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Seroux d'Agincourt, Jean Baptiste Louis Georges
Histoire de l'art par les monumens, depuis sa décadence au IVe siècle jusqu'à son renouvellement au XVIe (Band 2): Texte. Sculpture. Peinture. — Paris, 1823

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https://doi.org/10.11588/diglit.1303#0114
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12 PEINTURE.

Si l'on no connaissait pas la hardiesse, fruit du savoir, qui caractérise Je dessin des anciens, si
l'on n'avait vu nulle paît ces traits élégans et purs, qui depuis l'antique ne se sont reproduits
que sous le crayon de Raphaël, on en trouverait ici des exemples, de même que dans les deux
peintures suivantes, et dans celles qui embellissent plusieurs autres vases campaniens.

Quoi de plus simple et de plus agréable que le sujet, emprunté à un de ces vases, et retracé
sous le ND 4? Si l'on surprenait l'Amour avec les Grâces, et qu'on leur demandât: Que faites-vous
ensemble? Ma sœur chante et nous dansons, répondrait l'Amour. C'est ce qu'il semble nous
dire dans cette peinture. Idée, composition, attitudes, tout est naïf et gracieux : on croit voir la
jeune fille qu'Anacréon dépeint dans sa sixième ode, couronnée de roses, et dansant d'un pied
délicat, x*'tfttv<Sa$vçoç \oçtvn. C'était donc par des moyens de même nature, par des formes flexibles
et harmonieuses, que la langue et l'art du dessin, s'exprimaient chez les Grecs, et se prêtaient
mutuellement des images.

La figure marquée du N" 5 danse auprès d'une colonne, emblème le plus antique de tous ceux qui
représentent des divinités. Est-ce Cérès, est-ce l'Amour, que cette col ou ne représente? Est-ce une cou-
ronne de fleurs, une ceinture que la danseuse laisse échapper de ses mains? Je ne sais : la mollesse et
l'abandon de ses mouvemens produit dans l'âme elle-même des idées vagues, si douces, qu'on n'est
pas tenté de les fixer. Telle était la délicate sensibilité des Grecs; tels étaient les motifs toujours
enchanteurs de leur poésie, de leur musique et de leur peinture. Tout art dont les inventions ne
font pas, comme celles-ci, naître des pensées ou éprouver quelque émotion, est loin de la nature.

Toutes les convenances, que prescrit un sujet noble, soit de la fable, soit de l'histoire, relati-
vement aux personnages et â l'action, sont observées dans la peinture que nous donnons sous le
ïs° io. Elle représente (Thésée, vainqueur du Minotaure, recevant les hommages de la reconnais-
sance des jeunes Athéniens. Une taille plus qu'héroïque a dû l'aire placer ce personnage principal
au milieu du tableau; sa pose présente la tranquillité de l'homme fort, et la majesté du héros. Lc&,_
attitudes variées et vives des victimes qu'il a délivrées, expriment la gratitude touchante qui est
propre à la jeunesse. Le monstre qu'Ovide dépeint par ces mots, Scmtbovemque viritm, semîvi-
rumque bovem, étendu aux pieds du vainqueur, caractérise l'action, et en rappelle les causes:
Vcnc.ris monument a nefhnâœ. Ce tableau est un modèle d'invention et d'ordonnance, et si je ne
me trompe, il doit être regardé comme le meilleur de tous ceux qui ont été retirés des ruines
trouvées dans les environs d'Ilereuianum. Je lai vu encore assez frais pour y reconnaître le mé-
rite de l'expression, et pour y admirer même celui du coloris, plus rare dans les autres.

Les Heures nourrissaient les chevaux du Soleil; les Grâces et les Nymphes soignaient ccui
de l'Aurore; Pégase avait fait jaillir sous ses pieds la fontaine d'Hvppocrène. Que ce soit un des
premiers, ou que ce soit Pégase, que la Peinture et la Poésie, arts auxquels ils étaient tous égale-
ment chers, nous aient représenté ici ,lVn, paré, caressé de la main des Nayades, cet hommage
de leur reconnaissance est aussi ingénieux, que la composition est gracieuse et riante: et l'idée
de placer celle image dans le tombeau des Nasons, près de l'ombre errante du poète qui chanta
le plus tendrement l'amour, rend encore cette invention plus poétique et plus intéressante.

La naïveté des attitudes et la grâce naturelle des figures, conformes à la simplicité du sujet,
répandent dans la composition, N° i>., un charme qui semble ne pouvoir èlre surpassé: ce qui
prouve qu'en imitant seulement la nature bien choisie dans ses instans, et parmi celles de ses pro-
ductions les plus capables de plaire, l'Art est toujours sûr du succès. Le jeu des osselets, tel qu'il
est ici représenté, est encore en usage parmi les jeunes filles, et offre souvent des scènes aussi
agréables. Celle-ci. est peinte sur un marbre; la peinture est monochrome, ou, suivant l'expression
moderne, en camayeu. Le peintre Alexandre y a trace son nom et ceux des cinq jeunes filles- Cri
derniers sont puisés dans la fable et dans l'histoire; tous les arts les ont illustrés: ce sont Latoiie,
Niobé, Phébé, Haïra et Aglaé, la plus jeune des Grâces.

On peut voir, dans les explications des peintures trouvées à Herculanum, les différens sujets f["e
Jes savans auteurs de cet ouvrage croient pouvoir reconnaître dans le tableau gravé sous le N* **
 
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