Schneider, René: L' art français ([Band 2]): XVIIe siècle (1610-1690) (Paris: Laurens, 1925)

L’ART MONARCHIQUE ET CLASSIQUE
HORS DE VERSAILLES
(1661-1708).

CHAPITRE PREMIER
l’esprit et la doctrine
Le dauphin est roi en 1661 : il sera durant cinquante-
quatre ans le « Grand Roi », monarque absolu et de droit
divin, servi par des ministres, Colbert et Louvois, aussi
pénétrés que lui de la grandeur de l’institution et de
l'auguste dignité de sa Personne. L’Art sera donc un art
d’apothéose, à demi officiel et d’Etat, administré, contrôlé,
pensionné. La majesté pénètre ses formes avec le goût de
la mise en scène. L’optique du théâtre est celle de cette
société, qui semble ignorer les délices du « privé » et
vivre en public pour le public. Versailles, un tableau de
Le Brun, ont tout l’apparat d’un décor. Lhie noblesse géné-
rale un peu apprêtée, conduira le dessin du geste, de l’atti-
tude au repos, de la démarche même. Il se forme chez
les artistes une vision « pompeuse » de l’humanité. Le
Roi, les Grands, et après eux les gens « de condition »,
•voilà leur clientèle, heureusement avec des exceptions