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https://doi.org/10.11588/diglit.45321#0020
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l’art français
dont chacun aura son art à lui. La Compagnie de Jésus se
met à modeler les esprits et les consciences: elle leur per-
suade (comme à elle-même) qu'elles peuvent rester très
pieuses avec une imagination païenne, que rien même ne
flatte Dieu comme le décor italien à la mode et les formes
antiques qui plurent à Jupiter. Dans le joyeux triomphe de
la Contre-Réforme, elle reprend un vieux rêve qui fut celui
de la Renaissance : helléniser le christianisme. Sous ses
auspices, tout bourgeois de France, fidèle sujet de Sa
Majesté et fils soumis de l'Eglise, sera humaniste avec
délices. Après avoir fait oraison, il déguste des vers païens
d’Horace dans une de ses odelettes de cristal. Mais que de
rechutes !
En effet, une forte génération se lève, hardie, cavalière,
romanesque. Richelieu est un homme de guerre sous la
robe cardinalice. Louis XIII n’est heureux que le faucon au
poing, Descartes fait la guerre, le duc de La Rochefoucauld
fait la Fronde et ne devient sage qu’après le coup de feu
qui a manqué de le rendre aveugle. Son amie la duchesse
de Chevreuse court le monde sous l’habit d’un cavalier. La
duchesse de Longueville fait les cent coups, puis vient s'abî-
mer dans la prière aux Carmélites de la rue Saint-Jacques.
Pascal domine l’époque. Or ce géomètre est l’ascète pas-
sionné qui dans la nuit « illuminée » écrit sur un billet
pour le coudre sous sa doublure : « Joie ! Joie! pleurs de
joie... » ! Entre les sectes, la guerre, le duel, la prière et
l'amour, ces âmes viriles se trempent. Toutes les puis-
sances de vie éclatent sous la règle, même quand elles
l’acceptent.
Dans cette effervescence l’art est souvent un lyrisme mal
contenu. Il se fait lentement à la discipline classique, mais
elle craque sous ses primesauts. L’Académisme est dans
l’air, mais il ne deviendra efficace dans les esprits que plus
l’art français
dont chacun aura son art à lui. La Compagnie de Jésus se
met à modeler les esprits et les consciences: elle leur per-
suade (comme à elle-même) qu'elles peuvent rester très
pieuses avec une imagination païenne, que rien même ne
flatte Dieu comme le décor italien à la mode et les formes
antiques qui plurent à Jupiter. Dans le joyeux triomphe de
la Contre-Réforme, elle reprend un vieux rêve qui fut celui
de la Renaissance : helléniser le christianisme. Sous ses
auspices, tout bourgeois de France, fidèle sujet de Sa
Majesté et fils soumis de l'Eglise, sera humaniste avec
délices. Après avoir fait oraison, il déguste des vers païens
d’Horace dans une de ses odelettes de cristal. Mais que de
rechutes !
En effet, une forte génération se lève, hardie, cavalière,
romanesque. Richelieu est un homme de guerre sous la
robe cardinalice. Louis XIII n’est heureux que le faucon au
poing, Descartes fait la guerre, le duc de La Rochefoucauld
fait la Fronde et ne devient sage qu’après le coup de feu
qui a manqué de le rendre aveugle. Son amie la duchesse
de Chevreuse court le monde sous l’habit d’un cavalier. La
duchesse de Longueville fait les cent coups, puis vient s'abî-
mer dans la prière aux Carmélites de la rue Saint-Jacques.
Pascal domine l’époque. Or ce géomètre est l’ascète pas-
sionné qui dans la nuit « illuminée » écrit sur un billet
pour le coudre sous sa doublure : « Joie ! Joie! pleurs de
joie... » ! Entre les sectes, la guerre, le duel, la prière et
l'amour, ces âmes viriles se trempent. Toutes les puis-
sances de vie éclatent sous la règle, même quand elles
l’acceptent.
Dans cette effervescence l’art est souvent un lyrisme mal
contenu. Il se fait lentement à la discipline classique, mais
elle craque sous ses primesauts. L’Académisme est dans
l’air, mais il ne deviendra efficace dans les esprits que plus