus robuste...
*
* *
M. Jules Lemaître met, lui, les points sur les i et les pieds
dans le plat : devant son habituel auditoire de snobinettes, il a
déclaré tranquillement, mais, il est vrai, dans un langage plus
académique :
— Victor Hugo était cocu... Sa femme couchait avec Sainte-
Beuve !
Et voilà... C’est gai d’être grand homme! Parce qu’il a été
l’empereur des poètes, Victor Hugo se voit aujourd’hui — si
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