Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
94
MA I S O N
DE M," LE COMTE
ADRIEN T H I E N E.
CET édifice, qui par sa beauté fait un des plus grands ornemens de notre Vil-
le , a été construit sous la dïre&ion du célèbre Scamozzi. C est ce que cet
Architecte lui-même nous apprend dans la première partie de ses œuvres, liv. 3,
chap. il. Il parait même se vanter d'y avoir fait divers changemens qui, sélon
lui, tendaient à le rendre plus parfait • Il en a agi de même à V égard de quelques
bâtimens, dont l'invention appartenait à d'autres maîtres»
Nous avons donc l'époque aiTurée de la construcHon de cet édifice 5 mais nous
sommcs bien loin d'avoir la même certitude par rapport à son inventeur. Scamoz-
zi ne nous donne aucun éclaircisTement là-desTusv & soit qu'il n'en fût pas infor-
mé, sait qu'il ne voulût p^ le dire, il garde à ce sujc un sllence aulïi profond
que sur la Rotonde, que nous décrirons en son lieu. On doit juger par là que les
ssntimens des Connaisseurs doivent être partagés > ils 1* ont été & le sont effective-
ment. Les uns pensent que c'est un ouvrage de Palladio, & qu'on ne peut attri-
buer qu* au caprice ou au peu d' exactitude de ceux qui présidaient ou travaillaient
à l'exécution, quelques défauts palpables, qui sont visiblement contraires à la ré-
gularité des principes de cet auteur. Les autres prétendent que, quoique ce bâtiment
soit bien entendu, & conforme aux préceptes de notre grand Architecte, il ne faut
pourtant pas le mettre au nombre des ses productions. Ils ajoutent que dans T avant-
propos du premier livre de son Architecture, Palladio parle de plusieurs personnages
distingués qui s' appliquaient à l'étude de cet art, au nombre des quels il met les
Comtes Marc'Antoine & Adrien Thiene, qui vivaient de son temps. Cela leur
fait conclure qu'on peut avec raison attribuer cette invention à s un de ces deux
gentilshommes, qui étaient si éclairés, & d'un goût si juste.
Il n'est pas facile de décider le quel de ces deux sentimens eft le véritable, &
jusqu'à ce que quelque monument autentique nous fournisse des lumières plus sûres>
il n'est guerres possible de sortir de cette incertitude. Je n'ai pas assez de préem-
ption pour m'ériger en juge dans une matière si obscure. Mais sans osfenser ni 1'
un ni T autre parti, je crois pouvoir mettre sous les yeux du public les desseins
de cette maison; puisque mon projet est de donner non seulement les productions
qui sont incontestablement de Palladio, mais encore celles que quelques uns lu
ont attribué.
 
Annotationen