92 ARC DE TRIOMPHE.
LA planche XLV. répresente le dessein d'un arc que l'on voit au
pied du mont Iterico du côté du Levant. Il a été dretfé paur ser-
vir d'ornement à un magnifique éscaîier qui conduit au sommet de cette agréable
colline. On l'appelle ordinairement arc triomphal, ou de triomphe, parceque dans
sa construction il resfemble assez à ceux que les anciens érigeaient pour célébrer
les triomphes militaires.
On fixe T érection de cet arc à l'an i?9?» & bien des gens en attribuent l'in-
vention à Palladio qui était mort quinze ans auparavant. Ce jugement n'efl: fondé
que sur une simple tradition, ainsî il est très-permis d'en douter (<*)• Et certai-
nement pour peu qu' on ait de connaissance de V Architecture , & qu' on soit au
fait de la manière de Palladio, on verra aisément dans cet arc un asîemblage de
mesures & de proportions absolument contraires aux principes que cet auteur nous a
laisTés sur Tare Corinthien . Or Jans cette supposîtlon cjucU sonds peut on faire sur
une tradition populaire qui n' efl: elle même etayée fur rien ? Je conviens qu' il peut
y avoir des cas, où une pareille tradition fait fois mais c'est quand il s'agit de
faits à l'égard des quels *>n n'a aucune lumière, 3c qu'il n'y a point de bonne
raison qui en attaque la réalité. Car quand ii se trouve de fortes preuves qui la
combattent, je crois qu'on ne doit faire aucun scrupule d'être d'un sentiment
contraire, 8c que le bon sens ordonne de mettre au grand jour ce qui peut contri-
buer à éclaircir une vérité qui, sans cela, relierait peut-être accablée sous 1' autori-
té mensognere d'un4; tradition fabuleuse. Sur ce principe, voici comment je raison-
ne: si Palladio avait laisTé un dessein de son invention pour l'érection de l'arc dont
il s' agit, & qu' on l'eût exécuté quinze ans après sa mort, ce serait une preuve
évidente de l'estime que dès lors on faisait des ouvrages de notre illustre Archite-
cte . Mais en pareil cas on se serait exactement conformé à ce desTein , sur tout ne
s' agiiîant pas d'un bâtiment de grande étendue, ni dont la construdion demandât
beaucoup de temps, Se dans l'exécution du quel il était par consequent difficile de
pêcher, à moins qu'on ne voulût le faire exprès. Il n'ell donc question que de
ta) La tradition prouve quelque chose lorsqu'elle ancien qui ne soit mis sur le compte de Ra-
est jointe à d'autre argumens, mais si elle en phaë'l ; à Florence, toute Madonne est de An-
manque tout à fait, on ne saurait dans ce gen- dré del Sarto, Ôc il n'y a de Palais de Campa-
jre,lui^ ajouter beaucoup de foi* car il sursit gne ou de Ville un peu régulier qui ne s?'c
ordinairement qu'un païs ait eu un Peintre, censé être de Bonnaroti.. .. Let. sur la ?e'in~
un Sculpteur, ou un Architecte célèbre pour ture, Sculpture & Architecture. T. IV. à Ro-
que toutes les productions de son art lui (oient me> chçz Marc Pagliarini ♦ Note à la Ler.CCXXÏ»
atmbuées, a Romç, n n'est guéries de tableau
LA planche XLV. répresente le dessein d'un arc que l'on voit au
pied du mont Iterico du côté du Levant. Il a été dretfé paur ser-
vir d'ornement à un magnifique éscaîier qui conduit au sommet de cette agréable
colline. On l'appelle ordinairement arc triomphal, ou de triomphe, parceque dans
sa construction il resfemble assez à ceux que les anciens érigeaient pour célébrer
les triomphes militaires.
On fixe T érection de cet arc à l'an i?9?» & bien des gens en attribuent l'in-
vention à Palladio qui était mort quinze ans auparavant. Ce jugement n'efl: fondé
que sur une simple tradition, ainsî il est très-permis d'en douter (<*)• Et certai-
nement pour peu qu' on ait de connaissance de V Architecture , & qu' on soit au
fait de la manière de Palladio, on verra aisément dans cet arc un asîemblage de
mesures & de proportions absolument contraires aux principes que cet auteur nous a
laisTés sur Tare Corinthien . Or Jans cette supposîtlon cjucU sonds peut on faire sur
une tradition populaire qui n' efl: elle même etayée fur rien ? Je conviens qu' il peut
y avoir des cas, où une pareille tradition fait fois mais c'est quand il s'agit de
faits à l'égard des quels *>n n'a aucune lumière, 3c qu'il n'y a point de bonne
raison qui en attaque la réalité. Car quand ii se trouve de fortes preuves qui la
combattent, je crois qu'on ne doit faire aucun scrupule d'être d'un sentiment
contraire, 8c que le bon sens ordonne de mettre au grand jour ce qui peut contri-
buer à éclaircir une vérité qui, sans cela, relierait peut-être accablée sous 1' autori-
té mensognere d'un4; tradition fabuleuse. Sur ce principe, voici comment je raison-
ne: si Palladio avait laisTé un dessein de son invention pour l'érection de l'arc dont
il s' agit, & qu' on l'eût exécuté quinze ans après sa mort, ce serait une preuve
évidente de l'estime que dès lors on faisait des ouvrages de notre illustre Archite-
cte . Mais en pareil cas on se serait exactement conformé à ce desTein , sur tout ne
s' agiiîant pas d'un bâtiment de grande étendue, ni dont la construdion demandât
beaucoup de temps, Se dans l'exécution du quel il était par consequent difficile de
pêcher, à moins qu'on ne voulût le faire exprès. Il n'ell donc question que de
ta) La tradition prouve quelque chose lorsqu'elle ancien qui ne soit mis sur le compte de Ra-
est jointe à d'autre argumens, mais si elle en phaë'l ; à Florence, toute Madonne est de An-
manque tout à fait, on ne saurait dans ce gen- dré del Sarto, Ôc il n'y a de Palais de Campa-
jre,lui^ ajouter beaucoup de foi* car il sursit gne ou de Ville un peu régulier qui ne s?'c
ordinairement qu'un païs ait eu un Peintre, censé être de Bonnaroti.. .. Let. sur la ?e'in~
un Sculpteur, ou un Architecte célèbre pour ture, Sculpture & Architecture. T. IV. à Ro-
que toutes les productions de son art lui (oient me> chçz Marc Pagliarini ♦ Note à la Ler.CCXXÏ»
atmbuées, a Romç, n n'est guéries de tableau