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Le rire: journal humoristique — N.S. 1911 (Nr. 415-438)

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https://doi.org/10.11588/diglit.19091#0777

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S’inspirant du costume mi-parti de Réjane dans la Revue Sans-Gêne, Mme J. Bl.ch vient de se
commander, pour la prochaine Revue de l’Opéra, un costume sextuple dont ce croquis montre
l'économie.

LE RIRE AU THEATRE

J’ai perdu tout espoir d’arriver à mettre
de l’ordre dans l’emploi de mon temps et à
classer les dates de générales de chaque
semaine. J’ai essayé, loyalement, et puis j’ai
abandonné : elles sont trop !

Alors, maintenant, je vais le soir, d’un
pas désabusé, au hasard des rues éclairées,
et quand je vois un théâtre, j’entre, je
m’assieds et j’écoute la pièce, religieuse-
ment. Le lendemain, je recommence dans
un nouveau, et voilà !

Quelquefois, j’ai la chance de tomber jus-
tement sur une répétition. Ce jour-là, il y a
du bon pour mon petit article hebdomadaire.
Sinon, j’en suis quitte pour me faire une
raison et profiter de la pièce pour ma satis-
faction ou mon ennui personnels.

(L’autre jour, je suis entré comme ça à
Déjazet et j’ai demandé ingénument « si
c’était la première », puis, je m’en suis allé,
abandonnant le contrôleur évanoui de joie
dans sa boîte.)

Eh bien! quelque imparfait que soit le
procédé, j’arrive encore à m’envoyer, l’une
dans l’autre, quatre revues sur six jours (le
dimanche je me repose), tant l’année est
bonne pour les revues et tant, sur les déplo-
rables événements qui nous ont déjà attristés
en 1911, les revuistes, poussés évidemment
par le goût du lucre et par ce vague ins-
tinct de mal faire qui caractérisent leur race,
se sont évertués à bâtir des revues de toutes
tailles et de tous formats plus ou moins
richement décorées et ornées de glaces.
De sorte qu’il y a,à l’heure actuelle, beaucoup
plus de revues que d’événements dignes
d’être rétroinspectés. De sorte que la situa-
tion est la même que dans l’armée nègre
d’Haïti où il y a plus de généraux que de
soldats ; on se repasse les actualités de
main en main et, dès qu’un auteur gai a
traité comme il sied la Joeonde ou M. Guns-
bourg, le suivant vient à son tour y mettre
son petit grain de sel. A peine pansées de
leurs blessures, les pauvres, personnalités

marquantes sont recouchées de force sur le
tapis, leurs plaies débridées et inondées à
nouveau de l’huile tiède des à peu près et
des calembours.

C’est ainsi que les chiens se succèdent au
coin des mêmes bornes pour la plus grande
hygiène de leur système rénal. (J’offre tou-
jours au public un grand choix de méta-
phores de première qualité pour le prix
d’une seule, sans aucun engagement de leur
part à en acquérir plus d’une à la fois.)

*

* *

La Revue de Rip et de Bousquet chez
Réjane fait une heureuse exception à ces
lamentables règles. Il ne faut pas trop leur
répéter, de crainte de les gâter, qu’ils
savent écrire en français. Il faut le taire
soigneusement et cacher aussi que leur
revue est spirituelle, pour ce que le publie
serait capable de n’y point aller. Mais ce
n’est pas défendu de le penser.

*

* *

Au Vaudeville, le célèbre entomologiste
Fabre fait représenter une pièce charmante
sur les sauterelles et plus particulièrement
sur les sauterelles européennes importées
en Indo-Chine. C’est un éloquent plaidoyer
en faveur des idées xénophobes actuelle-
ment très répandues dans la racejaune. On
sait d’ailleurs que M. Fabre a tout récem-
ment adhéré avec éclat au parti libéral
chinois que dirige Sun-Yat-Sen et a fait
couper sa natte, ce qui est un signe des
temps nouveaux.

*

* *

Au Gymnase, Mme Rostand (Rosemonde)
et M. Rostand (Maurice) donnent un bon
petit diable qui heureusement ne ressemble
pas au livre deMme de Ségur. La divine vi-
comtesse l’a échappé belle. Ce qui est dom-
mage c’est qu’il y a des bonnes gens qui,
au lieu d’acheter à leur gosse, pour leurs
étrennes, le bon livre à couverture rose
qui a fait la joie de nos jeunes ans, le con-
duiront de préférence voir la pièce des
consanguins Rostand.

Si ça ne leur fait pas le même bien, ça
ne leur fera heureusement pas de mal.

*

* *

Au Grand-Guignol, il y a des Chinois tra-
giques et une femme charmante d’André
Myeho.

Il y a un tas d’autres choses que je
n’ai pas vues parce que, ce soir-là, il y avait
17 générales auxquelles je devais me rendre
dans la même soirée et que je n’ai pu
prendre qu’un petit morceau de chaque.
Jusqu’à ce que j’aie eu le temps de classer
tout ça dans ma tête, ça se présente un
peu sous la forme d’une tragi-comédie-
revue en 18 actes etune infinité de tableaux,
qui se joue à la fois rue Chaptal, à la
Comédie-Royale, à l’Apollo, aux Capucines,
à l’Eldorado, au Gymnase et dans bien
d’autres théâtres.

Tout de même, à mon âge, perdre toutes
mes soirées à courir comme ça les théâtres
et les caf’ conc’ !

Comme si je ne ferais pas bien mieux
d’aller me coucher?

Le médecin de service.

M. Morton qui joue le rôle du Bon Petit
Diable dans les Sauterelles d’E. Fabre aux
Folies-Bergère.

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