5$
M AI S O N
D U C 0 M T E •
.ANTOINE PORTO BARBARANO.
G Et édifice, aussi riche qu'élégant, est de T invention de Palladio, qui Ta des-
siné au sécond Livre de son Architecture. Pour esfectuer son projet, cet habi-
le Maître forma les desseins d'un plan & deux façades. L'un a été exécuté, mais
avec ces altérations & des changemens si sensibles, qu'en le rapprochant du defïein
de Palladio , & le considerant sans prévention s on aurait toute la peine du monde
à le reconnaître.
Ce qui pourrait peut-être répandre quelque jour sur cette obscurité, c*est une
déclaration que fait notre Architecte. Il avoue qu'il ne peut pas faire exécuter le
bâtiment tel qu'il l'avait d'abord dessiné, parceque le propriétaire avait acquis*
depuis, un élpaee de terrein, qui devait faire donner plus d' étendue à la maison,
8c en rendre l'habitation plus commode -, tju* ainsi il avait été obligé de faire di-
vers changemens qu'ii'n'a pas eu le temps de faire graver, pour les donner au
publics & qu'il s'en est tenu à ce premier d^ssem, quoiqu'il n' ait pas été mis
en exécution.
A dire vrai, il n'est pas facile de justifier la conduite que Palladio a tenue eti
cette eccasion, & les raisons qu'il allègue pour cela sont peu plausibles. On voit
aisement que c' est pour détourner une aceusation û bien méritée qu' il va mendier
ces vains prétextes. Tel est, au moins, le sentiment des Critiques les plus judi«J
deux, qui pensent que notre Auteur ne s' est dispensé.d'exposer aux yeux du public
le plan qui fut exécuté, que pareequ'il fourmillait de fautes & d'irrégularités, qui
sautent aux yeux. Peut-être ausli > ajoutent-ils, ne s est-il prêté a une exécution Ci
vicieuse que par la necesïité de se conformer à La volonté du propriétaire. Cette
conjecture est fondée sur ce qu'en examinant ce bâtiment, on y découvre des tra-
ces vislbies, qui prouvent, qu'il a été forcé de changer & de modifier son pre-
mier deslein pour conserver d'anciens murs, qui existaient. Une de ces preuves est
que tous les angles du bâtiment, sans exception, sont hors d'equerre. D'ailleurs
la grandeur des chambres de la droite, qui ne répond pas à celle des
anae 7. cjiamj3res ^ ja oauche, T énorme épaisseur de quelques murs de resend,^'
l'entrée plus large d'un côié que de l'autre, l'inégalité des intervalles entre les
colonnes de cette même entrée, forment un aîTemblage de raisons, qui semblent
démontrer la vérité de ce que j'avance . Mais ce qui, plus encore que tout le re-
ste,
M AI S O N
D U C 0 M T E •
.ANTOINE PORTO BARBARANO.
G Et édifice, aussi riche qu'élégant, est de T invention de Palladio, qui Ta des-
siné au sécond Livre de son Architecture. Pour esfectuer son projet, cet habi-
le Maître forma les desseins d'un plan & deux façades. L'un a été exécuté, mais
avec ces altérations & des changemens si sensibles, qu'en le rapprochant du defïein
de Palladio , & le considerant sans prévention s on aurait toute la peine du monde
à le reconnaître.
Ce qui pourrait peut-être répandre quelque jour sur cette obscurité, c*est une
déclaration que fait notre Architecte. Il avoue qu'il ne peut pas faire exécuter le
bâtiment tel qu'il l'avait d'abord dessiné, parceque le propriétaire avait acquis*
depuis, un élpaee de terrein, qui devait faire donner plus d' étendue à la maison,
8c en rendre l'habitation plus commode -, tju* ainsi il avait été obligé de faire di-
vers changemens qu'ii'n'a pas eu le temps de faire graver, pour les donner au
publics & qu'il s'en est tenu à ce premier d^ssem, quoiqu'il n' ait pas été mis
en exécution.
A dire vrai, il n'est pas facile de justifier la conduite que Palladio a tenue eti
cette eccasion, & les raisons qu'il allègue pour cela sont peu plausibles. On voit
aisement que c' est pour détourner une aceusation û bien méritée qu' il va mendier
ces vains prétextes. Tel est, au moins, le sentiment des Critiques les plus judi«J
deux, qui pensent que notre Auteur ne s' est dispensé.d'exposer aux yeux du public
le plan qui fut exécuté, que pareequ'il fourmillait de fautes & d'irrégularités, qui
sautent aux yeux. Peut-être ausli > ajoutent-ils, ne s est-il prêté a une exécution Ci
vicieuse que par la necesïité de se conformer à La volonté du propriétaire. Cette
conjecture est fondée sur ce qu'en examinant ce bâtiment, on y découvre des tra-
ces vislbies, qui prouvent, qu'il a été forcé de changer & de modifier son pre-
mier deslein pour conserver d'anciens murs, qui existaient. Une de ces preuves est
que tous les angles du bâtiment, sans exception, sont hors d'equerre. D'ailleurs
la grandeur des chambres de la droite, qui ne répond pas à celle des
anae 7. cjiamj3res ^ ja oauche, T énorme épaisseur de quelques murs de resend,^'
l'entrée plus large d'un côié que de l'autre, l'inégalité des intervalles entre les
colonnes de cette même entrée, forment un aîTemblage de raisons, qui semblent
démontrer la vérité de ce que j'avance . Mais ce qui, plus encore que tout le re-
ste,