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l’art français

vivant : celui où les chefs-d’œuvre de l’activité artistique
d’un pays, en un lieu et en un moment d’élection, au lieu
d’être « exposés » à la curiosité concourent encore à un
ensemble unique. Aussi, dissocier l’art de Versailles,
verser son architecture, sa sculpture, sa peinture, ses arts
décoratifs dans les études générales que l'on consacre
ailleurs à chacun de ces arts particuliers ou aux artistes
qui les ont pratiqués, peut se justifier sans doute aux
yeux des techniciens : c’est la division du travail. Mais
c’est aussi briser une grande harmonie, et une harmonie
voulue par des gens d’esprit constructeur, pour qui les
arts n’ont tout leur effet que lorsqu’ils suivent leur des-
tination naturelle : travailler à. une œuvre commune.
Chacun pour tous et tous pour un.
Car cette diversité des artistes et des arts, dont chacun
garde la personnalité de son talent, la spécialité de ses
ressources, se soumet à une double unité. Unité morale :
celle de l’idée génératrice, glorifier le Roi. De Sa Majesté
elle-même au plus humble des terrassiers la Nation est
unanime dans sa foi et son culte. Seule une pareille una-
nimité a pu soulever cette masse de terre, de pierre et
de marbre. Versailles est l’immense symbole de l’esprit
monarchique. Puis, unité de goût. Elle est assurée par
l’hégémonie du Premier Peintre, Charles Le Brun, qui
fournit à tous, sauf aux architectes, idées et projets, et
ne les soumet au Roi que pour l’amener habilement à
les partager en les croyant siens. Versailles est l’immense
symbole de l’esprit classique. Ainsi, harmonie intégrale
suscitée par une même foi, par un même goût, et ordonnée
par un maître de l’œuvre, Versailles recommence le « mi-
racle » des cathédrales du Moyen Age. Qui veut regarder
en face le génie français à deux moments élus de son
évolution, art gothique, art classique, intimement liés
 
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