LES ARTS POLYCHROMES
12?
tronne1 et Dacier2 en 1818, le Magazin pittoresque en 1834
et 1836, Beulé lui-même en 18543, vantent à nos artistes la
polychromie naturelle que révéla Quatremère, et les piquent
d’émulation.
Les peintres commencent en simulantla toreutique, c’est-à-
dire des œuvres de métal, d’or surtout. Déjà, en 1789, Da-
vid, que Ouatremère avait à Rome entretenu de ses recher-
ches, dresse dans son Brutus une statue polychrome de Rome.
Prudhon asseoit Jupiter sur un trône d'or et d’ivoire, clont
lesmontants portentune Yictoireailéecomme dans la planche
de Ouatremère 4 5 6. Ingres, qui de lui-même, en i8o3, danssa
(( \énus hlessée par Diomède », avait appliqué l’or en
feuilles sur le char et les crinières des chevaux, comme dans
les grands vases à peinture de l’école cle Xénophantos, pro-
digue l’or en 1827 dans son Apotliéose d’Homère0. Puis ce
sont les essais véritables de la plastique : Ganova ne put,
faute d'argent, sculpter vers 181 4, pour Saint-Pierre du Ya-
tican ou pour la grande niche du Panthéon de Rome, la sta-
tue polychrome de la Religion, dont Cicognara et lui rêvaient
après lecture du « Jupiter Olympien ». Mais est-ce sous l’in-
fluence de sonami, de son ancien administrateur destravaux
au Panthéon français, que Chauclet exécute en i8o5, par
ordre de Denon, la statue dela Paix, en argent, assise sur un
siège de hronze orné d'or moulu, galon d’or au dos, lacets
d’or aux chaussures, couronne d’épis de maïs, et caducée
d’argent doré dans lamainb?
1. Journal des Savants, 1818, p. 99-100.
2. Mémoires de l’Institut, nouvelle série, t. VIII, p. 23.
3. L’Acropole, t. II, p. ig5 sq., et Revue archéologiqae, xie année (les fron-
tons du Parthénon).
4- Louvre, salle des Sept cheminées.
5. II écrit sur le cahier III, fol. 38 de son album : « restaurer moi-même la
Minerve d’Athènes ».
6. Gf. le Magaz. encyclop., 1807, t. I, p. 167-168, et les Nouvelles Archives
de l’Art français, 1907, p. 358. Exposée en 1909 au musée des Ârts décoratifs.
— Sous la révolution et l’empire, la sculpture en ivoire est à la mode, surtout
pour les portraits en médaillons, où excelle Babouot. — Quant à l’or, on le re-
trouve à l’arc du carrousel, polychromé pour servir de base aux chevaux dorés
de Venise, et dans tous les ornements du mobilier de l’empire.
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tronne1 et Dacier2 en 1818, le Magazin pittoresque en 1834
et 1836, Beulé lui-même en 18543, vantent à nos artistes la
polychromie naturelle que révéla Quatremère, et les piquent
d’émulation.
Les peintres commencent en simulantla toreutique, c’est-à-
dire des œuvres de métal, d’or surtout. Déjà, en 1789, Da-
vid, que Ouatremère avait à Rome entretenu de ses recher-
ches, dresse dans son Brutus une statue polychrome de Rome.
Prudhon asseoit Jupiter sur un trône d'or et d’ivoire, clont
lesmontants portentune Yictoireailéecomme dans la planche
de Ouatremère 4 5 6. Ingres, qui de lui-même, en i8o3, danssa
(( \énus hlessée par Diomède », avait appliqué l’or en
feuilles sur le char et les crinières des chevaux, comme dans
les grands vases à peinture de l’école cle Xénophantos, pro-
digue l’or en 1827 dans son Apotliéose d’Homère0. Puis ce
sont les essais véritables de la plastique : Ganova ne put,
faute d'argent, sculpter vers 181 4, pour Saint-Pierre du Ya-
tican ou pour la grande niche du Panthéon de Rome, la sta-
tue polychrome de la Religion, dont Cicognara et lui rêvaient
après lecture du « Jupiter Olympien ». Mais est-ce sous l’in-
fluence de sonami, de son ancien administrateur destravaux
au Panthéon français, que Chauclet exécute en i8o5, par
ordre de Denon, la statue dela Paix, en argent, assise sur un
siège de hronze orné d'or moulu, galon d’or au dos, lacets
d’or aux chaussures, couronne d’épis de maïs, et caducée
d’argent doré dans lamainb?
1. Journal des Savants, 1818, p. 99-100.
2. Mémoires de l’Institut, nouvelle série, t. VIII, p. 23.
3. L’Acropole, t. II, p. ig5 sq., et Revue archéologiqae, xie année (les fron-
tons du Parthénon).
4- Louvre, salle des Sept cheminées.
5. II écrit sur le cahier III, fol. 38 de son album : « restaurer moi-même la
Minerve d’Athènes ».
6. Gf. le Magaz. encyclop., 1807, t. I, p. 167-168, et les Nouvelles Archives
de l’Art français, 1907, p. 358. Exposée en 1909 au musée des Ârts décoratifs.
— Sous la révolution et l’empire, la sculpture en ivoire est à la mode, surtout
pour les portraits en médaillons, où excelle Babouot. — Quant à l’or, on le re-
trouve à l’arc du carrousel, polychromé pour servir de base aux chevaux dorés
de Venise, et dans tous les ornements du mobilier de l’empire.