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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0115
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DECADENCE. i3

Us s'accordent plus généralement à y voir Ulysse se présentant à Pénélope, après l'avoir délivrée de
ses amans indiscrets. La princesse est assise, sans oser, suivant l'expression d'Homère, ni regar-
der, ni interroger sou époux. Pline dit que Zeuxis, en peignant Pénélope, rendit sensibles les
mœurs de cette chaste reine, pinxissç }/wres videlur (a). Il serait impossible d'imaginer un modèle
plus expressif d'une semblable entrevue, et sur-tout d'offrir une composition plus pittoresque et
plus intéressante, avec des moyens si simples, et un si petit nombre de personnages: talent familier
aux artistes anciens, et peu connu des modernes.

Ils savaient aussi, les maîtres de l'antiquité, interdire la licence à leurs pinceaux dans les sujets
mêmes qui semblaient le plus l'autoriser. Dans une danse bachique, représentée sous le N° 14, un
Bacchant donne sur la main de sa danseuse, dont il soutient le bras avec grâce, un baiser que la
décence ne désavoue pas.

Us avaient encore l'art, ces habiles peintres, d'enrichir des leçons de la philosophie la représen-
tation des sujets de la fable. À côté de Narcisse, amoureux de lui-même, et consumant sa vie à
contempler son image dans le miroir des eaux, ils ont peint, N° i5, l'Amour attristé, qui éteint
son flambeau. N'aimer que soi n'est plus amour, et sans amour la vie cesse.

Autre leçon contre l'orgueil: Apollon appuyé sur sa lyre, une palme dans sa main, et tenant
ainsi l'instrument et le symbole de sa victoire, ordonne le supplice de Marsyas, N° 16, tj et 18;
déjà celui-ci est attaché à l'arbre fatal; déjà le Scythe aiguise son couteau. Olympe, élève de Mar-
syas, se jette aux pieds d'Apollon: Ah!faites lui grâce, s'écrie-t-il: le mouvement de ses bras et de
ses mains qu'il élève avec la vivacité de la jeunesse, sans embarras, sans aucun contraste étudié,
' expriment ce cri. Ce n'est pas l'artiste qui a posé cette figure, c'est le sentiment de la douleur: on
sent bien l'élan de celte prière, ah! faites lui grtîce! L'action d'Olympe dirige l'œil vers le dieu
qu'il implore. Qu'elle est majestueuse , à côté de ce beau trépied , la figure du dieu , vainqueur de la
présomption! Voilà donc un modèle accompli d'une action rendue avec simplicité, et d'une vive
expression, opérée avec une rare sobriété de moyens.

Une composition plus riche, et non moins claire malgré sa richesse, achèvera le tableau histo-
rique du st^lc de la peinture antique, que j'ai voulu tracer sur cette planche. Celte peinture, IV G,
une des premières qui aient été connues des modernes, et encore aujourd'hui une des plus in-
téressantes de celles qui sont parvenues jusqu'à nous, est connue sous la dénomination de Nàcc
Aldobrandine, qu'elle a prise de la famille à qui elle appartient, et du palais où elle est conservée
depuis plus de deux cents ans qu'elle a été trouvée sur le mont Esquilin. Cette composition réunît
seule les divers genres de mérite répandus dans celles que je viens de décrire. Unité, expression,
décence, elle renferme tout.

Une jeune mariée, assise sur le bord du lit nuptial, résiste encore à l'invitation d'y entrer. Son
voîle rouge, Jlammeum, ne couvre plus son visage; déjà la ceinture de sa robe blanche est dénouée;
mais elle hésite; tardât ingemuts pudor. La Pronuba, dont la fonction-, chez les anciens, est connue,
et qui se fait reconnaître ici par un habillement moins modeste, emploie pour la décider, des
propos et des caresses, dont l'époux attend le succès dans une attitude qui ne permet pas de douter
de s§n impatience. Des femmes préparent les vases et les parfums nécessaires pour le bain, taudis
que d'autres chantent autour d'un autel, et au son de la lyre: Hymen! 6 hyménée!

La scène est bien disposée. La place assignée à chacun des acteurs principaux, ne laisse aucune
espèce d'incertitude; leurs attitudes manifestent clairement les sentimens qui les animent. D'un
côté, une hésitation égale à l'empressement qui éclate de l'autre. Tout est vrai, naturel; les acces-
soires indispensables, tenus dans nue sorte d'éloigncment, ne dérobent rien à l'attention due au

(.; Pausaniaa rapporte ud iroii qui peint également bien Je carae- a le point abandonner. Au moment où il la vit partie pour; Ithaque, il

'■'■'•.....Ut ifraura de Pénélope (liv. IU, chap. îo). 0 A trente stades .lu a redoubla ta instances, et se mit 0 suivra le char où ullc était mon-

" Sparte, <lii-il, vous trouvez «ne statue <lo h. Pudeur; qui a été |ju>éu « toe. Ulysse, lassé enfin de ces importunités, «lit à sa femme qu'elle
 
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