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Nous avons l'honneur de prévenir nos nouveaux Cor-
respondants de province, que, sur leur demande, nous
leur enverrons les premiers numéros de La Scie, dont
nous avons fait un nouveau tirage.

Tous nos Correspondants sont priés de nous faire

part, le plus tôt possible, dunombre définitif auquel nous

devons fixer nos envois hebdomadaires.

Le Directeur,
G. Mermet,

1A SCIE

vsmwœmmm

DISTRIBUTION SOLENNELLE DES PB1X

Samedi dernier, une cérémonie touchante avait réuni
dans les immenses salons de la Scie les sommités de la
presse, de la magistrature et du clergé.

La salle avait été redorée pour la circonstance. De vas-,,
tes tribunes, garnies de toile à matelas, étaient remplies
par la fine fleur de la noblesse et par le dessus du panier
de la haute cocoterie parisienne. A droite, Olivier Métra et
son orchestre; à gauche, la loge du comte de Chambord,
qui s'était contenté d'envoyer son concierge, superbe vieil-
lard doré sur tranches.

C'était la solennelle distribution des prix; jour béni par
messieurs les députés et les collégiens ; la joie des enfants
et le désespoir des parents.

M. Gagne, président, monte au fauteuil; une douce mu-
sique l'accompagne dans cette ascension : Olivier Métra
exécute une valse mielleuse sur les motifs de Monsieur de
Pourceaugnae. Tout ce prélude est accueilli avec une fa-
veur marquée.

Gagne étend les bras, fait un noble geste et commence
ainsi :

« Jeunes élèves, (Applaudissements unanimes.)

« Dieu ,m'a toujours donné l'amour enthousiaste de
l'Unité. J'ai demandé l'Unité au péril de ma vie dans cent
discours aux clubs de Paris... (Murmures adroite.) J'ai
osé solliciter et je sollicite encore la proclamation de Guil-
laume Barbe-Blanche... (Exclamations à gauche.) C'est
toujours avec un nouveau plaisir...

Commerson. — L'ordre du jour!

Gagne. — Messieurs les pairs, messieurs les dépu-
tes....

Une voix cl gauche. — La clôture !
Gagne. —

Célébrons l'hymen poétique
De la France et Paris soleil.

Voix nombreuses. — A l'obélisque ! à l'obélisque !

Gagne s'assied dans son fauteuil et lance ses yeux au
ciel.

Touchatout, rapporteur. — Dans ce jour solennel.,.
Voix au centre. — Assez ! assez !

Touchatout. — Eh bien ! j'aime mieux ça, je ne désirais
pas du tout tenir le crachoir, et je vous remercie, jeunes
élèves, de votre interruption ; d'ailleurs je n'avais pas pré-
paré mon improvisation, et pour ne pas rester en plan,
j'aurais été forcé de vous réciter une fable, ce qui est peu
récréatif... Je viens donc au fait... La vieille toupie qui
vient de prendre la parole avant moi (mouvements divers),
allons, je retire vieille toupie... je disais donc l'archi-cré-
celle qui tout à l'heure a eu l'honneur de vous raser, était
chargée de vous dire que le journal la Scie, à l'imitation
de feu Monthyon et autres donateurs célèbres, avait fondé
plusieurs prix annuels, d'une valeur contestable mais aussi
d'un goût parfait, afin de faire trembler les bons et rassu-
rer les méchants... Ces objets, je vais avoir l'honneur de
vous les remettre en mains propres; ouvrez l'œil, jeunes
lauréats !

L'orchestre, pendant la seconde partie de cet admirable
discours, joue en sourdine la valse de la Timbale d'ar-
gent. Quelques ecclésiastiques rougissant.

Touchatout a développé sur la tribune une inimense
quantité de paperasses ; il tire de sa serviette un petit mi-
roir, s'y contemple et se passe un peigne dans sa barbe.
Il sourit et commence :

Philosophie.

Objets offerts par la Scie :
1er Prise. — TH. GAUTHIEH Un pot à tabac.
2e Prix. -— Littké (de l'Inst.) Un san-benito.
1er Accessit. — Taink Une pinte de pale-ale.

2e Accessit. — RENAN (Ern.) Un tjjïfet pour le Miracle des $pses

Eloquence.

1er Prix. — Gambetta (Léon) La photographie de Spuller.

2e Prix. __ Dahirel L'Histoire des croisades, de Michaud

1er Accessit. — GAGNE Un crachoir archi-hygiénique.

2e Accessit. — X.i.. Une pièce de Bordeaux de 1789.

Version grecque.

Prix, ex-œquo. — Arsène et Une cithare et une orgue de Bar-

Poésie.

1er Prix.— CkTHlM Mendès Un bocal de chinois.

2e Prix. — Albert Miixaud Une grosse de mirlitons.

1er Accessit.—.François Coppëe Une serinette jouant l'air de la

Reine Eortense.
2e Accessit. — Gaston Jolivet Le traité de prosodie de Théodore

de Banville.

^Littérature française,

1er Prix. — Saint-Genest Un sabre de gendarme.

2e Prix.— Georges MayRANT Le lard historique de Boulogne.

1er Accessit. — Billion Une grammaire française de Lhc-

mond,
2e Accessit. — Albert ROGAT Une muselière.

Bonne conduite. .

1er Prix.—MlleBer(heLEGRAND La tabatière du grand Frédéric.
2e Prix — Louis Veuillot Une paire de mouchettes.

Urbanité française.

1er Prix.— Paul de Cassagnac Les œuvres de Vaclé.
gePrix,—CoviELLE(déjanommé) Une bouteille de Phénol,

Gymnastique.

Seul Prix. — E. de GlRARDiN Un habit d'arlequin.

Morale.

1er Prix. — Blanche d'ANTiGNY Le Parnasse satyrique.

2e Prix. — Dumas fils) Les œuvres d'Olympe Audouard,

Dessin.

}.er Prix. — Meissonnier Traité sur la retouche en photo-

graphie.
2e Prix.-^Pavis de Chavannes Une bouteille d'huile de foie de

Erudition.

Seul Pv%x.—Sardou(Victorien) Un abonnement au journal le Vo-
leur.

Histoire naturelle.

1er Prix.—Mlle Léon. Leblanc Un ècorché en carton-pâte.

2e Prix.—Mlle Suzanne Lagier Un flacon de vinaigre.

1er Accessit.— Mlle Ad, Page Les Mémoires de Laferrière.

Musique.

1er Prix. — Albert Wolf Une botte de pastilles du Sérail,

2e Prix. — Armand Gobzien La collection delà Gazette de Paris
i er Accès. —* De Villemessant La Vie de sainte Irénèe, vierge et

martyr.

Après la distribution de ces récompenses, Touchatout
s'essuie avec soin le visage, légèrement ensalivé par les
lauréats qui l'ont embrassé. Petermann, domestique de
M, Choufleuri, passe des rafraîchissements sans insister.

Olivier Métra clôt cette petite fête en exécutant sa déli-
cieuse valse sur les motifs de : Allez-vous-en, gens de la
Noce. Gagne bénit l'assemblée. Moloch fait la révérence et
jette tout le monde à la porte.

G. C.

Henry Hodssaye

barie.

LETTRES DE SG&NARELLE

VI

C'est nous qui fessons
Et. qui refossons.

C'est nous qui fessons
Les petits garçous.

Ce refrain populaire de Béranger, je le fredonnais
tout à l'heure - en lisant dans un journal la phrase
suivante ;

« C'est ce qui porte le sage à dire, au père de ne pas crain-
dre do frapper son enfant, s'il est nécessaire, pour le cor-
riger...

« La sainte liberté de mon ministère et la rigoureuse
obligation de prêcher la vérité sur les toits m'autorisent à
protester ici contre cotte absurde doctrine qui a envahi
l'éducation publique et particulière, et qui prétend que les
châtiments corporels doivent être bannis, disant adieu à
tout ce que la sagesse divine et l'espérance des siècles nous
ont appris. »

Qui a écrit ces ligues ?

Quelque Russe, un défenseur du régime du knout,
ou quelque Anglais apologiste de la schelague.

Non, c'est un archevêque français , un cardinal
romain, Mgr *'* de Bezançon.

Je ne sais si les pères et mères auxquels s'adres-
sent cette homélie suivront le précepte de ce saint
homme.

Il me semble qu'il leur est difficile de protester;
Monseigneur a parlé, il faut se conformer à l'inspira-
tion qu'il a reçue d'en haut.

Le saint Esprit doit certainement être quelque
chose dans cette affaire.

Après tout, quoi de plus logique ?

Le saint archevêque nous enseigne que les peines
corporelles sont les seules efficaces, et qu'elles seules
ont reçues la sanction divine..

De tout temps, elles firent partie de l'enseigna
ment du clergé.

L'enfer est un châtiment entièrement charnel.

Les méchants., d'après nos pères de l'Église, sero»
rôtis dans la Géhenne comme de simples saucisses,
nous devons être cuits et recuits, nous autres, pe'
cheurs, pendant toute l'éternité.

La lettre des Ecritures nous, le prédit.

Lazare s'est même donné la peine de ressusciter
pour nous apprendre ce qui nous attendait quaû
l'heure de la vengeance divine aurait sonné.

Je prends dans l'almanach de Bergers de 1633 cW6
curieuse description de l'enfer, sous ce titre :

Peines d'enfer pour les pêcheurs telles que le Laza^
(après qu'il fut ressuscité) dit avoir vues bailler et qu %
apparaît dans les figures suivantes ;

Voici quelques légendes de ces images terribles.

« J'ai vu des roues, en enfer, très hautes, situées su
une montagne en la manière de moulins continuellemeI1
en impétuosité, lesquelles vous avaient des crampons *'
fer où étaient les orgueilleux et les orgueilleuses, pendu
et attachés. »

« J'ai vu un fleuve engelé auquel les envieux et les en'
vieuses étaient plongés jusqu'au nombril, et pardessu
frappait un vent horriblement froid. »

« J'ai vu en une vallée un fleuve très puant au riva»
duquel était une table avec bouillons deshonnêtes, où Ie
gloutons et les gloutones étaient repus de crapauds et au'
très bêtes venimeuses, et abreuvés de l'eau dudit fleuve. '

Notre saint cardinal a donc ra4pon quand il déclai*e
que les peines corporelles ont toujours fait partie de
l'enseignement de l'Église.

Pères de famille, trempez vos verges dans Ie
vinaigre; bas les culottes, moutards.

SGANARELLE.

^*V

D'après son dernier bilan, la banque de Monaco vie0
d'encaisser trois millions de bénéfices.

Je ne veux pas, en citant ce chiffre, faire le Caton, fll
lancer des dithyrambes contre la passion du jeu, chacu11
est libre de dépenser son argent comme il lui plaît. Fair"
courir des chevaux ou engraisser le double zéro à la roW
lette, c'est toujours consacrer une partie de sa fortune alî
dieu Hasard. Mais, en voyant ce bénéfice réalisé par le Ca'
sino de Monaco, je ne puis m'empêcher de penser à t°°
ce qu'un semblable revenu pourrait produire en France
si, comme les habitants d'outre-Rhin ou l'autre côté d»
Jura, nous avions nos Casinos. C'est une simple réflexi°n
que je livre aux calculs des hommes eompétants.

Barrère disait que Paris n'est et ne sera jamais 1°e
la grande auberge de l'Europe.

C'est pour cette raison qu'il serait peut-être utile d 1
créer les distractions que vont chercher les étrangers ail'
leurs.

On joue partout ; dans les cercles, les estaminets et Ie
tripots, il ne serait pas inutile de créer la moralité "■
jeu.

A d'autres époques, cette théorie a prévalu, et les caiâS6
de l'Etat en ont quelque peu profité.

Ne voulant entrer dans le cœur de la question, je ter'
minerai par cette phrase d'Henri IV, ce roi qui peni?aI
que Paris valait bien une messe :

« Je donnerai quelque jour à Paris un nouveau blaso*1
et j'y mettrai des dés, une épéeet une cotte de femme- "

Un Joueur.

PARIS-SCIE

Les concours du Conservatoire n'ont pas été brilla11*?
cette année. Le jury, sévère, mais juste, n'a jugé paS a
propos de décerner le premier prix de chant aux jeun**3
concurrents. Il y en avait cependant, des demoiselles biea
fraîches, et plusieurs très jolies.

On voit bien que le président ordinaire de ces petites
fêtes n'est plus là. Le vieux et lubrique Auber est raort-
Aussi, plus de faveurs.

On se souvient que pendant les concours, l'auteur dû
Domino Noir sommeillait comme à une représentation de
l'Ambigu, ce qui n'empêchait pas qu'il savait à qui Je'
cerner ses prix.

Les jurés de cette année avaient résolu, pour ne sul>ir
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