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https://doi.org/10.11588/diglit.45321#0011
L’ART FRANÇAIS
3
L’ART CLASSIQUE
SES CARACTÈRES, SA VERTU, SES LIMITES
L’esprit classique est une des formes de notre génie. Il
est aussi ancien que les vénérables tympans de l’art roman
où il ordonnait déjà en compositions claires des visions
apocalyptiques de solitaire au désert. Mais c’est à la
Renaissance qu’il commence à déclarer sa doctrine, à
choisir dans le monde antique les formes qu’il juge le
plus aptes à l’exprimer, et c’est aux xvne et xvme siècles
qu’il règne glorieusement sous les auspices de la Monar-
chie absolue et de droit divin. Il est donc essentiel à con-
naître, d’autant plus que l’ardent Romantisme, cherchant
à se rattacher par-dessus ces deux siècles au Moyen Age
douloureux et sanglant, a essayé de le discréditer. Il a ses
excès, mais à travers nos révolutions artistiques et malgré
nos merveilleuses conquêtes son idéal nous hante toujours.
Il pense les choses autant qu’il les observe : c’est un art
intellectuel. Après les avoir regardées consciencieusement,
honnêtement, il leur fait subir son pouvoir d’épuration
pour les rapprocher de la beauté qu’il conçoit: c’est un
art platonicien. Il rebâtit l’Univers suivant des lois qu’il
lui impose : c’est un art volontaire. Et il affirme ainsi la
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L’ART CLASSIQUE
SES CARACTÈRES, SA VERTU, SES LIMITES
L’esprit classique est une des formes de notre génie. Il
est aussi ancien que les vénérables tympans de l’art roman
où il ordonnait déjà en compositions claires des visions
apocalyptiques de solitaire au désert. Mais c’est à la
Renaissance qu’il commence à déclarer sa doctrine, à
choisir dans le monde antique les formes qu’il juge le
plus aptes à l’exprimer, et c’est aux xvne et xvme siècles
qu’il règne glorieusement sous les auspices de la Monar-
chie absolue et de droit divin. Il est donc essentiel à con-
naître, d’autant plus que l’ardent Romantisme, cherchant
à se rattacher par-dessus ces deux siècles au Moyen Age
douloureux et sanglant, a essayé de le discréditer. Il a ses
excès, mais à travers nos révolutions artistiques et malgré
nos merveilleuses conquêtes son idéal nous hante toujours.
Il pense les choses autant qu’il les observe : c’est un art
intellectuel. Après les avoir regardées consciencieusement,
honnêtement, il leur fait subir son pouvoir d’épuration
pour les rapprocher de la beauté qu’il conçoit: c’est un
art platonicien. Il rebâtit l’Univers suivant des lois qu’il
lui impose : c’est un art volontaire. Et il affirme ainsi la
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