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LA SCIE

Voici un cas singulier de délicatesse littéraire :
" y a près de deax mois, nous avions annoncé dans
e journal la Scie, l'apparition de quelques brochures
Natives à la question aujourd'hui sur le tapis, qu'a
ait naître Y Homme-Femme, de M. Dumas.
Dans cette liste, se trouvait comprise une hrochu-
e ayant pour titre : Ni Homme ni Femme, par wi Au-

>'■<■)

'jnat.

^etté fantaisie était à la veille d'être rïiise sous
Presse; quatid nous avons vu à la vitrine de M. Den-
7-' ^braire, galerie d'Orléans, un petit volli'nie por-
tfint le même titre que le nôtre.

Nous faisons juge M. Dentu lui-même, de ce pro-
cédé nouveau en spéculation de librairie.

Nous voulons bien, pour cette fois, ne pas pousser
affaire plus loin et ne pas réclamer à l'opulent édi-
teur les dommages et intérêts qui nous sent dus.

Mais nous le prions de se tenir dorénavant sur ses
gardes,-car, à l'avenir, nous ferons valoir nos droits,
* Pareil fait se représentait.

A QUI LE TOUR?

ALPHONSE KARR

Presque tout le monde ignore que les Guêpes continuent
à Paraître.

H est vrai que, parfois, dans le Figaro, figurent, comme
!es feuilles sèches d'un arbre, de pâles lignes signées A.
Karr, avec cette annotation : -— Tiré du numéro des
Guêpes, paraissant à Nice; prix, 50 centimes. Ces arti-
cles, d'une faiblesse et d'une pauvreté sans pareilles, font
1,11 remplissage dans le journal.

Je sais que c'est un espèce d'hommage rendu à cet écri-
ra qui, autrefois, passait isour un jeune Cormcnin ou
1111 Timon moderne.

Mais quelle suite de platitudes et de niaiseries ! cher-
6Wt à être caustique, il fait grincer les dents; quand il
Veut être plaisant, il fait pitié.

Alphonse Karr a un passé, sinon glorieux,, du moins
allant; mais, pareils à ces vieux pitres qui ont la nos-
tal«ie des planches, il revient sans cesse, replâtré, fardé,
fadasse, édenté, esquisser quelques grimaces devant le
Public qui lui tourne le dos.

°n se souvient bien d'un Alphonse Karr, tantôt homme
de lettres, parfois matelot et jardinier.

Comme écrivain, il fit quelques romans agréables, dans
lfi mode allemand, entre autres un petit chef-d'œuvre:
s°us les Tilleuls. Il fonda en 1839 les Guêpes, revue men-
suelle, qui frondèrent les travers bourgeois et boutiquiers
[^ son époque. Il pouvait s'en donner à cœur joie, car la
^ûerté et les sujets ne manquaient pas sous le règne du
Père Philippe. C'était pour lui, avant tout, une excellente
sPéculation ; sa critique, quelquefois vive, était surtout
Prudente. Il n'eut pas de ces courages, que posséda plus
tard Rochefort,

En qualité de marin, il découvrit Etretat, qu'il exploita;
Parlez de lui aux Duehemin, braves pécheurs qui existent
eûcore dans ce charmant petit port, ils vous en feront un
siugulier éloge.

Aujourd'hui il est jardinier et marchand de roses, un
kouquet cueilli par Alphonse Karr fait prime. Dans un
temps, il employa même les annonces de la presse pour
faire marcher son petit commerce. Je ne lui en fais pas un
^Proche, mais je remarque que sur ses vieux jours, l'au-
teM'des Guêpes se rapproche de ces pauvres boutiquiers
îa'il a si bien turlupinés autrefois.

Alphonse Karr est, par dessus tout, avide de réclamés;
Pour faire parier dé lui, il avalerait volontiers des sabres
st»r la place publique: Il a passé sa vie à couper la queue
^e son chien. Il y a quelques années, il annonça avec
^acas sa retraité, dans ses parterres de Nice. II devait,
avait-il dit, renoncer à la littérature, à ses pompes et à ses

boires.

Le public ne s'aperçut guère de l'absence de ce turbu-
leut personnage, Karr en prit quelque chagrin, et, de
temps en temps, s'écriait dans les journaux : « Vous sa-
vez ! 11 existe toujours, le fameux Alphonse qui faisait des
uiches aux épiciers, à la façon des Romieu et des Henry
vIonnier, il vend maintenant des violettes et des roses; en
voulez.Y'ous deux ou trois pour vingt francs? »

Voyant que le public ne mordait pas, il endossa sa hou-
Pelande de velours noir, se fit raser la tête et laissa pousser
8a barbe comme un moine ou un photographe.

H reprit enfin la plume. Hélas ! voulant recommencer
!«s feux d'artifice de sa jeunesse, il ne parvint qu'à allumer
quelques fusées.

Que va-t-il faire maintenant, la queue de son chien

n'est pas repoussée? HoMO-

LES THEATRES

Le concert Tivoli a ouvert ses portes après avoir réparé sa
charmante petite salle.

La nouvelle direction en est revenue à l'ancien genre des ca-
fés-concerts, et a fait débuter une nouvelle troupe composée de
ténors en herbe, de vieux barytons et basses-tailles échappés des
théâtres provinciaux.

Il ne faut pas être trop exigeant pour un début; mais cepen-
dant, qu'on-nous permette de dire que ce genre démodé a besoin
d'être rajeuni par quelques sayiiettes ou opérettes nouvelles. Le
concert Tivoli qui, autrefois, a eu l'audace de monter, sur une
scène grande comme un mouchoir de poche, des opéras comme la
Favorite et Lucie, nous a habitués à être difficiles.

De la nouveauté et pas de duos avec des zouaves mélancoli-
ques; les recettes tomberont dans la caisse comme la manne du
ciel.

C'est le comique Michel qui a remplacé Grenier dans
de Rabugas.
Cela vous est indifférent, à moi aussi,

rôle

M. Paul Deshayes a payé la claque infligée à M, Capelli cent
francs d'amende.

De plus, le tribunal a octroyé au martyr cent francs de dom-
mages et intérêts.

Voici une giroflée qui vaut cher la feuille.

MM. Dennery et Plouvier ont lu, à l'Ambigu, qui appartient
toujours à M. Billion, par parenthèse, leur drame, le Cente-
naire.

L'ex-priuce de Monaco, Lafont, créera le rôle principal; tant
mieux! cela rajeunira ce vieil automate.

Capoul entre au Théâtre-Italien avec des appointements de
40,000 fr. par trimestre.

Il débutera sous le nom de .// sighor Capouliui. C'est décidé
ment lucratif d'opter pour la nationalité italienne.

Réouvertures sur toute la ligne :
Aux- Menus-Plaisirs,.les Contas de Perrault;
A Cluny, Richard d'Arlington;
Au Ghâteau-d'Eau, spectacle varié;
A l'Odéon, début do M. Duquesnel;
Aux Folies-Dramatiques, Âlàzeppa, avec Mme Tlnerret;
Aux Folies-Mariguy, rentrée de la direction Garnier;
Aux Folies-Nouvelles, continuation de la lutte à main plate en-
tre M. Daiglemont et la Société des Auteurs dramatiques.

Au théâtre des Fantaisies, la petite Z**" disait au foyer :
~- Mon amant est plein de prévenances, d'abord i! m'estime.
— Combien? reprit une malicieuse camarade.

Furet.

PARIS-SCIE

Voici une véritable nouvelle à sensation : le Père
Hyacinthe se marie, non pas celui du Palais-Royal ,
l'autre.

Sa lettre de faire part à l'Europe étonnée est une œuvre
colossale ; afin de prouver qu'il avait le droit, comme le
premier emballeur Venu, d'allumer le flambeau de l'hymé-
née, il a remué les textes à la pelle ; il a compulsé saint
Paul, saint Mathieu, Tertulien et autres Pères de l'Église,
et en a fait autant de complices de. cet acte naturel qui
donne à hurler aux journaux imprégnés d'eau bénite.

M. Loyson tranche à son profit la question du célibat
des prêtres ; après avoir longtemps parlé dans le désert,
aujourd'hui il prêche d'exemple.

Peut-être aura-t-11 lu, pour arriver à cette suprême dé-
termination , les brochures à succès , de M. Dumas et
consorts.

Le Père Hyacinthe, qui est un homme pratique, se porté
sur le terrain de l'expérience.

Que les chaînes du mariage lui soient légères !

J'ignore encore quel genre d'excommunication est réser-
vée au célèbre dominicain, qui a jeté son froc aux orties;
mais rien n'est comique comme la colère de l'Union :

« M. Hyacinthe sort du sanctuaire en prétondant recon-
quérir ses droits d'homme ; le prêtre révolté porte une
main éhontée sur tous ces trésors de pudeur et d'amour,
qui sont notre bien à tous, époux et pères, et que sa mis-
sion était de bénir.

« Il étale devant nous les rébellions de sa chair; moine
apostat, il devient impudique ; c'est la logique de l'hé-
résie. »

Si le saint écriv ain qui a tracé ces superbes lignes est un
père de famille, comme il le laisse supposer, il parlé, eh ce
cas, du mariage en termes singulièrement cyniques.

Tout cela n'empêchera pas, si parfois la lettre de M.
Loyson tombe entre les mains des jeunes séminaristes, de
ies rendre, j'en suis sûr, ùii peu rêveurs.

La question à l'ordre du jour sur la femme prend une
singulière tournure ; elle en est arrivée à la période
physiologico-médicale.

M. E. de Crirardin, en réponse aux nombreuses objec-
tions qui ont été faites à ses théories, vient de lancer dans
la circulation une nouvelle brochure intitulée ;

Les gales de son fils.

Je sens déjà les démangeaisons qui commencent.

Je serais d'avis que bientôt on mît fin à ces discussions
insipides et éternelles; et je proposerais, comme coda,
cette épigraphe de Chamfort :

« L'amour tel qu'il existe dans la société, n'est qu'un
échange de deux fantaisies et le contact de deux épi-
dermes. »

Je cueille dans un journal les deux nouvelles diverses
suivantes :

« Hier matin, vers neuf heures, les sœursB..., Joséphine
et Marie, jeunes personnes de 19 et 21 ans, domiciliées rue
Quincampoix, se sont asphyxiées dans leur mansarde à
l'aide du gaz acide carbonique.

« La veille, ces pauvres jeunes filles, qui luttaient contre
la plus affreuse misère, avaient fait mille démarches in-
fructueuses pour obtenir de l'ouvrage. »

« M. le duc de Montpensier vient d'acheter le château de
Grandval, à Cannes, au prix de 650,000 fr. »

Passons à des sujets plus gais.

Voici une nouvelle qui semble être datée d'un autre
siècle :

« MM. Doroy, ex-lieutenant des zouaves ponttficaux et
le comte d'Audroce, attaché au ministère des affaires
étrangères, vont rejoindre les pèlerins de la Terre-Sainte.»

Je m'imagine voir ces nobles seigneurs en robes à co-
quilles et armés du grand bâton surmonté d'une gourde,
partir comme du temps de saint Louis, pour le Saint Sépul-
cre.

Décidément la lumière se Fait, etnous sommes en pleine
régénération !

Du reste, nous n'avons pas fini avec les pèlerinages, après
la procession sainte à la Salette, voici le pèlerinage à
Notre-Dame-des-Anges.

Ce pieux rendez-vous est à deux pas de la capitale, au
bord de la forêt de Bondy. Il y a aussi une fontaine mira-
culeuse qui guérit tous les maux, comme la plus douce
des Revalescières, naturellement.

Mais il paraîtrait que, cette fois, ce saint pèlerinage n'a
d'autre but que de faire un plantureux déjeuner sur
l'herbe.

Ce sanctuaire est décidément trop près de Paris.

Après avoir passé la revue dès chiffonniers, M. le pré-
fet de police va faire défiler devant lui tous les marchands
d'habits.

A cette occasion, beaucoup de médailles seront distri-
buées.

Une anecdote do chasse pour finir, c'est de saison.

Une compagnie de chasseurs, arrivaient dernièrement
dans une ferme des environs de Paris, avec cet appétit
colossal que donnent six heures de marche forcée dans la
terre labourée.

On s'adresse à un paysan, pour se procurer quelques
victuailles, celui-ci répond qu'il n'a rien à donner, car
toutes les provisions sont parties le matin pour les Halles.

Après quelques minutes de recherches, on finit par dé-
couvrir des œufs.

— Faites-nous une omelette, dit un des hommes affa-
més.

— J' n'avons pas le temps, il faut que j'allions à la
grange, répond le paysan, avec cette politesse ordinaire à
nos villageois de banlieue; tenez, voici une poêle, allu-
mez le feu. Et il sortit.

La société se mit en devoir de confectionner, tant bien
que mal, le déjeuner.

On casse les œufs, ont met le feu à un fagot; bientôt on
s'aperçut qu'il manquait du beurre.

Nouvelles recherches, mais cette fois, couronnées de
succès. Un chasseur avait découvert une couenne de lard.

L'omelette fut bientôt faite et trouvée excellente. Pen-
dant que les fourchettes marchaient, le paysan était re-
venu de son ouvrage. On le met au courant de la façon
dont on avait improvisé la cuisine, et de quelle manière
on avait beurré les œufs.

Pendant le récit, la figure du paysan avait pris une ex-
pression singulière.

— Qu'avez-vous? lui dit l'un des chasseurs, vous sem-
semblez tout surpris.

Sainte Vierge, s'écria le paysan, vous avez pris le
nombril de cochon avec lequel mon père se frotte ses hé-
moroïdes !

Th. Abel.

Le Propriétaire-Gérant : César Mèbeet.

Paris. — Imp. Turfin et Ad. /uvet 9, cour des Miracles,
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