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Rochette, Desiré Raoul [Hrsg.]
Monuments inédits d'antiquité figurée, grecque, étrusque et romaine (Band 1): Cycle héroique — Paris, 1833

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https://doi.org/10.11588/diglit.3750#0102
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ACHILLEIDE. 91

offrent un ornement pareil. Une de ces nymphes a les pieds chaussés, particularité qui se
remarque sur beaucoup de vases grecs, de signification mystique1; elles ont toutes trois
un simple bracelet autour du poignet, et la tête nue; encore une fois, rien qui distingue
parmi elles la déesse, mère d'Achille. Quoi qu'il en soit, l'objet de la représentation elle-
même n est du moins susceptible d'aucune difficulté. C'est le prélude de la vengeance exercée
par Achille, vengeance que nous allons voir accomplie, dans son plus cruel excès, sur la
composition qui orne l'extérieur de la ciste elle-même.

Cette seconde composition, qui consiste en quatorze figures, nous montre le sanglant
sacrifice offert par Achille aux mânes de Patrocle et sur le bûcher de son ami, sacrifice
qu Homère lui-même n'indique qu'en peu de mots, et comme à regret2. Mais si le génie du
grand poète avait reculé devant des images qui n'étaient cependant offertes qu'à l'esprit, l'an-
cien artiste, qui devait les produire aux yeux, a su cependant se conformer à la même
intention, par la manière dont il a traité ce sujet, par l'ordonnance même, et sur-tout par
le style de la composition, qui est aussi pur, aussi noble, aussi élevé, que le motif en esl
barbare. On voit en même temps à quel point cet artiste s'était pénétré des idées homériques
et animé en quelque sorte de l'esprit d'Homère, par l'exactitude scrupuleuse avec laquelle
il a rendu toutes les circonstances de cette scène de l'Iliade. La figure principale est Achille,
non moins reconnaissable à son action, que par la manière, absolument conforme aux données
épiques, dont il est ici figuré. Le poète raconte, en effet, que, dans l'impatience d'accomplir
son horrible vengeance, Achille ne prit point, comme ses compagnons d'armes, le temps de
quitter son armure et de se purifier par l'ablution après le combat, mais qu'il immola douze
captifs troyens, dans l'état même où il se trouvait au sortir de la mêlée, couvert de sang,
de sueur et de poussière. Homère ajoute que, par le sacrifice d'une partie de lui-même, par
celui de sa blonde et longue chevelure qu'il avait laissée croître, conformément au vœu de
son père Pelée, pour la consacrer, à son retour, au fleuve Sperchius, Achille voulut préluder
à cet acte sanguinaire5. Or, c'est ainsi que nous le montre la composition que nous avons sous
les yeux. Achille, au milieu de ses compagnons, nus pour la plupart4 et déjà purifiés par
le bain, est encore couvert de sa cuirasse, attachée par-dessus sa tunique courte; il ne fait
que de déposer son bouclier, debout à ses pieds; et il est le seul, entre tous les témoins de
cette scène de deuil, qui ait la tête absolument rasée. Il suffirait de ce seul trait pour montrer
combien, sur ce monument vraiment grec, l'artiste est resté fidèle aux intentions du poète,
tandis que, sur la Table iliaque, sculpture d'époque romaine, Achille, avec le casque en tête,
debout, sans action déterminée, près du bûcher qui va consumer les restes de son ami, n'a
conservé presque aucun des traits du personnage homérique.

Achille, debout, en avant du bûcher, saisit d'une main par les cheveux un des captifs;
de l'autre main, il lui plonge son épée dans la gorge; le sang qui coule à grands Ilots de la

pareil usage, Scheffer, de Toraaibus, c. v; Buonarotti, Meda- (2) Homer. Iliad. xxni, 175-176:

9Uoni, p. 4o9 ; et dont l'origine étrusque, inaperçue de Visconti, ^^ Â ^^ ^^ ^ M^ç

Mus. P. Clément. III, xxi, résulte du témoignage des monuraens Xa^ ~ ^w . w  ^ ^ ^

étrusques, notamment du célèbre miroir de la naissance de

Bacclms, où le bijou en question se voit au cou des divinités (3) Idem, ibidem, xxm, 1 Ai -151.

qui assistent Jupiter, et à celui de Bacchus lui-même, Visconti, (A) Un seul des Myrmidons, le dixième dans l'ordre des per-

Mus. P. Clem. IV, tav. agg. B, 1. sonnages, a la cuirasse attachée par-dessus sa tunique courte, et

(1) Voyez entre autres, Tischbein, Vases d'Hamilion, I, les cnémides fixées au-dessus de la cheville, au moyen des

3 A ' 38 > ^ ' • èpisphyria, qui sont ici parfaitement distincts.

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