l’art français
106
creux ombreux du sternum ou la ligne tendue du muscle
martoïdien. Les sculpteurs vont se passionner pour ces
effets, qui sont mieux qu’une occasion d'habileté : le mou-
vement, la vie (fig. 57, 58, 59).
Il va sans dire que la sculpture iconique officielle est
très abondante : elle glorifie un vivant, et le plus adoré.
Dans nos bonnes villes de province, à Lyon, au Havre,
à Rennes, à Caen, Dijon, Tours, Poitiers, Montpellier...,
le loyalisme des États stimulé par les Intendants élève
la statue du Roi dans un cadre approprié : une « Place
Royale ». C'est une foison de Louis XIV! Bien entendu
cette gloire est coulée en bronze, et dans des formes
colossales et larges pour n’être pas mangées par l’espace.
Portrait toujours, mais généralisé par le style : le profil
est moins busqué, la lèvre inférieure, qui avançait, plus
discrète; les inoubliables caractères bourboniens perdent
de leur excès; il va sans dire que moustache et royale
à la Louis XIII ont disparu. La physionomie savoureuse
est ainsi doucement amenée vers l’esthétique apollinienne.
Par le costume le roi de France est un empereur romain,
avec cuirasse à lanières moulée sur son thorax puissant,
brodequins aux pieds, parfois paludamentum sur les
épaules. Il faut bien que l’image de Sa Majesté domine
de haut les contingences des temps et des lieux! Nous
reconnaissons cette esthétique : c’est celle que pour la pre-
mière fois un sculpteur italien, Lorenzo da Mugiano, appli-
quait, non au visage brutalement laid de Louis XII, mais
à son costume sur une statue du château de Gaillon. Mais
nous sommes maintenant au comble de la généralisation
parce que nous sommes à l’apogée de la gloire qui rayonne
sur l'univers. Le regard de Loùis XIV domine de loin les
foules et son geste coupe l’espace. L’ensemble est noble
et fier. Malgré tout la ressemblance demeure. Le Roi est
106
creux ombreux du sternum ou la ligne tendue du muscle
martoïdien. Les sculpteurs vont se passionner pour ces
effets, qui sont mieux qu’une occasion d'habileté : le mou-
vement, la vie (fig. 57, 58, 59).
Il va sans dire que la sculpture iconique officielle est
très abondante : elle glorifie un vivant, et le plus adoré.
Dans nos bonnes villes de province, à Lyon, au Havre,
à Rennes, à Caen, Dijon, Tours, Poitiers, Montpellier...,
le loyalisme des États stimulé par les Intendants élève
la statue du Roi dans un cadre approprié : une « Place
Royale ». C'est une foison de Louis XIV! Bien entendu
cette gloire est coulée en bronze, et dans des formes
colossales et larges pour n’être pas mangées par l’espace.
Portrait toujours, mais généralisé par le style : le profil
est moins busqué, la lèvre inférieure, qui avançait, plus
discrète; les inoubliables caractères bourboniens perdent
de leur excès; il va sans dire que moustache et royale
à la Louis XIII ont disparu. La physionomie savoureuse
est ainsi doucement amenée vers l’esthétique apollinienne.
Par le costume le roi de France est un empereur romain,
avec cuirasse à lanières moulée sur son thorax puissant,
brodequins aux pieds, parfois paludamentum sur les
épaules. Il faut bien que l’image de Sa Majesté domine
de haut les contingences des temps et des lieux! Nous
reconnaissons cette esthétique : c’est celle que pour la pre-
mière fois un sculpteur italien, Lorenzo da Mugiano, appli-
quait, non au visage brutalement laid de Louis XII, mais
à son costume sur une statue du château de Gaillon. Mais
nous sommes maintenant au comble de la généralisation
parce que nous sommes à l’apogée de la gloire qui rayonne
sur l'univers. Le regard de Loùis XIV domine de loin les
foules et son geste coupe l’espace. L’ensemble est noble
et fier. Malgré tout la ressemblance demeure. Le Roi est