SAINT-PAUL. 5o5
placent l'époque de ce nouvel établissement en 1461. Sauvai dit que
ce fut en 1471 , et cette dernière date est en effet conforme à un mémoire
manuscrit de cette maison , et à l'inscription qui se lisoit sur la porte du
côté de la cour. Cependant les lettres-patentes de Louis XI ne sont que
de l'an 1480, et l'on voit qu'elles furent enregistrées le Ier mars de la
même année.
Ce changement éprouva d'abord quelques obstacles : l'université et les
quatre ordres mendiants y formèrent dès le principe une opposition, qu'ils
renouvelèrent en 1482. Ils furent poussés à cette démarche, à la fois
violente et illégale , par le vif désir qu'ils avoient d'établir à Paris les reli-
gieuses de Sainte-Claire , qu'ils protégeoient et qui désiroient elles-mêmes
d'obtenir un établissement dans cette capitale. Elles furent en même temps
appuyées par Anne de France , dame de Beaujeu, fille de Louis XI; et
le monarque crut ne pas devoir refuser à ses instances, en faveur de ces
religieuses, des lettres-patentes contraires à celles qu'il avoit accordées
deux ans auparavant aux filles du Tiers-Ordre. Mais (et ceci est extrême-
ment remarquable sous un règne qu'on a tant accusé de tyrannie) le
, parlement n'y eut aucun égard. Par son arrêt du 2 septembre 1482 , il
maintint les religieuses du Tiers-Ordre de Saint-François dans la possession
du couvent des Béguines, et débouta la dame de Beaujeu, l'université
et autres de leurs oppositions. Par ce même arrêt, il fut défendu aux
religieuses de Y^lve-Maria d'ériger en ce lieu aucun couvent de Cordeliers
de l'observance (1) , ni aucun autre édifice pour y loger des religieux.
Cependant les religieuses de Sainte-Claire obtinrent, peu de temps
après , ce qu'elles désiroient 5 et ce succès fut d'autant plus flatteur,
qu'elles n'en furent redevables qu'à l'excès de leurs vertus. Les filles du
Tiers-Ordre , pénétrées d'admiration pour les austérités que pratiquoient
ces saintes recluses, leur offrirent volontairement, en 1484 > de se sou-
mettre à leur règle et de se réunir avec elles dans le même monastère \ telle
étoit la tradition de cette communauté. Mais on peut croire aussi qu'Anne
de Beaujeu, qui avoit obtenu l'établissement des filles de Sainte-Claire
à \Ave-Maria, et qui n'avoit pu l'effectuer, se voyant, après la mort
de Louis XI, et pendant la minorité de Charles VIII, à la tête de
"1 ) El!es étoicnt sous la direction de ces religieux-
Tome IL
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placent l'époque de ce nouvel établissement en 1461. Sauvai dit que
ce fut en 1471 , et cette dernière date est en effet conforme à un mémoire
manuscrit de cette maison , et à l'inscription qui se lisoit sur la porte du
côté de la cour. Cependant les lettres-patentes de Louis XI ne sont que
de l'an 1480, et l'on voit qu'elles furent enregistrées le Ier mars de la
même année.
Ce changement éprouva d'abord quelques obstacles : l'université et les
quatre ordres mendiants y formèrent dès le principe une opposition, qu'ils
renouvelèrent en 1482. Ils furent poussés à cette démarche, à la fois
violente et illégale , par le vif désir qu'ils avoient d'établir à Paris les reli-
gieuses de Sainte-Claire , qu'ils protégeoient et qui désiroient elles-mêmes
d'obtenir un établissement dans cette capitale. Elles furent en même temps
appuyées par Anne de France , dame de Beaujeu, fille de Louis XI; et
le monarque crut ne pas devoir refuser à ses instances, en faveur de ces
religieuses, des lettres-patentes contraires à celles qu'il avoit accordées
deux ans auparavant aux filles du Tiers-Ordre. Mais (et ceci est extrême-
ment remarquable sous un règne qu'on a tant accusé de tyrannie) le
, parlement n'y eut aucun égard. Par son arrêt du 2 septembre 1482 , il
maintint les religieuses du Tiers-Ordre de Saint-François dans la possession
du couvent des Béguines, et débouta la dame de Beaujeu, l'université
et autres de leurs oppositions. Par ce même arrêt, il fut défendu aux
religieuses de Y^lve-Maria d'ériger en ce lieu aucun couvent de Cordeliers
de l'observance (1) , ni aucun autre édifice pour y loger des religieux.
Cependant les religieuses de Sainte-Claire obtinrent, peu de temps
après , ce qu'elles désiroient 5 et ce succès fut d'autant plus flatteur,
qu'elles n'en furent redevables qu'à l'excès de leurs vertus. Les filles du
Tiers-Ordre , pénétrées d'admiration pour les austérités que pratiquoient
ces saintes recluses, leur offrirent volontairement, en 1484 > de se sou-
mettre à leur règle et de se réunir avec elles dans le même monastère \ telle
étoit la tradition de cette communauté. Mais on peut croire aussi qu'Anne
de Beaujeu, qui avoit obtenu l'établissement des filles de Sainte-Claire
à \Ave-Maria, et qui n'avoit pu l'effectuer, se voyant, après la mort
de Louis XI, et pendant la minorité de Charles VIII, à la tête de
"1 ) El!es étoicnt sous la direction de ces religieux-
Tome IL
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