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https://doi.org/10.11588/diglit.45321#0026
16
l’art français
rester fidèles quand il se peut. Mais l’Espagne d’Ignace de
Loyola, fondateur de l’Ordre, et la Flandre de Rubens
les chargent d’opulence. Architecture véhémente, con-
trastée, donc essentiellement pittoresque. Deux ou trois
ordonnances se superposent sur la façade, reliées par les
fameux ailerons en volute que L. B. Alberti inventa pour
Santa-Maria Novella. Mais elles ne sont que décor; et
voici pour un siècle des façades décoratives en bas-relief.
Archéologie peut-être, mais qui n’est que pseudo-antique !
Les frontons triangulaires ou circulaires s’inscrivent l'un
dans l’autre, les entablements se cassent, les moulures
tressautent. Un « rinforzando » général fait rebondir ces
masses un peu désarticulées, la surcharge du décor les
alourdit. Pourtant notre baroque, s'il est exubérant, l'est
bien moins que l’italien ou le flamand, par la grâce de
notre éternelle mesure. La Visitation de Nevers (1639-
1641), il est vrai, foisonne de luxuriance hispano-flamande
(fig. 4), mais la façade de Saint-Gervais (1616-1621) dérobe
au Colisée une de ses travées : elle est puissante et sobre.
Et la façade de Saint-Paul-Saint-Louis (1627) concilie les
deux esprits sous les auspices de l’Ordre qui aspire à uni-
fier l’Univers : les Jésuites (fig. 5).
La marque distinctive est la coupole. Elle doit bien quel-
quechose elle aussi à notre vieille tradition du Moyen Age,
mais quelles autorités désormais elle a pour elle! Le pro-
totype glorieux, Saint-Pierre du Vatican, métropole de la
Chrétienté dans la Ville Eternelle, les noms de Bramante
et de Michel-Ange, le goût déclaré de la Compagnie de
Jésus qui la propage par le monde ! C’est qu’elle est à la
fois catholique, romaine et pontificale. Jamais ne fut mieux
exprimée par des formes architectoniques l’idée de souve-
raineté. Dressée sur la croix latine à l’intersection de ses
branches, en pierre appareillée, elle est l’effort de l’archi-
l’art français
rester fidèles quand il se peut. Mais l’Espagne d’Ignace de
Loyola, fondateur de l’Ordre, et la Flandre de Rubens
les chargent d’opulence. Architecture véhémente, con-
trastée, donc essentiellement pittoresque. Deux ou trois
ordonnances se superposent sur la façade, reliées par les
fameux ailerons en volute que L. B. Alberti inventa pour
Santa-Maria Novella. Mais elles ne sont que décor; et
voici pour un siècle des façades décoratives en bas-relief.
Archéologie peut-être, mais qui n’est que pseudo-antique !
Les frontons triangulaires ou circulaires s’inscrivent l'un
dans l’autre, les entablements se cassent, les moulures
tressautent. Un « rinforzando » général fait rebondir ces
masses un peu désarticulées, la surcharge du décor les
alourdit. Pourtant notre baroque, s'il est exubérant, l'est
bien moins que l’italien ou le flamand, par la grâce de
notre éternelle mesure. La Visitation de Nevers (1639-
1641), il est vrai, foisonne de luxuriance hispano-flamande
(fig. 4), mais la façade de Saint-Gervais (1616-1621) dérobe
au Colisée une de ses travées : elle est puissante et sobre.
Et la façade de Saint-Paul-Saint-Louis (1627) concilie les
deux esprits sous les auspices de l’Ordre qui aspire à uni-
fier l’Univers : les Jésuites (fig. 5).
La marque distinctive est la coupole. Elle doit bien quel-
quechose elle aussi à notre vieille tradition du Moyen Age,
mais quelles autorités désormais elle a pour elle! Le pro-
totype glorieux, Saint-Pierre du Vatican, métropole de la
Chrétienté dans la Ville Eternelle, les noms de Bramante
et de Michel-Ange, le goût déclaré de la Compagnie de
Jésus qui la propage par le monde ! C’est qu’elle est à la
fois catholique, romaine et pontificale. Jamais ne fut mieux
exprimée par des formes architectoniques l’idée de souve-
raineté. Dressée sur la croix latine à l’intersection de ses
branches, en pierre appareillée, elle est l’effort de l’archi-